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Celac, Ansur, Can, Sica, Alba ....

Le 3 décembre dernier, la Communauté d’États latino-américains et caribéens (Celac) est née à Caracas, lors d'un sommet des 33 chefs d’État de la région. Et voici une nouvelle institution régionale d'Amérique Latine. Elles se multiplient tellement qu"on s'y perd. Et surtout, cela signifie que l'internationalisme n'est plus aussi efficace.

source

1/ En effet, on pensait que l'Unasur (Union des nations sud-américaines, Ansur) consistait en la structure de tête qui allait polariser la région. C'est pourquoi la naissance de la Celac suscite des questions : pourquoi une nouvelle organisation? qu'apporte-t-elle que n'apportait pas l'Unasur ?

2/ Celle-ci avait été créée en 2008 (voir billet sur le vieil égéa). Il y a deux ans et demi, je notais déjà : "Dernier point : l'attitude à venir avec l'Amérique centrale et les Caraïbes. Bref, la question de la ligne de partage avec l'influence du grand voisin du nord. Y aura-t-il suffisamment d'attraction pour que le Mexique se détache de l'ALENA ? Quelles voies de dialogue UNASUR/ALENA ?"

3/ Cette question, la Celac y répond puisqu'elle réunit toute l'Amérique latine, c'est-à-dire les trois zones : Amérique du sud, Amérique centrale, et Caraïbes.

4/ On comprend bien plusieurs choses :

  • il s'agit de réunir l'Amérique "latine", c'est-à-dire parlant espagnol ou portugais (oui, certaines îles caribéennes parlent anglais, Bob Marley excuse-moi), donc sans les États-Unis : au fond, une OAS (Organisation of American States) sans les Américains (ni les Canadiens) mais avec Cuba !
  • il s'agit surtout de permettre au Mexique, l'autre "géant" latino-américain, de faire pendant au Brésil. En effet, on ne voit souvent que la rivalité sud-américaine (Brésil Argentine, Argentine Chili, ...) et on omet souvent la rivalité Brésil Mexique.

5/ Bien sûr, les participants ne voudront voir là que la réalisation du rêve de Bolivar, toutes factions politiques confondues : il s'agirait de l'unité retrouvée d'un continent, ce rêve que le général Vénézuélien n'avait pu accomplir en 1830.

  • ce pourrait donc être vu comme une doctrine de Monroe (l'autre rêve qui date de la même époque : 1823) réellement anti-impérialiste, qui consacrerait l'indépendance vis-à-vis des anciens dominateurs : une émergence localisée et régionalisée.

source en espagnol

6/ Au-delà, toutefois, on doit constater une sorte de multiplication de ces instances régionales qui en affaiblit la portée. Comme le rappelle l'article du Monde, il faut également penser à "la Communauté andine des nations (CAN), le Mercosur (Marché commun sud-américain), le Système d'intégration centre-américain (SICA), la Communauté caribéenne (Caricom) et l'Alliance bolivarienne des Amériques (ALBA, pilotée par le Venezuela)". En fait, je m'interroge : cette multiplication d'alliances symboliques n'est-elle pas suspecte ? à force d’avoir des unions plus ou moins élargies, on en perdrait l'utilité, qui est notamment d'agir réellement en commun, pour en tirer des bénéfices en commun. La diversité des cénacles permet de choisir celui-ci à un moment, celui-là à un autre.

7/ Vous me direz, c'est un peu ce qu'on observe en Europe, dont on ne sait plus combien elle compte de membres : 17, 26 (moins un, deux ou trois), 27 ?

8/ Du coup, cette fameuse régulation transnationale n'est-elle pas, plus que jamais, en train de s'affaiblir ? Mondialisation plus crise égaleraient alors le retour de l'Etat ? ce serait paradoxal, non ?

Réf : article du Monde.

O. Kempf

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