Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

A propos de la crise

Juste une interrogation : la crise actuelle révèle-t-elle vraiment un basculement géopolitique vers l'Asie ?

Souvenez-vous, c'était la thèse du temps de la mondialisation triomphante. Au début de la crise, on a même cru que l'Asie serait épargnée, et qu'elle avait une croissance autonome. Maintenant qu'elle est touchée comme nous, et qu'il faut à l'évidence relativiser tous ces discours péremptoires... :

Y a-t-il malgré tout un basculement géopolitique des affaires du monde vers l'Asie ?

Comme je ne sais pas, j'aimerais avoir vos commentaires et réactions.....

O. Kempf

Commentaires

1. Le vendredi 27 mars 2009, 20:56 par

Je serais très prudent. Par ailleurs la crise, si elle a des répercussions sociales importantes, elle est nettement moins sévère qu'on ne le raconte. Au moins à se fier aux statistiques officielles.

Je te laisse deux séries de données :
- France -> http://skeptikos.dremm.net/2009/03/...
- USA -> http://skeptikos.dremm.net/2009/03/...

EGEA : merci

2. Le vendredi 27 mars 2009, 20:56 par

Une réponse succincte de non-géopoliticien...mais le sujet est extrêmement vaste.

En premier lieu, le terme "Asie" me met mal à l'aise. Qu'est-ce qu'il recouvre ? Tout ce qui est à l'Est de la Méditerranée ? L'Asie du Sud-Est ?
1 - Le continent asiatique représente la moitié de l'humanité et recouvre une diversité énorme, de l'Iran au Japon en passant par la Chine, le Pakistan, l'Arabie Saoudite, Israël, l'Inde, le Vietnam, la Thaïlande, les 2 Corée, ou même la Russie Orientale (?) et bien d'autres
De ce simple fait démographique (une illustration parmi d'autres : la Chine compte plus d'ouvriers que l'ensemble des pays du G8) et en accord avec le développement économique, il semble normal que le centre de gravité des affaires du monde s'y déplace. Attention "centre de gravité en Asie" ne signifie pas intrinsèquement que les pays asiatiques soient meneurs du jeu (après tout le Japon, deuxième économie mondiale, est loin d'être la deuxième "puissance"), mais plutôt que c'est autour d'eux que se jouent les principales luttes, qu'ils soient clients, fournisseurs, arbitres...

2 - Sur le front économique, la crise est aujourd'hui globale et touche les pays émergents, fortement immergés dans la mondialisation, à deux titres principaux : le défaut de financement des banques (principalement occidentales) freine leur développement, et la chute de la consommation occidentale, censée absorber une part importante de leur production(particulièrement prégnant en Chine, pour laquelle un des enjeux est le développement de sa demande intérieure), produit une montée du chômage bien supérieure aux effets, en l'absence relative de mécanismes sociaux, bien plus dévastateurs que ce qui peut être observé chez nous. Cependant en valeur absolue le top 10-15 des PIB mondiaux va de plus en plus être occupé par des pays asiatiques (au milieu d'autres puissances émergentes, comme le Brésil ou l'Indonésie). Et inutile de rappeler qu'il y a une douzaine d'années on se demandait si l'Asie du Sud-Est allait se relever de la crise financière de l'époque. De plus on s'étonne de moins en moins de voir des géants asiatiques (principalement chinois et indiens, les Mittal, Tata, Huawei...) prendre le contrôle de fleurons occidentaux. Sans parler des fonds souverains, dont les plus puissants sont bien entendu en Asie.

3 - Ensuite, le jeu des puissances au sein de la méga-sphère asiatique est extrêmement complexe : multiples tensions "locales" et nationalisme exacerbé (jeu des combinaisons : Inde, Pakistan, Iran, Irak, Chine, Corée, Japon...), désirs de leadership local et de puissance globale (on ne parle plus de la Chine, conditionnée depuis quelques temps à l'idée qu'elle sera bientôt n°1) ou du moins d'implication internationale (particulièrement vrai dans le cas du Japon, qui voudrait bien transformer sa force d'auto-défense en vraie armée). Mais les puissances traditionnelles se voient concurrencées sur leurs terrains de jeu, et la création du G20 à l'occasion de la crise actuelle en est l'un des multiples symptômes. De même que l'est l'essor spatial chinois ou indien, ou encore l'assaut mené tout azimut par la Chine sur l'Afrique. On voit là une "fusion" ou du moins une convergence des problématiques économiques, sociales et politiques. Qui risque de s'accentuer autour de sujets comme l'eau, les hydrocarbures ou les matières premières.

En résumé, ce déplacement du centre de gravité me paraît inéluctable, aux dépens des Occidentaux notamment, car les nouveaux géants asiatiques allient, selon des modalités différentes certes, volonté politique de fer et puissance économique. Cependant son rythme peut faire question, dépendant il me semble de l'aptitude de la Chine ou de l'Inde à jouer le rôle de leader sur les problèmes qui se posent aujourd'hui au monde, en dépassant la relation bilatérale avec les Etats-Unis ou la Russie...mais également dans la nécessité de développer, sur tous les sujets, les accords, coopérations et partenariats entre eux et avec leurs voisins.

Désolé pour cette réponse un peu décousue en mode "weekend". Je la reproduis en l'état sur mon propre blog.

EGEA : au contraire, c'est très instructif, merci pour cette longue réponse. Le but étant justement de lancer le débat. Pour le doute sur la notion d'Asie, je suis tout à fait d'accord, je crois avoir écrit en son temps un billet sur le  sujet. Point clef : le rythme plus que la réalité. OK

3. Le vendredi 27 mars 2009, 20:56 par

Comme je termine justement un article sur cette question, je te l'enverrai dès que ce sera fini...ce qui soulèvera encore sans doute plus de questions que de réponses, mais qui aura l'avantage du susciter le débat (j'espère)...
A+

EGEA : j'attends avec impatience.... Mais visiblement, c'est un débat qui suscite des réactions nombreuses.... J'y reviendrai moi aussi.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/128

Fil des commentaires de ce billet