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Journaux à succès

Un correspondant me pose cette question : "Par curiosité: pourquoi n'intervenez-vous pas dans des journaux ? " Question intéressante, passionnante, et qui mérite quelques détours supplémentaires à la brève réponse qui je lui ai faite.

source de ce média de masse

Les quelques arguments qui me sont venus immédiatement à l'esprit : 1/ Parce qu'ils ne me le demandent pas 2/ Parce que je ne leur propose pas 3/ Parce que le format blog me convient pour l'instant 4/ Parce que le modèle des journaux n'est plus forcément le lieu où les débats s'expriment.

Regardez le succès de BHL ou de Claude Allègre : par eux-mêmes, ils suscitent l'émotion, quelles que soient les âneries qu'ils peuvent proférer. Donc, ils drainent par leur seul nom de l'audience : le public les connaît et on n'a pas besoin de les présenter. Ils sont faciles, et les journaux bénéficient de l'audience propre des gens qu'ils mettent en scène. Du coup, vous ressentez cette impression permanente de déjà vu. D'autant que ces personnalités font moins d'effort et ronronnent. Bref, les "journaux" ont perdu la tâche qu'ils avaient de faire réfléchir. Ils communiquent. La réflexion ne se situe plus là, à mon sens. Sinon, pourquoi allez vous sur des blogs?

Les médias sont de masse : de massue, devrait-on dire. Et ils sont un peu assommants.

Je reviens à votre question : ai-je intérêt à aller dans les journaux, dans les médias ? je ne sais pas. La vraie question est celle de l'utilité. Je prends un autre exemple : je ne lis plus le blog de Merchet alors pourtant que c'est devenu "le" blog de référence : ou plus exactement, parce que c'est devenu le journal officiel, jouant à la communauté militaire le rôle du Canard enchainé dans la communauté politique. Il est victime de son succès.

Victime du succès : l'expression est très intéressante. Le succès est-il forcément à rechercher ? Le succès médiatique, s'entend ? D'autant qu'il s'agit d'une communication de masse, industrielle, qui s'adresse aux sens et à l'émotion et pas à l'intelligence. Je ne suis pas un journaliste, mais un analyste. Je ne fais pas de news. Et je ne fais pas de show. Le sens m'intéresse plus. Tant mieux s'il suscite votre intérêt : ce serait mentir si je vous disais que je ne regarde pas les stats, ni que je n'observe pas le nombre de commentaires, désormais quotidiens, et signe d'une audience : mais le plus satisfaisant, c'est la qualité des commentaires : pas les plaidoyers ou les assertions idéologiques, mais des remarques de gens cultivés qui s'estiment et cherchent vraiment à comprendre : voilà un succès que je ne trouverai pas dans les journaux. Enfin, je crois, puisque je n'y vais pas.

Quelques réactions un peu décousues, sur nos rapports à la médiasphère : mais c'est aussi intéressant d'en débattre.

O. Kempf

Parlons d'autre chose, avec un petit communiqué : À la rentrée 2012 les lycéens de Terminale Scientifique n'auront plus d'enseignement obligatoire d'Histoire et de Géographie, soit la moitié des lycéens des séries générales. L'option de deux heures que l'Association des Professeurs d'Histoire et de Géographie a arraché au Ministère ne sera pas présente, contrairement aux promesses, dans de nombreux lycées et il faut que les collègues se battent lycée par lycée pour l'obtenir.

De plus la conséquence de cette disparition est la refonte des programmes de toutes les classes de Premières. les grandes questions du XXème siècle ne sont plus étudiées dans leur globalité mais seulement à travers des thèmes réducteurs et en cassant la chronologie, ce qui nuit grandement à leur compréhension.

L'APHG a décidé de réunir des États Généraux de l'Histoire et de la Géographie le samedi 28 janvier 2012. Nous nous mobilisons à nouveau pour obtenir un enseignement obligatoire de l'Histoire et de la géographie pour tous en Terminale. Les deux documents pour en savoir plus et protester peuvent être téléchargés sur le site national de l'APHG (www.aphg.fr).

Commentaires

1. Le mardi 6 décembre 2011, 08:36 par VonMeisten

De grâce, oui, restez-vous même !
Ici, vous écrivez librement, sans soucis du politiquement correct, sans commande hiérarchique. Je doute que cela soit possible dans un autre média.

2. Le mardi 6 décembre 2011, 08:36 par Pascal Dupont

Bonjour,

Je souscris à votre analyse à de multiples titres : inféodation des médias mainstream aux intérêts privés et/ou politique, omniprésence d'"intellectuels" à la qualité discutable, orientation brutale confinant à l'abrutissement.. la liste est longue des griefs que nous pourrions leur asséner.
Ceci-dit, le sieur Merchet est-il vraiment l'archétype de ces dérives ?
Son audience conséquente ne l'oblige t'il pas à une certaine rondeur ?

Ceci-dit, c'est surtout votre addendum qui a motivé mon intervention.
Vous soulevez un problème qui m'apparait comme étant central, car touchant à l'éducation des futurs Kempf, Merchet, Dupont & Cie...
Pourriez vous développer aux fins de sensibilisation ?

Bien à vous,

Pascal Dupont.

égéa : allez sur le site indiqué.... mon job est de signaler !

3. Le mardi 6 décembre 2011, 08:36 par Pascal Dupont

Bien entendu il s'agit là de votre job, de notre job.. et c'est un sujet qui mérite d'être éclairé.
Vous vous doutez bien qu'il s'agit là d'une orientation que je suis de très prés..
Ma remarque, voulue constructive, allait dans le sens que, par votre relai (plus qu'un addendum), cette information touche le maximum de monde.
Vous n'êtes pas à une note près n'est ce pas ?
Bien à vous,
Pascal Dupont.

4. Le mardi 6 décembre 2011, 08:36 par yves cadiou

Il est vrai que le sujet méritait mieux qu’une brève réponse en bas d’un commentaire. Je ne suis pas sûr que vous abstenir d’intervenir dans la presse-papier soit la meilleure idée possible. Il est vrai que le système du blog comporte de nombreux avantages, notamment d’être désintéressé et de permettre un dialogue à plusieurs (si j’ose dire car « multilogue » n’est pas encore français).
En dépit des avantages du système du blog, il faut tenir compte du fait que des gens ne sont pas branchés et s'informent encore par les journaux seulement.

Dans l’expression « mass media », contrairement à ce que suggère la photo qui illustre ce billet le plus significatif est « media » qui veut dire « un intermédiaire ». Je préfère le terme de « presse » qui s’apparente à « pression ». Les journalistes utilisent rarement le mot « presse » et plus souvent le mot « media » pour parler de leur rôle dans la société démocratique parce qu’ils se voient comme des intermédiaires entre le pouvoir élu et les électeurs. Les journalistes semblent croire que ce rôle d’intermédiaire leur donne un pouvoir. Votre sujet est d’actualité parce qu’en ce moment (depuis environ une dizaine d’années, mais je ne saurais pas vous dire à quelle heure) la Toile démontre de plus en plus évidemment que le pouvoir de la presse est une illusion.

Que ce pouvoir de la presse soit réel ou imaginaire, l’important est que le personnel politique, pour sa part, croit encore que c’est un pouvoir réel. En témoigne le comportement du « chef des armées » qui faisait aux journalistes Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier « l’honneur exceptionnel de les accueillir en personne sur le tarmac de Villacoublay. La gloire quoi, » comme le mentionne le Général Bernard Messana http://www.asafrance.fr/actualites/...

Il existe des gens, un peu retardataires selon moi, qui croient encore au pouvoir de la presse et qui croient encore qu’elle reflète l’opinion publique. De ce fait il pourrait être intéressant que quelques uns de vos billets passent dans la presse dite « nationale », c’est-à-dire parisienne. Vous toucheriez ainsi utilement une catégorie de population qui n’est pas branchée : les plus de soixante ans qui à Paris remplissent en majorité les colloques, réunions, assemblées, où l’on parle d’avenir péniblement et sans imagination. Du fait que ces gens-là ont des états de service, portent des titres, participent parfois aux décisions, il serait intéressant de s’adresser à eux : il faut donc écrire dans les endroits où ils lisent. Vous sauriez très bien faire ça, en proposant aux rédacteurs-en-chef de la presse généraliste parisienne quelques uns de vos billets, légèrement modifiés parfois pour tenir compte des meilleurs avis émis par les lecteurs et commentateurs d’egeablog.

égéa : merci de votre enthousiasme...... M'enfin il faut ajouter ce travail en plus. Je sais que je suis payé à ne rien faire, ce n'est pas une raison pour abuser de mon oisiveté.  Vous n'avez qu'à démarcher votre quotidien préféré......

5. Le mardi 6 décembre 2011, 08:36 par Ofdm

Cher monsieur Kempf,

Au risque de vous surprendre, je vous apprendrai que vous êtes célèbre. Certes la population est petite mais dans le petit milieu des préparants à l'école de guerre ou ex-CID vous faites référence. Vos posts et vos analyses sont commentées et débattues dans ce petit milieu. Votre groupe d'élèves à l'Ecole militaire est également très recherché.
Mais rassurez-vous, on est loin de la pensée unique, votre fameux plan 2*2 ne passe pas...on résiste quand même un peu.
Surtout ne vous arrêtez pas.
Cordialement

égéa : bon courage...

6. Le mardi 6 décembre 2011, 08:36 par Françoise

Monsieur,
les étudiants et l'enseignement secondaire (alliance objective rarement dénoncée ) ont largement anticipé la réforme que vous évoquez , qui ne fait que sanctionner l'état -obtenu grâce à la ténacité de tous- de l'enseignement de l'histoire géo au lycée (on dépense moins d'argent aussi , donc on ne reviendra pas là-dessus). Celui-ci en effet depuis des années , au cours des réformes successives, a déployé une ambition unique : montrer que depuis le Néolithique au moins, l'humanité aspire à l'union européenne (mais enseigner comment elle fonctionne n'est pas ludique, donc, bon ), et que toute l"humanité est "en quête de développement durable" .
Alors aux khâgneux qui ne "savent pas quoi lire " pour s'informer , je déconseille désormais le journal officiel des intellectuels (je ne sais pas si j'ai le droit ici d'en dire nommément tout le mal que j'en pense ) et je leur conseille d'aller sur votre blog ; et, après sur d'autres . Le problème évidemment c'est que vous ne pouvez pas tenir chronique sur tout (faites un effort, quand même) ; alors je leur dis d'aller tout simplement lire des livres et des articles universitaires , ce qui apparaît comme un conseil novateur et un brin subversif : ils auraient ainsi en permanence 15 ans d'avance sur les journalistes, trop occupés à inventer l'eau chaude et à la transformer en eau froide.
Il suffit de voir l'épaisseur des journaux pour comprendre que l'essentiel n'y est pas dit, et ce, en profondeur .
Je fais donc une propagande virale en votre faveur. Dans vos lecteurs devenus réguliers , depuis 2 ans, au moins un apprenti spécialiste de l'Indonésie , agrégatif pour l'instant à l'ENS Lyon. Il ne se trouve pas assez compétent pour poster des commentaires.
Au bout du compte ... vous avez raison en pratiquant ici une réflexion "en gaz rare", aux lecteurs de moins en moins rares .

égéa : mais cela faisait une éternité que je ne vous avais lu ! chic ! Pour Le Monde, même si c'est un journal officiel, j'en dis du bien et je viens même de m'abonner : mais il s'agit d'un acte militant de défense de la presse écrite, car une fois que nous avons tous clamé nos vacheries contre elle, reconnaissons que nous ne pouvons nous passer d'un ou deux bons journaux. ça se fait rare, je sais. Mais c'est quand même ma principale source d'information, puisque je ne regarde pas la télé (je ne cesse de le répéter et j'ai le sentiment qu'on a du mal à me croire) et modère mon usage d'Internet : ainsi, l'info brute reçue par touiteur n'est pas inintéressante : mais elle est trop brute, et noyée dans plein de choses inutiles : car Internet n'est pas non plus la panacée.

Je ne vais pas non plus jouer mon des Esseintes et son merveilleux snobisme de A rebours, ouvrage d'une salubrité rare.

Après, je ne peux qu'insister : il faut lire, et de l'épais. En clair,  un truc avec au moins cent pages dedans. Méthode Pennac admise : lire 30 pages, sauter, aller au cinquième chapitre, revenir, aller à la conclusion... Ou tout lire d'un trait. Lire avec un crayon (donc acheter, ben oui, c'est le meilleur moyen de posséder un livre). Si on peur, prendre des trucs légers : "introduction à la stratégie" de Beaufre, 120 pages lumineuses, fructueuses, sensationnelles. ou Même les Moreau Desfarges sur la géopolitique, pourquoi pas. Ou Colin Gray. Ou Lacoste. Bon, j'arrête, je ne vais pas reprendre la bibliothèque idéale. Citadelle de Saint-Exupéry, ça fait aussi l'affaire, tiens.

Après, une fois qu'on lit, on a forcément envie d'écrire. Et tout le monde sait écrire (oui, enfin, bon, d'accord, vous m'avez compris : mais si on lit beaucoup, à la fin on écrit bien). Et il ne faut pas avoir peur. Et égéa peut même vous accueillir sous vos seules initiales, si vous êtes mort de trac. Par exemple, l'Indonésien, plutôt que d'hésiter à commenter, il me fait un billet sur l'Indonésie. Et si c'est trop large, sur l'islam en Indonésie. Et si c'est encore trop large, sur islam radical et modéré en Indonésie.... Bref, un truc en quatre paragrpahe pour une idée maîtresse qu'il a trouvée tout seul et qu'il ne lit nulle part et que ça l'agace. Vous lui dites, Françoise, à votre disciple ?

7. Le mardi 6 décembre 2011, 08:36 par yves cadiou

Commentaires intéressants mais parfois déstabilisants : si l’on en croit Françoise (commentaire n° 6), il faudrait être compétent pour commenter sur un blog ? Ah mais c’est très-très embêtant, ça !
Au contraire je crois que l’on peut écrire sur un blog, même un blog où l’on trouve des billets très sérieux comme ici, sans être vraiment compétent mais seulement avec du bon sens et de la courtoisie. Je ne suis visiblement pas le seul de cet avis. C’est au lecteur de juger la qualité du commentaire, sans s’y attarder le cas échéant parce que l’écrit présente sur l’oral l’avantage de pouvoir être lu en diagonale, voire en pointillé.
Le blog est un écrit qui présente un avantage supplémentaire : l’écrit sur blog, au contraire de l’écrit sur papier, présente l’avantage d’être gratuit et de ne pas voler le lecteur ; il présente surtout l’avantage de permettre au lecteur une réponse, voire une mise au point ou une précision en réaction à un commentaire erroné.

Il est vrai que le papier présente des avantages : le crayon pour souligner, l’épaisseur matérielle (et j’ajoute méchamment : même quand c’est vide d’idées), ça tient dans la main et d’ailleurs un livre se dit aussi « un volume », son existence n’est pas douteuse parce que c’est pesant, ça ne touche pas seulement les yeux et l’intelligence mais aussi les mains et quelques petits muscles, c’est rassurant de ce fait.

A notre époque le papier semble cependant être en fin de règne : les avantages du papier sont résiduels et en voie d’extinction. Comme l’est une catégorie de lecteurs. Ecrire sur papier, c’est s’adresser à une catégorie de lecteurs (je rejoins mon commentaire n°4). Par conséquent oui, il faut écrire sur papier et lire du papier pour rester en contact avec les gens qui lisent encore sur papier.
Aussi il faut écrire sur papier pour les archives et les futurs historiens car nous vivons un changement d’époque autant historique que celui de Gutenberg et malheureusement personne, à ma connaissance, n’archive les documents électroniques, même partiellement : la BNF et le SHD n’archivent que le papier, m’ont-ils répondu il y a quelque temps. C'est dommage parce que l’écrit électronique peut s’effacer totalement et instantanément alors que même les commentaires les plus modestes rendent compte de l’ambiance et de « l’inconscient collectif » de notre époque. Mais on en est encore exclusivement à l’archivage du papier.

Par conséquent oui, comme le suggère OK à la suite du commentaire n°4, je vais « démarcher mon quotidien préféré ». Non, pas exactement : je ne vais pas démarcher Le Petit Quotidien, mais je vais plutôt démarcher Le Monde.

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Intéressant aussi, le commentaire d’Ofdm (n°5). L’on m’excusera d’être long parce que l’on peut zapper. Un point du commentaire d’Ofdm peut sembler anodin mais constitue au contraire l’indice d’un phénomène fondamental auquel il faut prêter attention : le plan 2x2 ou 3x3. Cette question n’est pas celle du sexe des anges mais celle, essentielle, de la finalité de l’EdG.

De deux choses l’une : soit on considère que des officiers, qui étaient pourtant brillants en début de carrière, sont devenus des abrutis qui doivent réapprendre à écrire élégamment après avoir trop crapahuté ou navigué ; soit on considère que l’on prépare des officiers supérieurs à tenir leur rang à l’interface du monde militaire et du monde civil. Je préfère la deuxième option car il est temps, plus que temps, de réintégrer les militaires dans les cénacles où l’on réfléchit et où s’élaborent les décisions : les réintégrer autrement que sur des strapontins ou dans les rangs du fond ou pour s’occuper de l’organisation matérielle. Il faut réintégrer les officiers qui sont à la fois expérimentés mais concernés par l’avenir qu’ils devront assumer : ceux de l’EdG.

Dans le premier cas (réapprendre à écrire élégamment), l’on peut faire du 3x3 ou même du 5x5 pourquoi pas tant qu’on y est. Dans le deuxième cas (interface du monde militaire et du monde civil), il faut apprendre à s’exprimer comme les gens à qui l’on va s’adresser. Il faut donc faire du 2x2. Peu importe que ce soit, peut-être, théoriquement moins bien : le 2x2 est ce qui marchera avec vos interlocuteurs civils.

Il y a deux genres de 3x3, aussi inopérants l’un que l’autre devant les autorités civiles : le 3x3 thèse-antithèse-synthèse vous fera passer pour quelqu’un de compliqué et difficile à suivre ; le 3x3 parceque1-parceque2-parceque3 vous fera passer pour quelqu’un de psychorigide. On ne se range pas à l’avis de quelqu’un qui s’exprime en 3x3. Faites du 2x2 par réflexe et les autorités civiles prendront peut-être votre avis en considération.

égéa : Yves, j'adore votre deuxième commentaire : le 22 est bref, donc convaincant : dans l'administration (comprendre : énarques et polytechniciens) et dans l'entreprise (HEC etc). En clair, le 33 est l'héritage de la domination normalienne sur l'université : 130 ans d'âge : même en vin, c'est dépassé. Or, l’école de guerre, très chers, est un concours professionnel : ce que n'a pas compris la revue verte.

Oui mais voilà, objection votre honneur : nos chefs ont été éduqués au 33, donc il faut faire comme ils ont l'habitude, et nous on est disciplinés, on fait ce qu'on nous dit. Ya juste un petit problème : dans les états-majors, comme on doit sortir de la fiche en une page ou max deux, on ne voit plus jamais, mais alors plus jamais, du 33. On veut de l'efficace. On se fout du plan, pour tout vous dire ! L'important, c'est de convaincre avec les propositions qui déboulent au bon moment, pour que le chef 1/ Comprenne 2/ Choisisse. Pardon : décide.

Mais il y a la rigidité de la revue verte, des gens qui croient que, de l'autocensure mentale.... Je suis stupéfait de voir à quel point les jeunes officiers mésestiment les chefs, à croire que ce sont des gens obtus et fermés : :de votre part, très chers, ce que vous croyez être du respect est un mépris absolu de vos chefs, mais aussi de votre liberté.

C'était le coup de gueule du jour.

8. Le mardi 6 décembre 2011, 08:36 par Christophe Richard

33 vs 22... Et pourquoi pas 32?
Bien cordialement

égéa :mais oui, je l'ai déjà dit, ou 23. En fait, c'est le sujet qui commande. Vouloir faire du 33 systématiquement, c'est vouloir être  en opérations systématiquement triangle pointe en avant, sans tenir compte du terrain, de l'ennemi et des soutiens....! Ce qui semble totalement absurde dans des situations opérationnelles est admis comme une règle inébranlable pour le concours EdG. Et ça ne choque ni les candidats ni les préparateurs. Quant aux correcteurs, je suis persuadé qu'ils doivent trouver carrément sopo d'avoir que des copies en 33, dont la plupart seront médiocres. Car il est plus facile à un candidat moyen de faire un 22 convenable (ou 23 ou 32) qu'un 33 qui n'est maîtrisé que par les normaliens.

9. Le mardi 6 décembre 2011, 08:36 par yves cadiou

Cher Olivier Kempf, vous évoquez un point-clé en finale du commentaire n°7 : « les jeunes officiers mésestiment les chefs, à croire que ce sont des gens obtus et fermés : de votre part, très chers, ce que vous croyez être du respect est un mépris absolu de vos chefs ».

Je veux ajouter que le mépris vient de l’EdG envers ses candidats. Mépris visible d’abord par les sujets proposés, je n’y reviens pas, je l’ai déjà écrit ici http://www.egeablog.net/dotclear/in... mais mépris visible aussi dans les comptes-rendus que font les jurys chaque année : ils concluent à chaque fois que les candidats n’ont jamais été aussi mauvais. Je crois que l’on doit être arrivé au niveau bac-moins-onze ou bac-moins-treize depuis le temps que les candidats, aux dires des jurys, sont pires que les années précédentes. Le mépris est là et les candidats en sont conscients. Pour échapper aux préjugés qui les précèdent, les candidats n’ont pas d’autre solution que de coller à la revue verte : ça entraîne une sclérose qui se perpétue et qui depuis longtemps (encore pour longtemps si l’on ne fait rien) coupe les officiers supérieurs du monde réel qu’ils devront affronter dans leurs futures fonctions.

(Parenthèse : je connais de l’intérieur ces jurys parce que j’ai été affecté autrefois, 1982, à l’Ecole Militaire sans avoir rien fait pour ça. J’ai été chargé des secrétariats de concours pendant plusieurs années. Résultat positif de cette expérience : j’ai la conviction qu’il n’y a aucune magouille. Mais je reste « très réservé », comme on dit poliment, sur la façon dont les jurys considèrent les candidats. Les sujets actuels, dont vous nous faites part de temps en temps, me laissent deviner que ça n'a guère changé.)

Je critique mais critiquer sans proposer serait malhonnête : pour sortir de ce cycle sans fin, il faut faire comme au concours de Saint-Cyr (oui, j’entends les objections : Cyr est un concours externe alors que l’EdG est un concours interne ; peu importe). Il n’y a aucun Cyrard dans les jurys d’entrée à Cyr, il faut qu’il n’y ait aucun breveté dans les jurys d’entrée à l’EdG. Mieux : qu’il n’y ait aucun militaire mais seulement des civils de toutes formations, de ces sortes de gens que les officiers supérieurs rencontreront dans la suite de leur carrière. Pour réussir le concours les candidats devront apprendre à convaincre les civils, commençant ainsi à se préparer à ce qui sera l’essentiel de leur mission après l’EdG.

Vous observez que je ne suis pas hors-sujet : mon intervention correspond parfaitement à la photo qui illustrait votre billet.

10. Le mardi 6 décembre 2011, 08:36 par yves cadiou

On parlait ici des mérites comparés du papier et du numérique. Avez-vous observé que la presse vieillit mal dans les salles d’attente ? Je parle des hebdomadaires sur papier glacé : physiquement, ils résistent assez bien au temps et à la multitude de lecteurs successifs ; on peut dire aussi que les infos qu’ils rappellent ne vieillissent pas vraiment, seulement condamnées à être définitivement périmées. Non : ce qui vieillit mal, ce sont les commentaires politico-médiatiques qui entouraient ces infos et les entourent encore avec un décalage qui saute aux yeux lorsqu’on les relit. Au contraire, ici : je viens de faire un petit tour sur la rubrique « maitrise stratégique de l'information » d’egeablog où les billets et les commentaires supportent assez bien le temps qui passe.

Pour les futurs historiens, les blogs témoigneront de notre époque mieux que n’en témoigne la presse, en tout cas d’une autre façon.
Alors que je m’inquiétais de l’absence d’archivage des blogs pour les futurs historiens, un ami m’a rassuré en me faisant passer (sous forme numérique) le numéro 260 d’archimag, décembre 2012-janvier 2013: « Le web français est archivé par la Bibliothèque nationale de France et l’Institut national de l’audiovisuel. C’est un chantier monumental qui a déjà généré plusieurs milliards de fichiers informatiques. Dans le monde, d’autres initiatives moissonnent inlassablement la toile pour conserver la mémoire d’un monde numérique en train de se faire. »

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