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Finances de l'Otan

On croyait que l'alliance atlantique avait deux préoccupations principales : une, qui s'appelle l'Afghanistan ; l'autre, qui s'appelle le concept (dont un deuxième séminaire vient de se tenir ce week-end). Or, une préoccupation financière est en train de prendre le pas sur les deux autres, et risque de pousser à prendre des décisions lourdes de conséquences, notamment sur le deux premières.

La presse en a parlé, et comme à l'habitude dès qu'il s'agit d'Otan, uniquement sous l'angle français. Ainsi, le "mamouth" (je n'y peux rien : il a intitulé son blog avec un seul "m" à mammouth !) explique que ça coûtera 650 M Euros, ce que relaye Nathalie Guibert dans le Monde, qui élargit heureusement le débat.

Toutefois, un article dans Jane's defense weekly, du début du mois, avait été plus précis. Je ne peux le reproduire ici.

Qu'en retenir ?

Que l'alliance fonctionne encore sur un système budgétaro-financier d'un autre âge :

  • parce qu'elle obéit encore à un système de besoins (la fin justifie les moyens) et non une logique de ressources (les moyens sont comptés et nécessitent un emploi mesuré et une priorisation des besoins)
  • parce qu'il s'agit d'un système classique d'autorisation budgétaire et de contrôle de régularité, très adapté à des situations à peu près statiques mais pas au dynamisme du monde contemporain ;
  • parce que l'alliance a du mal à séparer ses dépenses "corporate" (pour faire simple, de structure) des dépenses contingentes (pour faire simple, des opérations). Les vieux principes du "cost lie where they fall" ne sont pas adaptés au financement commun des besoins actuels (infrastructures, matériels ou opérations)
  • parce que l'alliance ne sait pas prévoir les conséquences des mesures adoptées. A titre d'exemple, personne n'a évalué combien coûteraient à l'alliance les conséquences des directives Mc Chrystal.... D'une façon plus générale il n'y a aucune évaluation financière des décisions, sans même parler de recherche de performance, comme on peut la connaître en France.

Or, la pression budgétaire actuelle risque de pousser à prendre des décisions radicales, alors même que les travaux préparatoires du concept ont à peine débuté : en clair, passer auxconclusions sans élaborer les raisonnements qui amènent telle ou telle décision.

Il y a donc un grand besoin de modernisation financière. Cela passe par des principes de gouvernance et de pilotage. Et curieusement, la France a beaucoup à apporter à l'alliance, puisqu'elle dispose de beaucoup d'expérience :

  • en matière de programmation pluriannuelle et de priorisation des besoins capacitaires, grâce aux LPM
  • en matière de gestion annuelle, grâce au système de la LOLF

Souhaitons seulement que le futur concept n'amène pas seulement à broder des perles sur un beau collier de vagues principes, mais suscitent une réflexion réformiste qui s'intéresse, aussi, à ces questions financières.

O. Kempf

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