Très court billet ce soir. Et je publierai tard demain...
Or donc, terminant le remarquable "Géographie historique de la France", par Xavier de Planhol, je remarque qu'il explique qu'autant l'espace français était assez monotone et indifférencié jusqu'à la révolution industrielle, autant celle-ci, accompagnée du développement des transports, a suscité une spécialisation des régions.
En fait, une sorte de ricardisme infra-national, rendu possible grâce à l'émergence du grand marché national. Mais à la différence du ricardisme classique (international, qui n'a jamais très bien marché : encore une théorie économique classique qui rend mal compte de la réalité), autant le processus a fonctionné dans un cadre étatique, où les facteurs de production (capital et travail) pouvaient effectivement se mouvoir.
O.Kempf
1 De yves cadiou -
A travers votre bref compte-rendu, ce livre semble nier des évidences. Que l'espace français fût « assez monotone et indifférencié » jusqu’au XIX° siècle, je suppose que c’est soigneusement démontré dans le livre parce que cette affirmation contredit la géographie physique comme la géographie humaine de notre Pays.
Le mérite de ceux qui nous ont précédés, c’est précisément d’avoir bâti une Nation cohérente en dépit de cette diversité et des antagonismes qui en résultaient.
Géologie http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A...
Climat http://fr.wikipedia.org/w/index.php...
Tribus gauloises http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichie... auxquelles il faut ajouter la diversité des peuplements ultérieurs : Francs, Basques, Maures, Vikings...
Mais bon, on comprend ce que veut dire l’auteur dont vous parlez : par exemple pour pratiquer la pêche en mer ou la thalassothérapie, il est préférable d’avoir accès à la mer ; le ski alpin se pratique de préférence sur des pentes enneigées. « Chez nous, on n’a pas de lac en pente pour faire du ski nautique » (Coluche, le Belge).
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A l’inverse des vocations naturelles de chaque région, on constate depuis quelques décennies une délocalisation des productions à l’intérieur du territoire : alors que la Bretagne n’était traditionnellement pas productrice de fromages (au contraire de sa voisine normande), elle l’est devenue de façon industrielle, le transport de fromage étant moins coûteux que le transport de lait.
On peut désormais produire ce qu’on veut n’importe où : les conflits commerciaux qui se résolvent devant les tribunaux consistent le plus souvent à faire reconnaître que le champagne ne peut venir que de Champagne, que le camembert de Normandie ne peut venir que de Normandie, etc.
La querelle B4 / B5 dont on a déjà parlé ici consiste très concrètement à interdire aux producteurs de cidre ou de chouchen en Loire-Atlantique d’estampiller leurs bouteilles de la formule « produit en Bretagne ». Heureusement, chacun de nous garde le droit de cuisiner du bœuf bourguignon à la maison dans quelque région que ce soit, de consommer des surgelés Picard ou de la quiche lorraine partout.
Si l’auteur n’était pas docteur ès-lettres, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne et âgé de plus de 85 ans, j’imaginerais que ce livre est inspiré par des arrière-pensées mercantiles.
égéa : bon, je me suis mal exprimé : l'inconvénient de rédiger des billets trop vite. IL n'est pas question de nier la diversité des régions françaises, il passe même 500 pages à fouiller ça avec un luxe de détails impressionnant, et passionnant. MAis il s'agit de remarquer que jusqu'au XIX° siècle, les mdoes de production agricoles étaient indifférenciés, avec une culture autarcique qui visait seulement à approvisionner le voisinage, sauf exceptions. Avec le développement des transports et d'une hiérarchie urbaine (conjointement avec des évolutions démographiques marquées), alors les productions peuvent s'échanger plus loin : du coup, on assiste à des spécialisations régionales. Nulle arrières pensée mercantile, au contraire, X de Planhol est qq'un de très respectable et honnete.