Voici un article que j'avais publié il y a un an, dans la Nouvelle Revue de Géopolitique. Il me semble opportun de le mettre en ligne car il n'a pas pris trop de rides.
Il y a quelques années, à l’heure où l’on s’interrogeait sur l’hyperpuissance, un jeune auteur présentait un livre remarquable d’intelligence, posant la question « Les Etats-Unis ont-ils besoin d’alliés ? ». Alors, on croyait que la puissance militaire et économique suffisait, même si le terrorisme venait d’apparaître, premier défi à l’hégémon. Presque dix ans plus tard, les conditions ont changé : non seulement de nouveaux challengers apparaissent au travers des émergents, la Chine au premier rang, mais les moyens de la puissance américaine semblent remis en cause : épuisement militaire dans des guerres irrégulières en Irak et en Afghanistan, affaiblissement économique consécutif à la crise de 2008, crise politique multiforme.
Logiquement, devant cet affaiblissement, les Etats-Unis devraient avoir, plus qu’avant, besoin d’alliés : et en premier lieu, ils devraient s’appuyer sur leurs alliés traditionnels, ceux qui ne leur ont jamais fait défaut, ceux de l’Alliance atlantique. Or, ce n’est pas le sentiment qui prévaut à la vue de l’éloignement stratégique entre les deux rives de l’Atlantique. Ce paradoxe apparent mérite d’être analysé pour déterminer s’il ne s’agit que d’une illusion d’optique, ou d’un mouvement plus profond.