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DOM-COM :quelques réflexions

Le référendum de ce week-end, aux Antilles, sur le statut (si j'ai bien compris la nature de la question, car cela a l'air beaucoup plus compliqué, du style "si vous votez non, alors on revote dans quinze jours pour que vous ayez le droit de refuser à nouveau le statut que vous avez déjà refusé il y a treize mois, sans préjuger des négociations en cours....") ramène l'attention sur les DOM-COM (voir billet d'il y a presqu'un an)... Ceci conduit à des remarques plus générales, puisque la possible cristallisation n'a pas eu lieu.

carte_dom_com.jpg

1/ Il est amusant de constater que...

les DOM-COM sont issus des plus vieilles colonies, celle du premier empire français, de l'ancien régime : comme si tout ce qui avait été acquis au cours du XIX ° siècle n'avait pas assimilé le discours qui le justifiait alors : celui de la mission civilisatrice de la France. Sous l'ancien régime, on ne s'embarrassait pas de tels prétextes, on colonisait pour le profit (on lira par exemple les pages de M. de Vauban, du temps de Louis XIV, qui prônait la colonisation aux seules fins de la richesse - donc de la puissance - du royaume). Et pourtant, les colonies de l'époque sont celles qui sont devenus les plus françaises. Et celles qu'on voulait civiliser sont toutes devenues indépendantes (je dois certainement oublier des exceptions, mineures : Mayotte, et puis... quoi d'autre ?).

2/ Le référendum de ce week-end ne dit pas autre chose : l'indépendance ne rassemble pas, en l'état actuel des choses, la majorité des souhaits. D'une part à cause de l'histoire (plus de deux cents ans ensemble), d'autre part à cause de la stabilité (la comparaison avec le contre exemple haïtien amène beaucoup de mesure à toutes les excitations), enfin des transferts financiers de la métropole vers les DOM-COM (même si la redistribution, sur place, de ces transferts financiers est problématique)..

3/ Toutefois, cette situation pourrait ne pas durer éternellement : à cause de la situation ilienne ou extra continentale (cas de la Guyane) : c'est-à-à-dire, concrètement, de la distance ; à cause aussi de la langue qui, peu à peu, s'éloigne (d'où l'importance des efforts d'enseignement en français); à cause enfin de la mondialisation qui porte à l'autonomie croissante de chaque territoire "géographiquement" autonome. Mais entre le court terme, où l'indépendance est peu probable, et le très long terme, où il n'en est pas forcément de même, il y a une plage imprécise où l'action politique des uns (Paris) et des autres (les domiens) sera essentielle pour une vie harmonieuse. Au point qu'on s'aperçoive, finalement, que la géographie n'est pas tout en géopolitique, et que l'histoire a aussi son rôle. Et qu'une nation est le souvenir des grandes choses faites ensemble et la volonté d'en réaliser de nouvelles.

Renan nous rappelant ainsi qu'il n'y a jamais de déterminisme.....

O. Kempf

Commentaires

1. Le samedi 9 janvier 2010, 21:53 par Richi

En géopolitique la géographie et l'histoire "objectives" cèdent souvent le pas à la territorialité et aux représentations plus "subjectives"

Truisme... certes.

Cordialement

EGEA : il faut parfois enfoncer des portes ouvertes, car ce qui est ouvert à l'un est fermé à l'autre (tiens, ça sonne comme un aphorisme de Sun Tzé).

2. Le samedi 9 janvier 2010, 21:53 par yves cadiou

Parmi les colonies françaises d'Ancien Régime, deux (sauf omission) sont devenues indépendantes : la Louisiane et le Canada. Après être passées aux mains des Anglais et des Espagnols, il est vrai.

Pour la Martinique, vous citez le contre-exemple haïtien. Pour la Guyane, il existe d'un côté le contre exemple surinamien et de l'autre côté la "menace" brésilienne, perceptible sous la forme d'une immigration clandestine et travailleuse.
Enfin, il faut noter que l'indépendantisme militant a fortement régressé ces dernières années à mesure que les intéressés comprenaient qu'ils risquaient d'être pris au mot compte tenu de la situation budgétaire difficile de la Métropole.

EGEA: les résultats du référendum sont limpides : il y a un modèle "mahorais" d'attachement à la métropole....

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