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Power

Ce mot anglais a deux significations en français :

  • le pouvoir
  • la puissance

source

Le pouvoir est principalement politique. La puissance est composite. Et si le pouvoir évolue de nos jours, constatons que le vocabulaire de la puissance évolue encore plus nettement.

O. Kempf

Commentaires

1. Le mardi 6 mars 2012, 21:30 par Midship

http://www.youtube.com/watch?v=z33t...

2. Le mardi 6 mars 2012, 21:30 par oodbae

Bonjour,

Il me semble que le mot "might" signifie aussi la puissance et/ou le pouvoir. Par exemple, les anglophones disent "God almighty" quand les francophones disent "Dieu tout puissant".

Mais la symétrie pouvoir/puissance du francais n'est probablement pas valable pour le couple anglais "might/power" puisque en vocabulaire technique, les anglophones disent " the power of an engine" alors que les francophones disent "la puissance d'un moteur".

Il est bien sûr possible que "might" et "power" soient deux versions synonymes d'un même mot, où "might" proviendrait de la langue des angles et/ou des saxons d'après la consonnance voisine de "Macht", signifiant "la puissance/le pouvoir" en allemand, tandis que "power" proviendrait du francais que les normands ont exporté outre-manche il y a un millénaire.

Par ailleurs, "puissance" semble descendre du subjonctif présent du verbe pouvoir, "que je puisse", donc la puissance représenterait le pouvoir que l'on peut, potentiellement, exercer. Le pouvoir désignerait, ô surprise, le pouvoir effectivement exercé. Selon ce point de vue, la puissance est naturellement plus complexe à concevoir et à mesurer que le pouvoir puisqu'il faut donc énumérer les moyens disponibles d'exercer ce pouvoir potentiel.

Ainsi, l'intervention militaire francaise en Lybie montre que la France demeure une puissance militaire internationale puisqu'elle montre que la France peut exercer son pouvoir (politique) par l'action militaire. Par corollaire, si il n'y a pas de pouvoir politique ayant la volonté d'employer la puissance militaire, cette puissance militaire est réduite à néant puisqu'il ne se trouve plus aucun moyen de concrétiser son pouvoir.

Est-ce que M.Kempf prépare un "dictionnaire amoureux des faux-synonymes et autres amalgames" pour compléter compliqué/complexe , culture du risque/peur du risque, pouvoir/puissance, etc.?

cordialement

égéa : non, pas de dictionnaire en vue : mais incontestablement, pour bien raisonner, il y a des moments où il faut interroger les mots, c'est de bonne pratique "épistémologique". En tout cas, moi, ça m'aide à progresser.

Je rebondis sur votre excellent commentaire : might me semble un verbe conjugué. Mais vous avez raison de renvoyer à l'allemand : Kraft vs Macht : est-ce exactement la même chose, la même distinction ? pas sûr.

Puissance : dérivé du subjonctif, ou plus simplement de l'adjectif "puissant" ? Il reste que je rejoins votre propos : la puissance est dans l'intention, elle est une possibilité, quand le pouvoir est dans l'action, il est exercé, il est présent. Un pouvoir est une force qui s'exerce, une puissance est une force que l'on peut utiliser. le passage de la puissance ua pouvoir nécessite, probablement, la volonté. (stratégie, dialectique des volontés?) ce qui renvoie à la personne du chef, du décideur, du "stratège" qui est d'abord homme d'action, quand le straégiste est penseur.

3. Le mardi 6 mars 2012, 21:30 par Moquette

Dans les relations internationales, la puissance est dans l’ordre politique internationale ce qu’est le pouvoir à l’intérieur d’un Etat. La puissance serait étudiée en géopolitique et le pouvoir en géographie politique (associée souvent à la géopolitique interne). Le vocabulaire de la puissance évolue plus avec le champ des relations internationales que de la géopolitique.

Rappels :
1- Pour Max Weber, la puissance est la capacité de faire triompher sa volonté (dans une relation sociale entre individus). A-t-il été influencé en cela par Clausewitz ? Qui sait.

2- Pour Morgenthau la puissance est surtout liée à l’intérêt national. Il y a l’idée d’un jeu à somme nul de la puissance mondiale que des pays vont se partager pour 1- Augmenter leur puissance et 2 - Garantir leur sécurité. Ce monde stato-centré est aussi un état de nature où règne une anarchie entre les Etats.
La puissance est alors un agrégat de critères quantifiables (taille, ressources, population, technologie, etc.) et intangibles (caractère national, moral, qualité de la diplomatie, préparation militaire, etc.).
Est qualifié de grande puissance l’Etat qui est bien placé pour la quasi-totalité des critères.
(Politics among Nation, 1948)

3- Raymond Aron remarque surtout l’absence d’un monopoleur de la violence légitime dans le Monde pour empêcher les Etats de se battrent entre eux (Paix et guerre entre les Nations, 1962). Il ne distingue pas précisément ce qui fait le sujet de votre réflexion à savoir la différence entre pouvoir et puissance mais celle entre force et puissance.
La force se détermine comme la puissance chez Morgenthau (espace, ressources,etc.) La puissance est la volonté d’appliquer sa force pour imposer sa volonté. Ainsi quelle que soit sa force intrinsèque, un Etat non désireux d’influencer une zone plus large que ses propres frontières n’a pas de puissance.

Conclusion : Selon moi Aron a les meilleures définitions prenant en compte les précédentes. On peut grâce à lui différencier force, pouvoir et puissance. En français du moins. On peut toujours continuer à se chamailler sur l’utilisation de tel ou tel mot selon son étymologie ou sa variante anglaise mais le sens qu’il y a derrière ces trois termes méritent sûrement qu’on les fixe une fois pour toute pour débattre de leurs liens, de leurs contradictions et de leurs dynamiques historiques.
Pour rebondir sur votre réponse au commentaire précédent, avec ce vocabulaire vous diriez que la puissance est potentielle et nécessite une force et une volonté de l’appliquer. Les deux reposant sur une certaine capacité de l’Etat à mener un combat collectif, la question du pouvoir entre en jeu naturellement.

4. Le mardi 6 mars 2012, 21:30 par oodbae

@moquette

Je conviens que la discussion sur l'ethymologie des mots "puissance", "pouvoir" et consorts ne suffit pas pour développer une doctrine. Cependant, le billet, par ailleurs assez succinct, se basait sur une comparaison de termes anglais et francais. Je n'étais donc pas hors-sujet.

Par ailleurs, ces discussions sur l'éthymologie sont importantes car elles nous entraînent à ne pas nous laisser berner par les anglicismes et les jeux de synonymes qui apparaissent encore et toujours dans la presse, les discours politiques et l'expression individuelle sur le réseau. Tout le monde n'a pas lu Aron, mais c'est en discutant ici qu'on apprend qu'on devrait le lire. C'est tout l'intérêt de la liberté d'expression. Je dirais même plus, c'est là sa puissance.

cordialement,

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