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Défense, dissuasion et sécurité

Autrefois, on disait qu'à cause de la dissuasion, il n'y avait plus besoin de défense. L'une annihilait l'autre, la rendait inutile. Il a fallu tout l'effort doctrinal pour démontrer que la dissuasion nécessitait une possibilité d'escalade, pour éviter le tout ou rien : même si le risque était qu'avec la possibilité de l'escalade, on ne s'y engageât vraiment.

Aujourd'hui, j'ai le sentiment qu'avec la notion de sécurité, il n'y ait la tentation d'annihiler à nouveau la défense. Tout d'abord parce que ça coûte cher, et qu'on voit mal pourquoi on paierait cette police d'assurance contre un risque jugé faible. Or, la notion (je ne parle pas du concept, car il n'a pas été défini de façon convaincante) la notion de sécurité, construite justement pour actualiser la défense et la relégitimer, risque au fond de la vider de son sens : quelle différence entre défense et sécurité ?

C'est pourquoi on a affirmé une volonté de couplage entre la guerre en Afghanistan et cette notion de sécurité, selon le syllogisme suivant : en Afghanistan, on combat les terroristes ; or, les terroristes constituent le plus grand risque actuel, y compris dans nos frontières. Donc, en les combattant au loin, on assure notre sécurité au près.

A un niveau plus conceptuel, comme on ne voit pas très bien ce que signifie vraiment la notion de "sécurité", les militaires débroussaillent la notion de "guerre au milieu des populations". Le mot clef est ici "guerre", bien sûr.

Il reste alors quelque chose de gênant : on a du mal à lier la "sécurité intérieure", la guerre "au milieu des populations", la guerre conventionnelle "qui peut, sait-on jamais, revenir", et la dissuasion. Ceci motive le silence français actuel autour du débat nucléaire, relancé pourtant par B. Obama, et que MM. Rocard et Juppé ont voulu évoquer l'autre jour.

O. Kempf

Commentaires

1. Le vendredi 23 octobre 2009, 22:15 par

Le risque de conflit est faible ; la conséquence éventuelle de la réalisation du risque est par contre immense ! C'est tout le problème des risques très faibles mais dont la réalisation comporte un impact très important. Difficile de débloquer des moyens importants pour un risque très faible ; beaucoup préférent prtir du principe que le risque n'est pas faible, mais nul, et donc exclure complétement la survenue du risque. Mais, les mathématiques sont têtus : 0,0001 est différent de 0.

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