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Mélanges hebdo 1/13

Pour ce premier mélange de la rentrée, pas mal de choses diverses.... CybercChine, Michel Serres, 75, Chine Japon, Morbihan, écoles de commerce, Albert 1er, crise, Louvois, espace, Malouines, cyberstratégie, défaite, traité de l’Élysée

source

Qui connaît le colonel Timothy Thomas ? ce livre de 2004 (DRAGON BYTES.CHINESE INFORMATION-WAR THEORY AND PRACTICE), celui-ci de 2006 (Cyber Silhouettes: Shadows Over Information Operations), ce dernier de 2007 (Decoding The Virtual Dragon - Critical Evolutions In The Science And Philosophy Of China's Information Operations And Military Strategy). Une série de livres, de fort Leavenworth, qui analyseraient précocement la doctrine chinoise d'action dans le cyber. Quelqu’un a lu ? est-ce bon ?

Ce n'est pas une crise, mais un changement de monde ! Ici, par Michel Serres; (signalé par PAK)

Au XIX° siècle, on avait inventé le 75 sans recul. En décembre 2012, on invente le 75 (%) avec recul (non, elle n'est pas du canard enchaîné, mais de P, merci à lui).

L'inévitable conflit entre la Chine et le Japon, ici..

Un peu de voyage : qui est déjà allé naviguer dans l'autre golfe du Morbihan ? Et d'abord, où est-il ?

La grande rupture des école de commerce, par Philippe SIlberzahn, ici.

Ayant habité une rue Albert 1er, ayant observé la statue dressée à sa gloire sur le quai, à côté de la Concorde, j'ai toujours été intrigué par le personnage. Voici un livre qui en parle, mais aussi de la Belgique dans la grande guerre.

En voici un qui ne croit pas à la crise, mot qui ne veut rien dire, et qui défend l'optimisme stratégique : J Cl Guillebaud, ici.

Bien évidemment, il faut lire le billet de Guisnel sur le torchon brûlant entre le ministre et le CEMA. Remarquons que :

  • D'abord, on réagit. Puis on réfléchit.
  • On se souvient que JP Bodin était directeur adjoint du cabinet précédent, et qu'il a participé à la prise de décision de Louvois. Et que M.Roudière, qui écrit le rapport cité par Guisnel, était juste avant DRHMD : lui non plus, rien à voir avec Louvois ?
  • comme beaucoup de décisions technocratiques (remember Chorus), elles ne viennent pas de "militaires" mais de technocrates, souvent interministériels. Avec les résultats probants qu'on sait.
  • Ensuite, sur la notion de "militaire fiable" : c'est tellement énorme que ça pue la provocation. Et plutôt que de réagir comme le provocateur l'attend (mais nous on est fiable et un militaire ça porte des armes etc....), il faut se poser la question de ce qu'il espère : que nous, les fana mili (ce qu'il n'est pas, lui, puisqu'il est un intrigant) faisions des assauts de "fiabilité" et que donc, on se taise le coup d'après : or, lui prépare le coup d'après.

Prochain café stratégique jeudi 10 prochain, organisé autour de Xavier Pasco avec pour thème l'Espace. 19h00 au Concorde.

Une très belle fiche de lecture, par Guilhem (de la terre à la lune) sur "Introduction à la cyberstratégie" : qui pose déjà des questions sur les intersection entre cyberespace et espace.... J'attends la suite avec impatience.

Sur une histoire des Malouines, ou plutôt des Falklands, racontée, sous forme de coup de gueule, par un Anglais : ici (merci à CL).

Des petits riens : la multiplication d'aires de parking sur les côtés des ronds-points qui accèdent aux autoroutes et aux voies rapides : développement du covoiturage. Et ce fast food où, au lieu de l'habituel xxx drive, je vois "service au volant".

Signalé par Camille Grand, le texte de "l’étrange défaite" de Marc Bloch, mis en ligne par l'université de Québec.

Le CREC de Saint-Cyr organise un colloque le 31 janvier sur le 50ème anniversaire du traité de l’Élysée. à l'Université Panthéon Sorbonne, 1 place du Panthéon, Paris 75005.

  • 9 h 30 : Elisabeth du Réau, Université Paris III Sorbonne Nouvelle Le général de Gaulle et les origines du Traité de l’Elysée
  • 9 h 50 : Magdalena Revue, Saint-Cyr Coëtquidan Adenauer, l’OTAN et le Traité de l’Elysée
  • 10 h 10 Reiner Pommerin, Technische Universität Dresden «Wie die Präambel in den Élysée-Vertrag kam», «How the preamble got into the Elysée-Treaty».
  • 10 h 30 : Discussion.
  • 10 h 50 : Pause café
  • Deuxième session : Du Traité de l’Elysée au Triangle de Weimar
  • Présidence : George-Henri Soutou, Université Paris IV Sorbonne
  • 11 h 10 : Rudolf Schlaffer, MGFA Potsdam Von der EVG (1952) über den Élysée-Vertrag (1963) zum deutsch-französischen. Sicherheitsrat (1988) : De la CED au Conseil de Sécurité franco-allemand en passant par le Traité de l’Elysée.
  • 11 h 30 Michel Kowalewicz, Université Jagellone, Cracovie «< Zum ewigen Frieden > oder fünf Jahrzehnte des Elysée-Vertrages aus der Sicht des Weimarer Dreieck Abkommens» : „Pour la Paix perpétuelle“ ou cinq décennies de Traité de l’Elysée vues à partir de l’accord du Triangle de Weimar“
  • 11 h 50 : Joseph Laptos, Université Pédagogique, Cracovie «Les perspectives de la revitalisation du Triangle de Weimar vues du côté polonais» ou «Du grand projet au petit symbole. Le Triangle de Weimar vu de Varsovie»
  • 12 h 10 : Discussion
  • 12 h 30 : Repas
  • Troisième session : La coopération franco-allemande : le gage d’une paix durable ?
  • Présidence : Corine Defrance, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
  • 14 h 30 : Heiko Biehl, SOWI Strausberg Auf dem Weg zu einer gemeinsamen Sicherheitskultur? Stand und Perspektiven der deutschfranzösischen Kooperation in der Sicherheits- und Verteidigungspolitik»
  • 14 h 50 : Jean-Paul Hanon, Saint-Cyr Coëtquidan «Les impensés de l’architecture de sécurité allemande : la mésentente cordiale».
  • 15 h 10 : Discussion
  • 15 h 30 : Pause-café
  • Quatrième session : La coopération militaire franco-allemande, un bilan en demi-teinte ?
  • Présidence : Julien Thorel, Université de Cergy-Pontoise
  • 15 h 50 : Pierre Pascallon, Président du Club Participation et Progrès «Peut-on avoir une coopération militaire franco-allemande en matière de dissuasion nucléaire?»
  • 16 h 10 : Claudia Major, SWP Berlin “Die Rolle Deutschlands und Frankreichs für die europäische Verteidigung“- Le rôle de l’Allemagne
  • et de la France dans la construction de la défense européenne
  • 16 h 30 : Ralph Oberländer, Saint-Cyr Coëtquidan La formation initiale des officiers : un exemple de mutualité. Etude de cas
  • 16 h 50 : Discussion
  • 17 h 10 : Conclusion France-Allemagne : un exemple pour d’autres pays ?

O. Kempf

Commentaires

1. Le samedi 5 janvier 2013, 20:43 par yves cadiou

« L’autre Golfe du Morbihan » : vous faites peut-être allusion à la Rivière d’Etel, qui ressemble beaucoup au Golfe à l’exception de son embouchure où il existe une barre parfois difficile à franchir.

égéa : non, un vrai "golfe du Morbihan", appelé comme ça sur la carte, et qui n'est pas celui de Vannes.

2. Le samedi 5 janvier 2013, 20:43 par Midship

un indice : au sud, bien plus au sud ...

3. Le samedi 5 janvier 2013, 20:43 par BQ

Penn-ar-Bed for ever!
Merci pour ce très riche Mélanges.
Et massive respect à Jean-Claude Guillebaud. Que ses Confettis, toujours renouvelés et lumineux, nous accompagnent dans cette nouvelle année!

4. Le samedi 5 janvier 2013, 20:43 par Loup Voit

Votre lecture de l’affaire Louvois est subtile s’agissant d’un outil qui fait Chorus sans être franc....

Subtile et probablement aussi machiavélique que le plan que l'on discerne derrière ce loupé qui ne ressemble pas à un "acte manqué".

D’abord on pourrait penser, et cela n’exclura pas la thèse machiavélique, qu’il apparaît de ces dossiers informatiques un violent parfum d’incompétence.

Mais l’incompétence cache souvent des éléments plus profonds, volontaristes.

D’abord on se dit que l’état dispose d’une informatique datant de plus de quarante ans, construite par stratification sans maîtrise d’œuvre. Il apparaît également que l’état français n’a jamais construit un outil de fonction RH/paye moderne : tout se fait en big bang, à partir de 2009 : on croît rêver. C’est donc là l’entité qui prétend se mêler de juger et gérer les choses économiques, et d‘entreprises en particulier ? De les nationaliser le temps de leur faire la leçon sur leur métier?

Mais cette incompétence stratégique et opératoire ne doit pas dissimuler un certain nombre d’éléments qui accréditent l’idée d’une volonté d’utiliser l’outil dans une logique floue. Et comme disait la grand-mère de quelqu’un « quand il y a flou il y a loup », et ici le loup on voit. A qui profite le crime ? Au budget de l’état.

Comment a-t-on construit ce millefeuille d’irresponsabilités ? D’abord en disposant face aux longs crocs des opérateurs de l’informatique des personnes certainement de grandes qualités mais totalement incompétentes en informatique. Des diplômes de philosophie ou des eaux et forêts ne donnent pas grand chance de débusquer les entourloupes des prestataires ou des adjoints. L’informatique est un secteur où les tentations sont aussi conséquentes que les budgets et les rémunérations de ceux qui ne sont pas fonctionnaires.

Ces personnes placées en situation déséquilibrée vont donc organiser des appels d’offres multiples, souvent influencés par les candidats (on connaît la chanson du dialogue compétitif et du conseil gracieux donnés par les futurs candidats à l’appel d’offres), qui cherchent à minimiser leurs coûts en refusant toute amodiation du progiciel. Alors même qu’il s’agit d’intégrer des systèmes « bouts de ficelles » construits dans chaque ministère au fil du temps sans logique d’ensemble. On va déjà dans le mur.

Ensuite on croit de bon sens de saucissonner, mettant en place des dispositifs avec une dizaine de prestataires plus ou moins coachés par une société allemande qui a vendu un produit sur étagère, de confection, refusant de faire de la mesure. Quand on s’aperçoit que cet Allemand devient hégémonique, on l’écarte des appels d’offres suivants (sur l’Opérateur National de Paie)… Mais se rend-on compte que le leader Allemand qui voudrait tant contrôler ex ante nos budgets a déjà le nez dans nos petites affaires ? Se rend-on compte qu'en saucissonnant pour pallier (trop tard) ses errements précédents on en commet probablement de nouveaux?

Face à d’évidents accidents industriels, ces équipes seront prises dans le syndrome de Stockholm, défendant bec et ongles le succès improbable des réalisations devenues communes avec les prestataires extérieurs : par exemple quand le budget dérape de 100% passant de 500M€ à 1.100M€, on nie. Comme on nie ce que la Cour des Comptes mesure à hauteur de 6 milliards en impayés envers les fonctionnaires et fournisseurs. Tiens tiens, 6 milliards qui correspondent justement à ce que l’état se garde en réserve budgétaire en cas de dérapages conjoncturels nécessitant de réaffecter en faveur des missions apparues prioritaires… 6 milliards de fonds de roulement, si Bercy en minimise l’importance en tant que MO des chantiers, gageons qu’en tant que Direction du budget, il n’est pas mécontent par les temps qui courent….

A qui profite le crime ? La piste est tentante.

Surtout si l’on revient spécifiquement aux problèmes de paie que vous évoquez : l’ONP a vu désigner en 2009 (horizon 2016) une solution progicielle (tiens, encore de la confection) d’Accenture/Logica/Sopra. En 2016 l’outil sera déployé sur tous les ministères, le cobaye étant le ministère de l’agriculture/pêche etc., pas un ministère régalien, cela paraît normal.

Cobaye ? Mais alors, que l’on nous explique pourquoi, depuis 1997 semble-t-il, les armées ont prétendu développer un outil (Louvois) qui a été mis en place 14 années plus tard (mazette), là aussi un progiciel (IBM/Steria), sans donc qu’il soit intégré à l’appel d’offres dépouillé en 2009 (qui aurait vu écarter de principe tant SAP qu’IBM Steria… le bon sens vous dis-je. a moins que, finalement, l'on considérât Louvois et Chorus comme des échecs techniques et que l'on ne veille pas les étendre notamment à la paye de ... Bercy ?).

Comment Louvois sera-t-il intégré à l’outil qu’Accenture développe sans les prestataires de Louvois, ni l’intégrateur de Chorus ?

Le fait est que les personnes qui ont généré et géré ce « système » connaissent des progressions de carrière aussi fulgurante que vertigineuses, pulvérisant les « tableaux d’avancement ».

C’est probablement que les véritables objectifs sont atteints.

Les Allemands nous le dirons peut-être quand ils viendront auditer nos comptes, après l’échec des 3% en 2013.

5. Le samedi 5 janvier 2013, 20:43 par yves cadiou

Aux Kerguelen ! (je le savais, en plus.)

égéa : bravo ! eh oui, aux Kerguelen ! Découvert sur Géoportail, le site de l'IGN....

6. Le samedi 5 janvier 2013, 20:43 par Thierry de RAVinel

Des deux interventions nourries d'espérance de Michel Serres et de JC Guillebaud, je retiens pourtant une inquiétude forte sur le danger du cynisme et de la compétition pour les ressources.
Nous savons que nous devrions vivre autrement (plus frugalement, moins obsédés par le profit/la consommation etc. ?), mais aucun modèle de décroissance basique n'est satisfaisant ou même acceptable (comme l'a très justement pointé Paul Jorion, pourtant sensible à certains arguments des écologistes, les expériences de "décroissance" déjà vécues se sont traduites concrètement par des catastrophes humaines (populations décimées) et des effondrements de civilisations (incas, empire romain, etc.)...

Le modèle de croissance qui continue à guider nos efforts et nous sert encore de cadre conceptuel est lui aussi complètemnt inadapté (nous n'avons pas 10 planètes terre à coloniser).

Donc il faudra inventer autre chose (on sera bien forcé de le faire de toute manière mais il faudrait éviter que la transition ne soit trop catastrophique...)

Nous autres européens sommes (espérons le) en train de (re?)découvrir que le monde doit absolument se souder autour de valeurs dites "empathiques" ie. respect de l'autre, de l'environnement, pouvoir donné à l'imagination, au dialogue, aux échanges par opposition à la captation/compétition à outrance. Cela parait évidemment utopique mais c'est bien une condition de survie de la tribu ou du village planétaire, qui pourrait/devrait se percevoir comme collectivemnt menacé et donc s'unir autour de certaines valeurs communes. Nous avons malheureusement un passé un peu trop chargé être les meilleurs défenseurs de cette noble cause...

égéa : effectivement, l'idéologie de la croissance reste présentée comme la solution à tous les maux. Mais la décroissance, son jumeau inverse, n'est pas plus pertinent. D'où la nécessité de trouver une autre voie. Une croissance (progrès?) non économique ?

7. Le samedi 5 janvier 2013, 20:43 par

Timothy L. Thomas travaille depuis longtemps sur la Chine et le cyber, il a notamment proposé des comparaisons intéressantes des cyberstratégies des USA et Chinoise basées sur la culture militaire stratégique. Je n'ai pas réussi à obtenir les ouvrages que vous avez mis ici mais il existe d'autres textes en ligne, ou dans le collectif "Cyberpower and National Security"(NDU). De quoi se faire une première idée!

8. Le samedi 5 janvier 2013, 20:43 par yves cadiou

Pas vraiment d’accord avec le commentaire n°4 au sujet du logiciel louvois, je pense pourtant, comme l’auteur du commentaire n°4, qu’il faut parler de ce dysfonctionnement grave. Cependant je ne crois pas qu’il y ait une intention cachée derrière ce pataquès.

Le raisonnement n°4 est assez cohérent mais repose sur une base qui est erronée pour deux motifs :
1 le « crime » ne profite pas au budget de l’Etat, au contraire ce sera coûteux car les sommes dues devront de toute façon être payées (avec intérêts de retard au taux légal) et les dommages devront être indemnisés, le cas échéant après des procès dont les dépens seront à la charge de l’Etat ;
2 l’informatique de l’Etat ne fonctionne généralement pas si mal, j’ai eu l’occasion de constater la remarquable efficacité du réseau des Trésoriers-Payeurs-Généraux (services du ministère des finances déconcentrés dans les départements) : ils sont les comptables des dépenses de toutes les administrations civiles présentes sur leur département (administrations de l’Etat, des collectivités territoriales et des établissements publics administratifs) et je n’ai jamais vu ni entendu parler d’un bug sur ce réseau nonobstant cette énorme charge de travail.

Me souvenant de cette efficacité, j’imagine une solution pour résoudre louvois. Je la place ici comme une bouteille à la mer : elle finira par arriver quelque part.

En fait il faut jouer deux solutions complémentaires : une solution de fond, lourde, qui demandera du temps pour être mise en place (un an ou peut-être deux en tenant compte de l’incompétence et de la mollesse des élus locaux qui nous servent de ministres) et une solution provisoire facile et rapide à mettre en œuvre, gratuite, mais qui nécessite elle aussi une décision gouvernementale.

La solution de fond consiste à mettre fin au particularisme du paiement des soldes et à confier cette lourde tâche aux TPG : ceux-ci peuvent verser les soldes des unités stationnées sur leur département selon la même procédure que les paies des fonctionnaires de tous les ministères et de toutes les collectivités locales.

En attendant la mise en place de cette solution, qui nécessite de surmonter beaucoup de routines et qui nécessite donc non seulement du courage politique mais l’aptitude à ne pas être toujours du même avis que le dernier qui parle, il y a un palliatif : ordonner au deux banques d’Etat (c’est-à-dire La Poste et le Trésor Public) de consentir des prêts à taux zéro aux militaires qui en font la demande au motif de perturbations avérées dans le versement de leur solde ; il s’agit d’avances qui ne coûteront rien, ou pas grand’ chose, sur des soldes qui seront tôt ou tard versées, avances qui permettront aux militaires concernés de « voir venir ».

Il reste que lorsque cette affaire sera terminée, il faudra s’interroger sérieusement sur son origine et ses causes pour éviter que ça se reproduise. Il faudra franchir un tabou et poser tout haut une question qui fâche, qui n’est pas nouvelle et qui a réussi à rester tacite jusqu’à présent : se demander à quoi sert le Corps du Contrôle et pourquoi les armées doivent subir un système qui n’a pas cours dans les autres services publics.

égéa : oui, de façon sous-jacente se pose la question des corps de contrôle.


9. Le samedi 5 janvier 2013, 20:43 par yves cadiou

J’insiste à la suite de mon commentaire précédent (n°8) parce que cette affaire louvois est très grave. Le nombre de familles touchées n’est pas confidentiel et il suffit de parler un peu avec les gens d’active pour comprendre les dégâts que ça fait dans les Unités.

Lorsque dans un régiment vous avez cinquante ou cent familles qui sont touchées, ce sont non seulement cinquante ou cent militaires préoccupés, ce dont la qualité du service se ressent. Mais ce sont aussi tous les autres qui se demandent si la même chose va leur tomber sur la figure à leur tour. Dans ces conditions il faut craindre que, même dans les unités les plus opérationnelles, beaucoup se fassent porter pâles lorsqu'on leur parlera de partir en mission extérieure : ils ne veulent pas que leur famille, en plus des problèmes de l’absence et le cas échéant de l’angoisse liée aux dangers créés par l’ennemi, doive supporter des difficultés financières quand ils sont loin. C’est clair pour tous ceux qui, comme moi, fréquentent une ou deux Amicales régimentaires : cette affaire porte gravement atteinte au moral de l’armée.

Heureusement il reste les fusiliers marins et les commandos de l’air qui ne sont pas concernés par louvois et qui pourraient, s’il le fallait, fournir de l’infanterie.

L’atteinte au moral de l’armée est un délit. Par conséquent les responsables de cette affaire ne sont pas seulement passibles de sanctions disciplinaires mais ils sont passibles de poursuites judiciaires. D’ailleurs la tendance est à la judiciarisation : les stratifs ne sont pas exempts. L’enquête judiciaire devra déterminer si cette atteinte au moral est volontaire ou non. L’on imagine aisément que les enquêteurs se heurteront à une sorte d’omerta sous couvert de « secret défense » : ce sera l’occasion pour le ministre de lever le secret-défense et d’indiquer ainsi de quel côté il se place, celui des opérationnels ou celui des contrôleurs.

Je n’hésite pas, pour ma part, à me ranger du côté des opérationnels et à mettre en cause l’existence même du Corps du Contrôle. Je devine évidemment que l’on me répondra (à moi comme à tous ceux qui posent la question) que tous les grands ministères ont des corps d'inspection : inspection des finances, inspecteurs de l'éducation, inspecteurs des affaires sociales... Mais l’exemple des autres ministères n’est pas convaincant : par exemple le grand public a découvert, il y a un an ou deux, que le ministère de la Santé était phagocyté par les industries pharmaceutiques.

Surtout, concernant le ministère de la Défense se pose la question du double système d'inspection : il y a d’une part les inspecteurs généraux des armées (IGA) auprès du ministre pour les aspects opérationnels, montée en puissance, entraînement, moral... (ni les inspecteurs des finances ni le corps de contrôle ne savent vraiment contrôler ça) et il y a d’autre part les contrôleurs généraux pour les aspects juridiques et comptables, qui font double-emploi avec les commissaires (ex-intendants), désormais fusionnés dans un seul corps pour les trois armées.

On pourrait donc imaginer une fonction contrôlante mise en place dans l'IGA (inspection générale des armées), appuyée sur des commissaires généraux pour les aspects non opérationnels, ce qui éviterait la multiplication de chronométreurs et remettrait, de façon salutaire, les stratifs aux ordres des opérationnels.

Mais cette affaire qui porte gravement atteinte au moral des troupes et par conséquent à la disponibilité opérationnelle, démontre encore une fois que dans l’intérêt du Pays nous devons cesser de confier des responsabilités nationales à des élus locaux : lorsque le maire de Saint-Jean-de-Luz, de Lorient, d’Epaigne, arrive Boulevard Saint-Germain sans avoir la moindre idée de la géopolitique de la France ni des moyens qu’il faut y consacrer, il est évidemment paumé : à la cour du roi Pétaud, chacun cherche à acquérir une parcelle de pouvoir et à la conserver au mépris de l’intérêt général.

10. Le samedi 5 janvier 2013, 20:43 par Loup Voit

Sur le commentaire 4 commenté aux 8 et 9: il s'agissait de montrer que, si Louvois est un problème majeur, il s'inscrit dans un cadre qui interpelle et ne permet pas facilement de le considérer comme simple erreur technique de bonne foi:

- d'abord parce que les taux d'erreurs en tests étaient trop forts pour lancer l'affaire et mettre en danger le moral des armées et leurs conditions matérielles de vie. Ensuite parce que quand bien même on règlerait avec des bouts de ficelle ce problème, quid quand il faudra faire converger cet outil rafistolé vers le système en cours de construction, de manière totalement étanche, pour l'ensemble des salaires de la fonction publique? Car, pourquoi a-t-on traité les Armées à part, seules, alors qu'on a lancé récemment (2007...) un chantier (Opérateur National de Paye) qui devait les englober? La stabilité de toute éventuelle solution au problème Louvois n'est nullement assurée et les soldes sont en risque à horizons 2014 ou 2016 quand le nouveau système de paye national sera mis en route....

- ensuite parce que ceci s'inscrit dans un cadre de problématique plus large, plus profonde mais de même nature: les 6 milliards de retards qui donnent à l'Etat un fonds de roulement de 6 milliards au détriment des entreprises prestataires ne sont pas inhérents au seul Louvois/soldes, mais bien à Chorus. Et nous le redisons 6 milliards c'est bon pour l'état.

Quant à penser que des agents de l'état iraient se retourner en justice contre lui: bon courage pour la mission suicide, et sans espoir aucun. Et ce n'est guère différent pour les entreprises prestataires.

Par contre les prestataires informatiques retenus pour ce système, parfois en écartant arbitrairement de l'appel d'offre d'autres sociétés, eux touchent rubis sur l'ongle leur 1,2 milliards d'euros.... Y compris les étrangers qui ont ainsi une (trop) bonne vue sur nos turpitudes de tuyauterie budgétaire intime...

L'image de la cour du roi Pétaud est indiscutablement pertinente.

11. Le samedi 5 janvier 2013, 20:43 par yves cadiou

Le commentaire n°10 me laisse perplexe : j’aimerais en savoir plus. J’hésite à croire que quelqu’un ait pu prendre la responsabilité (future culpabilité grave et certaine) de déclencher volontairement des retards de paiement pour économiser provisoirement six milliards d’€uros. Malheureusement ce n’est pas totalement inimaginable de la part de décideurs politiques sans projet, incapables de faire autre chose que de la gestion au jour le jour, à coup d’expédients. Ce serait, si l’on en croit « loup voit » (l’anonymat rend la thèse d’autant plus douteuse), une bombe à retardement déclenchée en 2008 par des gens qui auraient eu la certitude de ne plus être au pouvoir quand elle éclaterait. C’est quand-même peu probable, mais j'admets qu'on ne peut pas jurer que c’est impossible.

Deuxième couche de la même peinture, « loup voit » nous apprend qu’une extension du même logiciel à la paie de tous les agents publics, logiciel nommé « opérateur national de paie », serait en préparation. Ceci signifierait la paralysie plus ou moins profonde de tous les services publics, à l’exception de ceux qui sont fournis par des établissements qui rémunèrent directement leurs personnels, c’est-à-dire EPIC et SEM.
EPIC, établissement public industriel et commercial, la liste est ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89...
SEM, société d’économie mixte, quelques exemples ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C...

C’est l’annonce de nombreux et lourds dysfonctionnements dans tous les services qui ne sont ni EPIC ni SEM, notamment les services de sécurité.

Par conséquent on aimerait savoir si une surprise stratégique est en préparation ?
C’est possible mais il ne faut pas crier au loup sans montrer le loup.

égéa : je tire de tout ceci un billet à paraître prochainement.

12. Le samedi 5 janvier 2013, 20:43 par

Bonjour,
Merci pour la mention de mon livre sur la Belgique et la Grande Guerre, que je découvre maintenant !
Michaël Bourlet

13. Le samedi 5 janvier 2013, 20:43 par Voilou

En réponse à Loup Voit sur ces 2 commentaires
Je peux vous assurer que vous fantasmez beaucoup ou vous supputez un peu trop sur les lancements des projets, ses arrêts, la position de SAP. Tout au plus, on peut déplorer que la DSI de l'Etat ait vu le jour 10 à 15 ans trop tard, occasionnant ainsi des trajectoires non coordonnées et un manque de compétence des agents non formés, laissant ainsi la main aux prestataires. CHORUS a été un programme très difficile et c'est le cas des autres grands programmes informatiques de l'Etat. Mais pour le coup, la question est pourquoi payer autant de grands cabinets de conseils pour des visions peu pertinentes ? Dommage qu'il n'y ait pas de autorité de surveillance de la concurrence plus intrusive...

égéa : je ne suis pas contre les commentaires sous pseudo, mais cela m'agace beaucoup les adresse mail farfelues que l'on met. Qu'est-ce à dire ? qu'on veut s'exprimer, mais toujours sous couvert car n'est-ce pas vous comprenez ... et toutes les théories du complot ? de qui se moque-t-on ? Non, je ne comprends pas.

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