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Atlas des frontières (B. Tertrais)

(Texte paru sur la RDN en e-Recension) , Il n’est plus besoin de présenter Bruno Tertrais, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et spécialiste reconnu du nucléaire. Cela fait quelque temps que l’on observe son désir de s’échapper de cette étiquette et cet ouvrage en est le signe le plus visible : rédiger un atlas, s’intéresser aux frontières, voici un bon moyen de s’évader et de sortir de ses propres frontières intellectuelles.

<em>L’Atlas des frontières</em>

Le lecteur partage cette évasion car elle vient illustrer le traité fondateur rédigé par Michel Foucher il y a près de trente ans, Fronts et frontières qui, le premier, avait montré l’importance de cet objet central de la géopolitique. Depuis, chacun a saisi que malgré les illusions de la guerre froide, la frontière demeurait. Elle peut être invisible parce que son franchissement est aisé au point que beaucoup, notamment en Europe dans l’espace Schengen, sont persuadés qu’elles ont disparu. Évidemment ce n’est pas le cas et le retour à un certain réalisme dans les relations internationales suscite, par voie de conséquence, un intérêt renouvelé aux frontières. C’est pourquoi cet ouvrage est pertinent et vient à temps.

 

Il est divisé en cinq parties de taille inégale. La première, « Frontières en héritage », est assez courte car elle suppose que les faits présentés sont connus du lecteur : qui n’a entendu parler de Sykes-Picot, de Curzon ou de l’éclatement de l’URSS ? La deuxième, courte également, évoque les « Frontières invisibles », souvent aqueuses (fleuves, mers et glaces). La troisième traite des « Murs et migrations ». Sans surprise, elle est la plus longue car finalement la plus actuelle puisqu’elle signale la double évolution contemporaine, celle de la multiplication des migrations et celle de la construction croissante de murs ou, plus exactement, de clôtures. Une brève partie évoque des curiosités frontalières quand la dernière s’intéresse aux frontières en feu (Golan, Jérusalem, Russie, mer de Chine du sud…) là aussi bien connues.

Ce genre d’atlas géopolitique fait face à une difficulté : montrer des choses que tout le monde connaît, au moins un peu, mais qu’on ne peut omettre, et proposer des sujets méconnus, au risque de n’être que des curiosités peu significatives. La gageure est ici tenue et l’atlas est agréable à lire. La cartographie est impeccable, claire et lisible : on regrettera seulement une palette de couleurs qui est de mauvais goût.

B. Tertrais et D. Papin, Atlas des frontières (lien), Éditions Les Arènes, 2016 ; 136 pages.

O. Kempf

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