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Mélanges hebdo 10/03

Semaine tranquille, où l'on perçoit les premières effluves du printemps. Regardez bien : les rameaux qui sortent, le départ du boulot quand il fait encore jour, une température plus douce... Et puis quelques cueillettes : mondialisation, cyberattaques, ennemi intérieur, rugby, journalistes, Chavez, Nouvelle Calédonie, US, Afrique, Mali, Tchad, influence, budget de défense, Otan, Portugal, Marc Bloch, Libicki, déclin de l'armée française, Bepe Grilo, M. Cimino, dissuasion, cybervoleurs, Asie centrale, genre, relations franco-allemandes, révolutions arabes, renseignement, recherche stratégique.

source

Avis, news et bric-à-brac

Mondialisation = extension de la sphère marchande à ce qui n'était pas marchand "avant" : voici une belle définition que m'envoie un correspondant : pas géographique mais capitaliste, dans la suite de Braudel et Wallerstein...

Passionnante, cette cartographie des cyberattaques en temps réel.

Un de mes correspondants cherche des références sur la notion d'ennemi intérieur. Je lui réponds que d'après les classiques de la philosophie politique, sur le sujet de la guerre, l’État existe en réaction à la guerre extérieure et la guerre intérieure, civile. Je lui pose dès lors la question : qu'entend-il par "ennemi intérieur" : celui qui cause la guerre civile (les Huguenots sous Richelieu, pour faire simple) ? ou les complices intérieurs de l'ennemi extérieurs ? (même si souvent, dans une guerre civile, les opposants sont régulièrement accusés d'être à la solde d'un ennemi extérieur, etc.).

Zara, c'est le Big Data du réel. Faut que je développe, je sais...

Bon, on ne sera pas cuillère de bois cette année, c'est déjà ça. En ces temps de vache maigre (et pas sacrée : plus rien n'est sacré d'ailleurs), il faut savoir se contenter des joies sobres.

Souvent, les journalistes nous expliquent qu'ils sont les garants de la démocratie. Leur perte de pouvoir signifie donc un "recul" de la démocratie ? Ou plutôt un déclin simultané, une inadaptation ?

L'actualité confronte Marc Bloch et Stéphane Hessel. L'un mérite assurément le Panthéon, et on ne parle que de l'autre. C'est indigne ! C'est étrange !

Le choc géopolitique de la semaine

Le décès d'Hugo Chavez au Vénézuéla. Il ne fut pas le saint homme que nous chantent unanimement les alter et post-communistes. N'est pas non plus l'abruti fini, néo-Staline décrit par les libéraux. Il a fait reculer les inégalités et l'analphabétisme, mais à partir de la seule rente pétrolière, avec des solutions économiques qui n'étaient pas des solutions. Bref, entre un bilan en demi-teinte et un sombre bilan, je préfère encore les bilans en demi-teinte. Le pétrole ? Ben comparons, justement, avec les autres rentes pétrolières : Angola, Nigéria : c'est ça, le modèle ? Bref, l'homme n'est pas aussi caricatural que le disent ses partisans ni ses opposants. Et le choc géopolitique ? Ben cela veut dire que droite et gauche n'ont plus de sens, encore une fois. Pour certains, cela devrait être un choc... Mais si on comprend bien ce qui se passe, entre la souveraineté débitrice et la souveraineté militaire, il y a des choix difficiles. Et des Livres Blancs qui se réécrivent à toute allure... Du long terme, quoi.

Parutions

Articles

Événements

Cinéma : La porte du paradis, de Michal Cimino, ressort. A voir, paraît-il. Les Américains n'ont pas aimé.

14 Mars : AGS et son café stratégique mensuel : OÙ VA LA DISSUASION NUCLÉAIRE FRANÇAISE ?, avec Philippe Wodka-Gallien, chercheur associé à l’Institut Français d’Analyse Stratégique. AU Concorde, de 19 à 21h00, comme d’habitude.

18 mars : L'EPITA, l'école des ingénieurs du numérique, membre de IONIS Education Group, organise sa conférence annuelle TIC & Géopolitique, cette année sur le thème Cybergendarmes vs cybervoleurs : le crime numérique paie-t-il ? L'événement animé par Nicolas Arpagian, rédacteur en chef de Prospective Stratégique, se déroulera le lundi 18 mars 2013 de 14h à 18h à l'Ecole Militaire (Paris 7e). Programme et intervenants. Inscription avant le 12 mars.

19 mars : Chaire de géopolitique : Asie centrale, Chine, Inde: quels enjeux? par Isabella DAMIANI Enseignante à l'Université du Littoral Côte d'Opale, Mardi 19 mars 2013, de 18h à 19h30, Université Paris Dauphine Amphi 11 (s/sol, bâtiment A, accès par la cour d'honneur). Inscription obligatoire.

20 mars : Sous le patronage de l'Institut Turgot, le mercredi 20 mars 2013 (19h30-21h30) dans l'une des salles de l'Assemblée nationale (entrée par le 126 rue de l'Université, Paris 75006), on peut venir écouter Drieu Godefridi parler de "l'étrange empire de la théorie du genre sur l'évolution du droit contemporain". Inscriptions

20 mars (et 10 avril) : A l’occasion de l’année du cinquantième anniversaire du Traité de l’Elysée, le Forum du Futur organise deux séminaires sur les relations franco-allemandes : l’un le 20 mars sur les problèmes de compétitivité industrielle ; l’autre le 10 avril sur les coopérations de défense.Inscriptions.

25 mars : Pascal CHAIGNEAU et Pierre PASCALLON (sous la direction de) avec Samir AITA – Mustapha BENCHENANE – Jean DUFOURCQ – Khalid EL JIM –Derek EL ZEIN – Thierry GARCIN – Annie GRUBER – Fouad NOHRA – Ahmed OUNAÏES – Michel RAIMBAUD – Michaël J. STRAUSS – Bassam TAYARA, seraient très heureux et très honorés de votre présence pour le lancement de leur ouvrage : Que devient la sécurité euro-méditerranéenne avec les révolutions arabes ?+ L’Harmattan. mars 2013 et à la table ronde qui suivra sur le thème : Quel bilan pour les révolutions arabes en ce printemps 2013 ?++ avec : Jean-Louis GUIGOU, délégué général de l’Institut de Prospective économique du Monde méditerranéen le lundi 25 mars 2013 de 17h à 20h, à l'Irea – Maison de l’Afrique – 7 rue des Carmes – PARIS 5e, (métro : Maubert-Mutualité). Inscription – réponse souhaitée pour le jeudi 21 mars au plus tard.

26 Mars : La Revue Défense Nationale est heureuse de vous inviter à la séance « Du renseignement ». Sous la présidence de l’amiral Jean Dufourcq, rédacteur en chef de la RDN, des auteurs du numéro de décembre 2012 1 débattront sur le thème « Espace public, espace secret, la place du renseignement » le Mardi 26 mars 2013 de 17 h 30 à 19 h à l"école militaire. Inscriptions à la RDN.

8 avril : 1er séminaire consacré à la recherche stratégique de défense, conjointement organisé par la Délégation aux affaires stratégiques et l'Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) en date du lundi 08 avril 2013. Cette rencontre donnera lieu à la présentation d'une sélection d'études prospectives et stratégiques ayant recueillies les meilleures évaluations annuelles. Au-delà, il s'agira à la fois de présenter l'ambition et les orientations du ministère en la matière, mais également de valoriser les instituts de recherche français. Ce séminaire, appelé à être pérennisé, donnera lieu à une couverture médiatique spécifique. Inscription (obligatoire).

O. Kempf

Commentaires

1. Le samedi 9 mars 2013, 20:38 par oodbae

A propos du livre blanc, j'ai une petite histoire. C'est l'histoire d'Archeos, une société francaise de high-tech, qui proposait un lecteur de musique MP3 qu'Apple a imité puis vendu sous le célèbre nom d'iPod, un an après la sortie de l'appareil d'Archeos. Pourtant l'histoire a retenu que l'IPod fut une révolution et Apple a engrangé les milliards pendant qu'Archeos a fait face à des difficultés financières et a même subi des procès pour violation de brevets, alors que l'entreprise avait la primeur du produit.
En cause, la stratégie du patron d'Archeos qui tient le marketing pour de la poudre d'escampette, un ingénieur de coeur qui ne jure que par la technique quand Apple vend une marque avant de vendre un produit. Il a cru qu'il n'avait qu'à proposer le meilleur produit et les achats viendraient à lui et le chiffre d'affaire croîtrait automatiquement. Quel intérêt de payer des concerts publics avec des rappeurs analphabètes? Quel intérêt de financer des films publicitaires montrant le lecteur comme partie intégrante de la panoplie de Casanova? Quel intérêt de faconner une légende autour du chef d'entreprise?
"Aucun", s'est probablement dit le patron d'Archeos. Et résultat: pertes financières, procès pour violation de brevet, délocalisation de la production et suppression d'emplois. Pourtant, le produit était à l'origine novateur ( un iPod un an en avance) et à performance supérieure.

Voilà la fin de l'histoire. Si l'armée souhaite avoir un budget, elle doit aller vers le peuple pour faire reconnaître son utilité et surtout faire connaître son rôle mondial. Comment se fait il qu'il n'y ait pas encore de film primé à cannes racontant la romance improbable entre pakatorilo, indonésienne, et abdel, de la marine francaise, ayant porté secours en Indonésie après le tsunami (noms inventés) ? Pourquoi l'image de De Gaulle est monopolisee par un parti politique, alors qu'il s'agit d'un soldat (un colonel) qui a de fait pris la tête de la France libre, imposé la création d'une nouvelle république, réglé la question algerienne, bref un héros ?

L'armée francaise ... se repose sur ses lauriers ou est enfermée dans sa tour d'ivoire, je ne sais pas, mais il semble qu'elle répugne à se rabaisser à envoyer des gens à C dans l'air, on n'est pas couché, aux matinales de RMC, europe 1, etc. Les soldats ne craignent pas les balles ennemies mais l'armée semble craindre le cirque médiatique. Voilà un point faible de la défense francaise.
Le résultat est que le président a promis 30 000 postes de profs mais personne ne bougera si 10 000 postes sont encore supprimés dans l'armée.

Tout n'est pas tout noir ou tout blanc. L'armée continue de se produire sur les champs-elysee le 14 juillet, elle s'expose régulièrement en public, par exemple sur le champ de mars. Les campagnes publicitaires pour le recrutement rendent l'armée visible pour tous. Mais elle est absente des médias. L'armée doit se faire mieux représenter dans le monde médiatique et la culture. On se moque souvent de la CIA qui a ses bureaux á Hollywood. Oui mais, au moins ca marche alors l'armée francaise devrait s'en inspirer pour conserver ses crédits.

2. Le samedi 9 mars 2013, 20:38 par Pascal D

Merci infiniment de votre vision équilibrée du choc géopolitique de la semaine .

3. Le samedi 9 mars 2013, 20:38 par Colin L'Hermet

Bonjour,

@ comment#1
Pas Archeos, mais Archos, anagramme du nom du concepteur-pdt Chroas (Henri de son p'tit nom d'baptême).
Quant à leur stratégie, elle n'a pas été le modèle déontologicomignon que vous décrivez dont le marketing, manquant, serait l'élément clef : le fameux produit miracle a été assemblé à partir d'éléments en provenance de Chine pour raison classique de coût, ses composants ont connu les aléas de ce type d'appro en terme de qualité, et un plantage complet dans le SAV.
Résultat, ils ont fini par revoir leur créneau de positionnement et se sont acoquinnés avec de nouveaux partenaires asiatiques pour descendre en gamme dans cette fameuse qualité et produire des matériels sous rebranding faisant la péréquation de leurs capacités faiblissantes et de la saturation progressive du marché.

Ceteris paribus sic stantibus, je ne souhaite pas à l'armée française de devoir réduire sa stratégie parce qu'elle aurait historiquement raté le RdV du marketing./.

Bien à tous,
Cl'H./.

4. Le samedi 9 mars 2013, 20:38 par yves cadiou

"Surcouf le retour" : je suis très sceptique quant à ces prétendus "jeunes officiers du mouvement Marc Bloch" : je crois qu’ils ne sont pas ce qu’ils disent, ou plutôt « qu’il n’est pas ce qu’il dit », car il n’y a probablement qu’un rédacteur.
On ne retrouve dans ce texte aucun des signes qui permettent de reconnaître le mili. Dans les textes courts, ces signes sont difficiles à placer discrètement mais ici le texte serait assez long pour les y insérer facilement. Quant à l’argumentaire, sans originalité ni nouveauté, inutile parce que déjà entendu cent fois et pas toujours sous anonymat, il suffit de le glaner sur internet.
Ce communiqué sert seulement à accréditer l’idée qu’il existerait un mouvement clandestin de "jeunes officiers du mouvement Marc Bloch". Pour moi, jusqu’à preuve du contraire c’est bidon.
Le poisson d'avril est en avance, cette année.

5. Le samedi 9 mars 2013, 20:38 par panou34

Merci pour votre position sur la mort de Chavez.Un point n'a pas été souligné au sujet de la déclaration du ministre guadeloupéen Lurel:la proximité géographique de nos départements antillais avec le Vénézuela (à peine 800 kms). Chavez a aidé en pétrole sonnant et trébuchant ses alliés naturels de la région:Cuba et Nicaragua. Mais son aide a été également dirigée vers d'autres pays idéologiquement éloignés notamment dans les Caraîbes,parmi eux Jamaîque,Haiti,Saint Domingue. Cet altruisme lui a valu une popularité dans la région et a certainement eu un effet de contagion sur le personnel politique de nos DOM antillais même si Lurel s'est beaucoup aventuré. Je ne pense pas que Chavez se soit inspiré de Léon Blum mais j'ai pu constater sur place en 1998 que la premiére campagne électorale de Chavez faisait souvent allusion au général de Gaulle à la fois dans la réforme constitutionnelle nécessaire à Caracas et bien sûr dans la prise de distance avec les E-U. Quant à son style provocateur en politique étrangére n'oublions pas le Quebec libre,la sortie de l'Otan,le discours de Pnom-Penh,l'Europe de l'Atlantique à l'Oural(boliviarisme à l'européenne!!) qui ne faisaient pas non plus dans la dentelle diplomatique. Une diplomatie de ''corps de garde'' qui sortait du gueuloir de chefs militaires qui laisseront une trace et une influence dans l'histoire. Pour le continent africain on peut citer dans la même lignée Sankara.

6. Le samedi 9 mars 2013, 20:38 par oodbae

@L'hermet:

Archos ou Archeos, c'est pareil, mais bon merci pour la précision, ca facilite les recherches internet... Les éléments venaient de Chine? et alors, les produits Apple ne sont pas fabriqués en Suède aux dernières nouvelles. Il n'empêche qu'Archos a la moitié du personnel en France et que la part francaise était à 100% au départ.
De plus, la qualité aléatoire s'est détériorée justement à cause des faibles ventes malgré les investissements et les concepts novateurs. Les faiblesses du SAV, la fiabilité aléatoire que vous pointez du doigt ne sont que d'autres manifestations de cette conception de l'entreprise typique d'un ingénieur centré sur son monde, comme il en existe encore beaucoup, et surtout beaucoup trop en France où des milliers de responsables sortent d'écoles d'ingénieur et se figurent que la gestion d'entreprise est à portée de chacun ou en tout cas à leur portée puisqu'ils ont réussi maths spé alors rien ne peut leur échapper surtout pas après 20 ans de côtisations, et où on s'imagine qu'il suffit de produire un produit novateur et techniquement performant pour attirer les masses de clients. D'après cette vision, le produit techniquement meilleur doit l'emporter.
Quand un concurrent se donne les moyens de faire du produit, dans le cas présent du lecteur MP3, un produit très grand public à une époque où l'ADSL venait de se répandre et laissait prévoir une explosion de la demande, les qualités techniques ne sont pourtant plus essentielles pour conserver des parts de marché ou au moins pas rédhibitoires. De plus, à la différence d'une marque comme Sony(Vaio), Archos ne bénéficiait pas de la reconnaissance de la marque.

La clé du succès d'Apple n'est pas la qualité technique de leurs produits mais le marketing, l'ergonomie et le design.

Vous pouvez ergoter sur l'exactitude des failles de la stratégie d'Archos que je présente, il reste pourtant vrai à la lecture de nos deux commentaires qu'Archos a clairement failli dans sa relation-client (1) et que cela est notamment du à une conception surannée du business (2) sur des marchés saturés (3) et dans un secteur industriel où les retours sur investissements doivent être rapides (4) du fait de l'évolution accélérée des technologies. Sur ce dernier point, on pourra toujours garder en tête la loi de Moore comme boussole.

Il y a deux visions possibles pour établir une analogie avec l'armée francaise. Ou bien on se figure qu'il ne faut pas appliquer les modèles de gestion d'entreprise, de haute-technologie ou autre, à l'armée parce que l'armée est une institution, parce que l'armée est sacrée, ou autre.
Ou bien on ouvre son esprit, on aère. Je crois que l'armée a choisi la deuxième solution ou y a été contrainte. D'après "géopolitique de la France " (Kempf, 2012), On évoque la rationalisation toujours plus poussée de l'armée francaise depuis la professionalisation de 1995. Les fermetures de casernes sous Sarkozy sur le territoire métropolitain considéré comme non menacé laissent entrevoir au citoyen lambda une hiérarchisation rationelle des coûts.

De ce point de vue, il me semble que sur les points (2), (3) et (4), quelques éléments sont à mettre au crédit de l'armée:
- adaptation aux guerres expéditionnaires (déjà à l'époque de Suez), contre-insurrections depuis Galula et la guerre d'Algérie, entretien de forces spéciales, etc [par rapport aux conceptions surannées]
- bonne performance par rapport aux coûts de l'armée (entretien du matériel, coûts de fonctionnement, réactivité en cas d'intervention, succès sur le terrain , cf Kapisa en Afghanistan, etc), polyvalence, autonomie même en dehors de l'OTAN ou de l'ONU ou de la PESD ou de toute alliance institutionelle. Au Mali, le Tchad est l'allié principal (et la Belgique?). (par rapport aux marchés saturés)
- La France intervient régulièrement depuis 45. Afghanistan, Ex-Yougoslavie,Lybie, Mali, Cote d'Ivoire pour les plus récentes. Qu'on approuve ou pas, on voit au moins qu'elle agit. Les investissements matériels mais aussi des innovations tactiques peuvent être expérimentés. (par rapport aux retours sur investissements)

Il reste que pour le payeur , et là on se demande si on parle du client, de l'acheteur ou du bénéficiaire du service pour la vision commerciale, et si on parle de l'état, du peuple ou de la nation pour la vision institutionelle de l'armée, il y a du travail à faire pour le convaincre, le payeur, de voter en fonction du rôle attribué à l'armée et des crédits qui lui sont alloués.
Il suffit de se rappeler la campagne présidentielle, lorsque Mme Joly a proposé de remplacer le défilé militaire du 14 juillet par un défilé citoyen. Une majorité de sondés, de mémoire de l'ordre de 65%, trouva cela inutile ou superflu, parce qu'une majorité de gens veulent encore une armée.
Mais combien sont ils ceux qui veulent payer pour celle-ci? Combien de sondés soutiendraient une augmentation des crédits de l'armée de 15% à budget global de l'état constant?

Pour que cette part augmente, il y a un sérieux investissement marketing à faire. Sinon, l'armée sera balayée par les tenants du soft power du genre de Guillon (faut il supprimer l'armée francaise? - 2011) qui argumenteront qu'en cas d'extrême nécessité, on pourra employer des sociétés militaires privées du genre de Blackwater.
Hors, une campagne marketing passe évidemment par le cirque médiatique, d'où l'armée est pour ainsi dire absente, ce qui confirme que l'armée n'a pas de stratégie marketing ambitieuse.
Du reste, on voit bien que le marketing auprès du peuple francais forme un enjeu militaire stratégique puisque si l'armée francaise est difficilement battable sur le terrain, elle est apparemment presque supprimable institutionellement, comme le montrent les restrictions hollandaises (les Pays-Bas, pas notre président), et comme le montre l'étude de la détérioratin du statut de soldat dans les années 30 où tout fut fait pour saboter l'armée francaise pourtant meilleurs du monde dans les années 20 pour aboutir au désastre de 40.

Cordialement
oodbae

PS: Diese Art stets lateinische Zitate einzugeben, ohne mal die Übersetzung in Anhang anzugeben, ist echt pedantisch. Aber zum ersten Mal haben Sie ein Kommentar geschrieben, das sonst verständlich ist. Die Hoffnung stirbt zuletzt!

7. Le samedi 9 mars 2013, 20:38 par Colin L'hermet

'tag !

fuer Oodbae.
Ich habe auch deutsch gelernt und gesprochen als ich juenger war ; so : Ceteris paribus sic stantibus bedeutet Toutes choses égales par ailleurs.
Ich haette auch schreiben konnen : mutatis mutandis, als Toutes comparaisons gardées.

Aber, auf franzosisch :
Pas faux du tout, vos remarques.
(sauf celle sur l'inattendue clarté de mon propos, mais il fallait bien que vous soyez cassant, hein).

Ainsi c'est toute la question de la stratégie de l'articulation politico-militaire française qui est au coeur de votre réflexion.
Or il y a un (des) passif(s) historique(s) :
. La grande Muette, gardienne forcée de la République après avoir épaulé l'Empire ;
. Un Etat fragile qui fiche ses officiers et tente de les séparer de l'Eglise au cours de la relégation de la religion dans la sphère privée-intime ;
. Le triple traumatisme d'une étrange défaite, d'une collaboration d'Etat et d'une défaite postcoloniale (avec Dien Bien Phû la France a son Port Arthur) ;
. La difficulté de faire émerger une arme de dissuasion nucléaire tout en préparant les tanks à se faire hacher menu sur la plaine européenne ;
. L'alternance politique avec des partis issus d'un courant socialisant, soupçonné de vendre le pays à l'URSS ou au moins au GRU ;
. La mutation délicate de la professionalisation sans faire réémerger le fantasme du coup d'Etat militaire ;
. La MCO coûteuse de tout un arsenal à la sophistication croissante (et les coûts en corrélation) dans un contexte d'essoufflement économique et de 2nd choc pétrolier d'où une indisponibilité opérationnelle supérieure aux prévisions ;
. La problématique d'un éventuel recours aux SMP sans saper la force vive des institutions militaires et sans atteindre les honteux contremplois anglo-saxons ;
. La mise sous perfusion d'une BITD nationale qui finit par se créer une bulle locale de survalorisation-facturation artificielle au même titre que le reste de l'industrie nationale sans pour autant marquer un saut qualitatif proportionel avec la concurrence étrangère ;
. La préservation de la souveraineté et des intérêts nationaux dans un élan centrifuge de dilution européenne proposant pooling 'n sharing.

Ma liste du bistrot du commerce est suffisamment longue comme cela.

Je voulais juste mettre en avant que la communication et le marketing que l'Armée (l'Armée, quel numéro ? Elysée ? Hotel de Brienne ? SGA ? E-MA ? Balard ? Creil ?) ont un passé, et que le changement de cap d'un tel paquebot passe par une courbe longue.
Ne cédons pas à l'immédiateté des marketing et objectifs de (trop) court-terme et donnons-nous le temps.
On viendra m'objecter que c'est le monde qui dicte ce tempo, mais il faudra me le prouver clairement.
Le champ militaire poursuit sa mutation, longue.
Le politique vient lui casser le cocon tous les deux matins avec un nouveau calcul au doigt mouillé ; et effectivement dans 17 ans il ne restera plus rien de l'appareil défensif français (et donc européen puisqu'on y tient une place majeure avec l'UK).

Un vague espoir sectoriel, et il est globalement apocalyptique.

On réduit notre toile, armée échantillonnaire et hautement sophistiquée, vaguement projetable quoiqu'avec des lacunes capacitaires et repliée sur ses intérêts proches (on oublie les DOM-COM en terme de défense territoriale stricte) tout en continuant de beugler un appel à la synergie européenne (cf billet de l'Aml.Dufourcq).
Ca finit par pétér grossement quelque part sur nos marches (ni Corée ni Iran), on part en affrontement majeur interétatique duquel l'Europe sort vainqueur avec env. 12000 morts mais l'adversaire laminé. Relance économique dans la foulée, cohésion nationale (voire continentale) "artificiellement" (re)forgée.
Remise des compteurs à zéro, on repart pour 50 ans.

C'est au-delà du marketing : c'est ce qui nous pend au nez si on ne gère pas mieux la question des risques et l'adéquation des moyens à y consacrer.
L'Armée n'a pas de marge, c'est au politique d'arrêter de gérer comme il le fait./.

Tschuess,
Colin./.

8. Le samedi 9 mars 2013, 20:38 par yves cadiou

@3 & 6 : Google itzulpen eta umore pixka batekin esker, irakurri eta hizkuntza guztietan idatzi dezakezu.

9. Le samedi 9 mars 2013, 20:38 par Colin L'hermet

Bonjour M. Cadiou,

Je suis inquiet (mais c'est normal, c'est mon naturel).
A vous lire souvent, j'aurais parié que c'était du breton. Et plus je le lis (sans le comprendre, mais là aussi c'est naturel chez moi) plus ça ressemble à de l'euskara (une phrase qui contient ETA en 3eme mot et qui finit en ZU).
:)
Mais y'a peut-être pas assez de X.

Quelle langue est-ce ? Et que veut-ce dire ? Pouvez-vous nous éclairer ?
./.

Bien respectueusement,
Colin./.

10. Le samedi 9 mars 2013, 20:38 par yves cadiou

@ Monsieur L’Hermet,

Oui c’est du basque : une langue dont je n’ai pas la moindre notion. Cette phrase mystérieuse est une traduction électronique qui m’a été donnée par google-traduction et qui signifiait, dans sa version française d’origine « grâce à la traduction google et avec un peu d’humour, on peut lire et écrire toutes les langues. » A l'exception toutefois du breton qui ne figure pas dans les langues proposées et qui par conséquent ne convenait pas pour ma démonstration.

Vous pouvez essayer : le système détecte la langue et traduit dans la langue de votre choix. Les traductions ne sont pas excellentes, c’est souvent du charabia, mais elles sont compréhensibles à condition que le texte d’origine ait lui-même une signification.

Grâce à ce système (qui ne cessera sûrement pas de progresser), il m’est arrivé d’avoir des conversations avec des correspondants vraiment exotiques pour moi, ce qui permet de vérifier (avec circonspection toutefois) des infos venues de loin.

11. Le samedi 9 mars 2013, 20:38 par oodbae

@8: ווען איר האָט גאָרנישט אַנדערש צו טאָן!

12. Le samedi 9 mars 2013, 20:38 par oodbae

@L'hermet: merci pour la réponse.

En bref, j'ai raison. merci d'avoir soutenu mon propos. vous n'en êtes pas conscient parce que vous croyez que le marketing est court-termiste, mais au contraire le marketing est une vision à long-terme qui peut concerner un produit dans ses cycles de vie, mais aussi l'entreprise entière. Il ne faut confondre ni avec le packaging (l'emballage), ni avec l'advertising campaign (la campagne publicitaire).

cordialement

PS: traduction entre parenthèses pour s'épargner google ;-)

13. Le samedi 9 mars 2013, 20:38 par Colin L'hermet

Bonsoir à tous,

@Oodbae,
Oui vous avez raison, et également sur l'intérêt d'un campagne de marketing et son intégration à la stratégie de l'entreprise.

Mais ce que je veux signifier pour ma part en filant la métaphore c'est que le marketing, en dépit de sa traduction apparente, peut faire le marché mais il n'est pas le marché.
Le marketing consiste à étudier l'état du marché. Il lui est externe. Il éclaire l'état initial, puis en feedback il intervient sur le marché, il l'infléchit, il le distord, mais il ne l'englobe pas.
C'est en cela que le marketing est "court".
Ce n'est pas le court de sa vue, c'est le court de ses bras.

Par ailleurs, un outil n'est pas court ou long termiste per se ; un outil est un outil. L'usage long ou court que l'on en fait, son usage sur un travail appeler à durer, tout cela échappe à sa caractéristique propre.
Sa caractéristique propre ne fait que de porter à le choisir ou non. Et cela, c'est l'analyse du contexte qui le dicte.

Voir ne suffit pas, encore faut-il pouvoir agir.
Et même, dans notre cas, vouloir agir.
On en revient au contexte et à son rôle dans le processus de décision (étant naïvement posé que les décisions se prendraient sur la base de réflexion et d'analyse, ce dont peut parfois finir par douter même un bon samouraï de l'Etat).
Un bon marketing va pouvoir venir infléchir les perceptions de ce contexte. En quelque sorte soit éclairer de pureté l'état de concurrence (étude de marché), soit fausser le jeu de l'asymétrie informationnelle.

De la même manière que la prospective permet d'explorer le champ des possibles, le marketing au sens où vous le présentez devrait servir de caisse de résonnance à une impulsion politique attendue.
- Vous proposez une réforme-amélioration du faire-savoir-son-savoir-faire pour le militaire ;
- L'armée interroge le politique sur les moyens alloués à ce savoir-faire et son maintien ;
- Le politique voudrait ne pas avoir à faire.

C'est là que les choses se compliquent donc, avec un ensemble bicéphale "militaire-qui-fait-des-choses-sales-pour-le-bien-commun + politique-qui-présente-bien-les-choses-sales-faites-pour-le-bien-commun-dont-il-a-la-charge" qui peut devenir incapable de prendre la décision initiale, entre la divergence des regards de ses 2 têtes, le nombre de bouche (une seule, l'autre étant la grande muette), des oreilles qui captent des sons discordants pour chaque tête contrefaite.
Je n'ose compter le nombre de cerveaux de peur de devenir désobligeant pour l'une des pauvres têtes.
Bref, l'impulsion peut tarder à venir, et les cris qui s'échappent du bicéphale ne sont pas toujours en résonnance avec la marche du monde.

On est dans la Parade infernale de Todd Browning, là. Ou chez Goya. Pas le génial colonel, l'autre, le génial crobardeux magni-horrifique.

Le Livre Blanc saura-t-il sauver les têtes siamoises ? Seront-elles séparées ? Sont-elles seulement séparables ? La petite tête muette réussira-t-elle son marketing pour se faire entendre du Mandarinat ? Le diagnostic et l'opération seront délicats, et on me fait savoir que le groupe électrogène subira une indisponibilité technique dans le cours de l'intervention, en raison de toutes ces intempéries hors de saison. A vos bougies !

Au fait, comment on en est venus à parler de cela sur un billet de mélanges hebdos ?
;)

Bien à tous,
Colin./.

14. Le samedi 9 mars 2013, 20:38 par Hans De Marie

Intéressant l'article sur le Tchad.

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