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10/16

Élections en Iran. La présentation des résultats par la presse internationale (et nationale) me semble assez malvenue. Le clivage entre "gauche" réformiste (sous-entendu : pro-Occidentale) et "droite" conservatrice (sous-entendu : anti-occidental) ne me semble pas traduire la réalité politique. On a eu ainsi l’assimilation de "conservateurs pragmatiques" au "camp du progrès", c'est-à-dire aux réformistes. Les choses sont évidemment beaucoup plus nuancées, conformément à la tradition politique iranienne faite d'arrangements et de nuances orientales. J'en retiens quant à moi : le sentiment unanime d'un Iran menant une voie nationale propre; un assentiment global à la ligne du président Rouhani; un recentrage des équilibres, avec l'affaiblissement des deux extrêmes. Le plus intéressant réside probablement dans le Conseil des experts (beaucoup plus que dans l'assemblée législative) qui sera amené à désigner le futur "guide" qui succèdera à Khameney. Constatons enfin que celui-ci s'accommode fort bien des résultats. Autrement dit, les choses sont bien plus subtiles que les grands titres nous les ont décrites.

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Pensées fugaces

Brésil : le scandale Pétrobras n'a pas seulement plongé la popularité de Dilma Roussef à des profondeurs hollandaises, voici qu'il touche désormais le président Lula, ex président, ex chef emblématique du Parti des Travailleurs. On s'amusera d'ailleurs de voir la grande presse soutenir quelqu'un qui continue d'afficher une étoile rouge au revers de son veston. Mais le Brésil s'enfonce dans une crise qui n'est pas simplement due au ralentissement mondial, mais au moins pour une moitié à de mauvaises décision intérieures. Le Brésil semble donc revenu à son éternel statut de "grande puissance de demain".

Libye : les choses se précisent peu à peu : les services spéciaux français, britanniques, américains et italiens sont de plus en plus présents en Libye, tandis qu'on apprenait qu'une coordination opérationnelle se mettait en place en Italie. Bref, on avance progressivement vers une intervention militaire, plus ou moins directe. On espère obtenir l'aval d'un gouvernement d'unité nationale (GUN), histoire d'avoir un soupçon de légitimité. On ne voit pas qu'au contraire, tout GUN qui signera un tel accord avec la communauté internationale signera ipso facto son propre arrêt de mort (au moins politique) tant cette intervention compliquerait les choses que nous croyons résoudre. Beaucoup d'acteurs de la région nous disent le contraire (Algérie, Tunisie) et pourtant, le spectre de l’État Islamique nous fait négliger le reste, celui de l'avenir de la Libye. Or, rien ne dit qu'une intervention serait réellement efficace pour contrer l'EI et ne déclencherait pas au contraire une formidable publicité; de plus, négliger l'arrière-plan politique revient à renouer avec les improbables recettes qui ont suivi la campagne de 2011. Aussi ne peut-on conseiller que de rester le plus possible "en dessous des radars". Les actions clandestines suffisent, quelques frappes de drones aussi (tout comme celles qui opèrent au Pakistan ou au Yémen). Pour s'en convaincre, on lira cet excellent article de la revue Orient XXI.

Syrie: comme prévu, la trêve s'étiole doucement. En fait, je suis surpris qu'elle ait eu assez d'effets les premiers jours. De "petite violation" en "petite violation", les choses vont reprendre leur cours habituel. Je constate que le régime appuyé par les Russes en profite pour mener des actions contre l'EI : on le signale dans les faubourgs de Palmyre ou près de Rakka.

Armes au Liban (contrat Donas) : Récapitulons. L'Arabie Saoudite est déçue que le Liban soit tenu en otage par le Hezbollah. DU coup, n'ayant plus confiance en l’État libanais (donc en son armée), elle refuse de transférer les armes du contrat Donas (elle paye, la France fournit, le Liban reçoit). Du coup, l'Iran annonce de l'aide au Liban ce qui mécaniquement renforce la position du Hezbollah au pays du cèdre. La France appelle Riyad en disant "ben le contrat?". Alors Riyad répond qu'il l'honore mais les armes, vous nous les livrez à nous. Après, une fois qu'ils en sont propriétaires, ils peuvent en faire ce qu'ils veulent. Les garder pour eux (par exemple au Yémen) ou les donner à qui ils veulent. Là, je n'ai pas beaucoup d'idées.

Primaires américaines : Donc, Trump. Beaucoup s'en offusquent mais surtout les membres de l'establishment. Mais si ça les forçait à faire de la vraie politique, celle qu'attendent les électeurs... En plus, la campagne en cours pétarde le règne de l'argent et là, Trump est roboratif, au moins autant que Sanders. Il reste que Clinton, qui a le plus gros soutien financier des PACs et qui fait indubitablement partie de l'establishment, devrait gagner à la fin.

On apprend que Bernard Debré est nommé président du Conseil Supérieur des Archives. Comme si après neuf ans de conseil constitutionnel et vingt-cinq ans de députation, il avait encore besoin de postes et de voiture de fonction. Cela est désolant, même si le gars peut être sympathique, malgré ses leçons de morales données si régulièrement.

De la dernière lettre d'Hélène Nouailles (La lettre de Léosthène, le 5 mars 2016, n° 1094/2016, Douzième année, bihebdomadaire. Abonnement 390 euros. http://www.leosthene.com) : "« Le Bangladesh pourrait abandonner l’Islam en tant que religion officielle après une succession d’attentats contre des personnes pratiquant une autre religion. La Cour suprême de cette nation d’Asie du Sud a commencé d’entendre les raisons qui peuvent remettre en cause le statut de l’Islam comme religion d’Etat. Une décision prise après une recrudescence d’agressions commises contre des hindous, des chrétiens et des minorités chiites, attribuées à des islamistes extrémistes » annonçait Daily Mail britannique le 2 mars dernier. Raisons présentées, précise Hicham Oulmouddane pour Le Desk online marocain, par « des intellectuels, d’anciens juges et des militants de la société civile qui contestent la constitutionnalité de l’Islam en tant que religion d’Etat (…). Pour rappel, L’islam est la religion de l’Etat au Bangladesh depuis 1988, suite à un amendement imposé par la junte militaire », alors au pouvoir. « Le pays (148 millions d’habitants) ne compte pas moins de 135 millions de musulmans, représentant 90% de la population ». « C’était », confiait en 2006 un frère de la communauté chrétienne de Taizé qui vit dans le pays depuis plus de trente ans, « une indépendance non pas pour des questions religieuses ou territoriales, mais linguistiques. La guerre d’indépendance a été faite pour affirmer le droit de parler bengalais et non l’urdu qu’on voulait imposer comme langue nationale. Le nationalisme bengalais est basé sur la langue. Trois ans après la fin de la guerre d’indépendance, le pays était officiellement laïc, la langue jouait le rôle d’unificateur du pays. L’islam était là mais n’apparaissait pas de façon publique ». Merci pour cette petite géopolitique du Bengladesh mais aussi pour l'info.

Parutions

Sous la direction du général Benoît Durieux, La guerre par ceux qui la font, Stratégie et incertitude, éditions du Rocher, Parution : 17 mars 2016, 366 pages 22,00€. Ils sont pilotes de combat, officiers des forces spéciales ou commandants de sous-marin nucléaire. Ils sont Français, Allemand, Britannique ou Italien. Depuis vingt ans, ils ont été engagés en opérations extérieures en Afrique, en Afghanistan, dans les Balkans ou en Irak à la tête de régiments de légion étrangère, de parachutistes, d'artillerie ou de logistique ; ils ont commandé les frégates les plus modernes au large de la Libye et de la Syrie ou survolé des territoires de guerre en Asie, en Afrique et en Europe à bord d'avions de guerre électronique. Durant ces opérations, ils ont connu la réalité de la guerre et constaté son évolution. Ils ont choisi de prendre le temps de réfléchir à leur métier, pour éclairer les évolutions toujours incertaines de la scène stratégique et analyser les défis de demain. Entre Européens, ils ont comparé leurs approches. Dans cet ouvrage, ils livrent leurs réflexions, leurs interrogations, leurs convictions. L'insistance mise sur l'asymétrie n'est-elle pas le symptôme de notre impuissance à penser le monde d'aujourd'hui ? Sommes-nous plus qu'hier menacés par la surprise stratégique ? Le réchauffement climatique se traduira-t-il par la guerre en Arctique ? La stratégie de Daech est-elle si nouvelle ? La technologie est-elle dépassée ? Les opérations militaires seront-elles toujours plus légères ? Quels sont les rapports entre les pillards du désert et les vedettes rapides des puissances émergentes ? Ce sont ces questions et bien d'autres qui trouvent ici un éclairage saisissant, et les réponses qui sont proposées dessinent un monde incertain, mais sur lequel nous pourrons agir dès lors que nous ferons l'effort de le penser.

La réprobation de l’Allemagne ou les vraies raisons du nouveau ressentiment anti-allemand Quel avenir pour l'Europe? Arno Münster Questionner l'Europe. Le nazisme et ses horreurs sont-ils la vraie raison de la présence persistante, dans la mémoire collective française, de la germanophobie, ce sentiment de rejet anti-germanique ? Quelles sont les raisons profondes de la renaissance, ces dernières années et en dépit du processus de construction européenne, d'un ressentiment anti-allemand, partagé par des secteurs de plus en plus larges de la société française ? Pourquoi une partie de la gauche radicale est-elle devenue germanophobe ? C'est à ce questionnement que ce livre, écrit par un philosophe franco-allemand, tente de trouver une réponse.

Le n°78 de la revue Géoéconomie vient de paraître. Apartés France-Allemagne : des différences qui sont autant de forces | Guy Maugis La politique comme art de mener le changement | Robin Rivaton Mondialisation, communication globale et création de valeur | Michel Gardel Globalisation et dialogue interreligieux | Alain Boyer Village global Géoéconomie du proto-État dirigé par Daech | Vincent Piolet Situation et perspectives de l'économie russe | Eugène Berg Management et éthos méditerranéen | Soufyane Frimousse L'Accord de Paris : un tournant décisif dans la lutte contre le changement climatique ? | Jean-Paul Marechal Horizons "Gastronomie & Diplomatie" De la gastronomie française comme point d'ancrage des relations internationales | Paul Bocuse La gastronomie dans les relations internationales | Philippe Faure & Jean-Claude Ribaut Un monde Champagne ! | Clovis Taittinger Quelques enjeux de l'inscription du patrimoine alimentaire à l'Unesco | Julia Csergo

Politique étrangère, n°1, printemps 2016 : Migrations en Afrique : un regard neuf - Le retour de la question allemande ?.

Articles, sites et liens

Culture

Vous connaissez comme moi le tarama, cette espèce de caviar grec, rose et trop salé. Sympa mais industriel et finalement décevant, même si ça rappelle les souvenirs d'enfance. L'autre jour, j'ai goûté un tarama blanc, fait maison. Éblouissant de finesse et de goût, pas salé, impeccable. Introuvable. SI jamais vous en voyez, n'hésitez pas.

Événements

14 mars Lundi de l'IE - Transformation digitale : Evolution ou révolution ? Quels enjeux/impacts pour les entreprises ? de 18h00 à 20h00. Intervenants : Albert Aïdan et Benjamin Haziza, Société DELOITTE & Associés Vanessa Vincent, Experte digitale, David Chouraqui Consultant Une partie du temps sera consacrée aux questions / réponses. Lieu : MEDEF IDF - Salle Pradeau (niveau -1) 10 rue du Débarcadère, 75017 Paris Participation gratuite - Inscription obligatoire (b.laurent(a)medefhautsdeseine.org)

14 mars Le renseignement : planification, stratégie et prospective - Séminaire METIS - saison 17, séance 2. La contre-subversion aux Etats-Unis au XXe siècle. Intervenant : Dr Alexandre RIOS-BORDES. Informations pratiques : Toutes les séances ont lieu de 18h à 19h30 au Centre d'histoire de Sciences Po, Salle du Traité (56 rue Jacob, 75006 Paris). Pour les séminaires accueillant des personnes de Sciences po (doctorants, enseignants, chercheurs) ainsi que pour quelques externes (pas plus de 20 personnes) : inscription obligatoire : groupemetis@gmail.com - Les participants doivent donc se faire connaître vendredi soir au plus tard.

17 mars ANAJ IHEDN L'humour peut-il aider à lutter contre le djihadisme ? Présentation du Trip advisor de la terreur Pierre CONESA Ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense Auteur du Guide du petit djihadiste (Fayard, 2016) Jeudi 17 mars 2016 19h30 à 21h00 Ecole militaire Amphithéâtre Des Vallières. Inscription

23 mars Futuribles, Données personnelles, libertés individuelles et big data. (17h30-19h30) au siège de notre association (47 rue de Babylone, 75007 Paris). Notre table ronde sur « Les données personnelles et les libertés individuelles à l’ère du big data » sera donc logiquement introduite par un exposé de ces travaux par Geoffrey Delcroix, chargé d’études prospectives au sein de l’équipe Innovation, études et prospective de la CNIL et conseiller scientifique de Futuribles International. Comme d’habitude, son intervention sera suivie d’un débat avec l’ensemble des participants puis d’un verre amical. J’espère beaucoup que vous pourrez participer à cette table ronde et vous remercie par avance de bien vouloir nous le confirmer en vous inscrivant en ligne

A. Le Chardon

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