Emblèmes : des tas d'aigles, et un seul coq....

Les pays ont plusieurs moyens de se représenter : un roi, un drapeau, un hymne, une devise, une figure (Guillaume Tell pour les Suisses, le Sénat pour les Romains). Clarisse avait donné une excellente interprétation comparée des drapeaux américain et européen.

Or, cette représentation peut aussi être un animal. Les rois de France, déjà, aimaient se symboliser par un animal (le porc-épic, la salamandre, le dauphin, l'hermine en Bretagne).

1/ Or, je constate qu'un nombre incroyable de pays ont choisi l'aigle comme symbole : l'aigle impériale figure (ou a figuré) aussi, sous différentes formes, dans les armes d'Autriche, de Russie, de Prusse, de Pologne, de Sicile, d'Espagne, de Sardaigne, etc.; l'Autriche, la Russie et la Prusse portaient l'aigle à deux têtes.

2/ Mais ce n'est pas spécifique à l'Europe. Les États-Unis ont choisi une sorte d'aigle, le pygargue à tête blanche. On trouve l'aigle dans les pays arabes (Égypte, Irak) en référence à l'aigle de Saladin, au Mexique, en Namibie, ....

3/ L'aigle a plusieurs références antiques : Saint-Jean l'évangéliste est nommé l'aigle de Patmos. Mais ce sont surtout, les légions romaines qui choisirent l'aigle. Ce symbole de domination militaire et impériale explique que les chevaliers teutoniques l'aient repris, ainsi que tous les empires européens : le SERG, les empires déjà évoqués, mais aussi notre Napoléon national (qui choisit simultanément, à l'intérieur, l'abeille).

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4/ Devant ce ciel aussi incroyablement encombré d'aigles orgueilleux, dominateurs et rapaces, il est amusant de noter que seule la France a choisi un oiseau qui ne vole pas, mais qui chante, le coq. Amusant puisque le symbole date d'un jeu de mot romain (gallus veut dire Gaulois et coq), voire anglais au milieu du moyen-âge. Évoqué dès la Révolution, le coq a eu de succès sous la Restauration et au XIX° siècle. A la fois religieux (compagnon du Christ, il dit le plus tôt la lumière qui arrive, et donc la vérité et la justice, d'où sa présence au faîte des clochers), il est également laïque (sous la IIIème République. Il est aujourd'hui un peu délaissé, sauf dans les rencontres sportives.

5/ Le coq ne vole pas, et il trône sur un tas de fumier. Mais il chante fort et réveille tout le monde. Manière de marquer une différence, un discours autonome au monde, et peut-être la seule exception française. Le fait qu'il appartienne moins à l'imaginaire collectif est peut-être le signe de la disparition de cette exception....

Références

O. Kempf

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