Pensées fugaces
Des tas de gens me demandent d'être en lien sur un réseau professionnel. Je dis oui à toutes les demandes de lien, sans avoir compris à quoi servait ce truc. Cela me fait penser aux collections de cartes qu'on faisait, quand nous étions gamins. Cela étant, cela permet aussi de retrouver des connaissances de projets passés. Mais comme je vais sur cet espace tous les mois et demi, nous dirons que c'est de la sociabilité basse.
Contrairement à ce que j'ai longtemps cru, la DAMB (défense antimissile) ne menace pas la dissuasion. C'est la réflexion que je me faisais l'autre jour en écoutant Camille Grand à un colloque intéressant, malgré les oukases des uns et les lazzis des autres. Preuve que malgré ce que beaucoup racontent, il demeure un débat sur le nucléaire (voir par exemple cet article du Gal Paris). Or donc, la DAMB n'a de sens que pour des missiles rustiques. Elle est facilement contournable, sans même parler des afflux, leurres et mirvages des puissances les plus évoluées. Enfin, elle perd tout son intérêt le jour où l'accord avec l'Iran sera signé...
2013 sera donc l'année où l'on aura commémoré le 35° anniversaire de la CNIL, découvert le scandale de PRISM, et voté un article de la LPM qui autorise un PRISM à la française (voir ici).
Ce sera aussi l'année où l'on aura vu non seulement des manifestations anti-impôts, mais des policiers rejoindre les manifestants. Non, pas en Bretagne, mais à Turin, Italie (ici).
Je ne sais pas pourquoi je mets ces deux paragraphes l'un après l'autre....
Revenons sur cet article de loi : certes, les opposants sont soutenus par le lobby des grands éditeurs américains. Je veux bien croire qu'il y a là des arrières pensées, mais qu'on admette aussi le soupçon d'arrières pensées dans le projet. On me dit qu'il comble une lacune : fort bien, mais pourquoi un texte régissant les actions de police doit-il être partie d'une Loi de Programmation militaire ? Certes, mieux vaut réglementer que de laisser l'imprécision : il reste que la manière est maladroite et donne une impression très fâcheuse, d'un Patriot Act intervenant au mauvais moment. Surtout, le moment est particulièrement mal choisi, d'autant qu'on n'a pas eu l'impression que l’État avait été si choqué que ça par l'affaire PRISM. Quant il s'agit de libertés publiques, autant être irréprochable et faire les choses dans la transparence. Ce ne fut pas le cas.
« Seigneur pardonne à la France qui dit bien la voie droite et chemine par des sentiers obliques ». Léopold Sédar Senghor. Léopold, je crains que cela fait longtemps que la France ne dit plus la voie droite. Quant à ses chemins, ils sont impénétrables.
5 décembre, attentat à la bombe à Sanaa, au Yémen. 52 morts et 167 blessés. Personne n’en a parlé. Si le terrorisme tue, c’est quasiment toujours hors d’Europe et surtout des musulmans.
De janvier à septembre 2013 : 10 incidents de piraterie au large de la Somalie, 40 dans le golfe de Guinée. Pour l’instant, plus pour du vol (de pétrole) que de prises d’otages.
La partition comme arme politique : dès qu’il y a des tensions, on imagine des solutions « chimiquement pures » selon un critère ethnique bien évidemment critiquable. Surtout, il s’agit aussi de créer un camp ami par rapport à un camp ennemi. Timor (oriental), Soudan (sud), Serbie (Montenegro/Kosovo). Ukraine ? Il n'y a pas de solution géographique aux problèmes du monde.... L'ethnicisation est un leurre, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes une illusion dangereuse.
Tiens, une sorte de dissuasion conventionnelle, qui va au-delà des drones et dont personne ne parle, le Prompt global strike. Je sais, le lien pointe vers un site russe. Ce n'est pas pour autant que c'est faux. Quant au discours russe, il est dans la lignée de ce qu'ils répondent au projet de DAMB. Celui-ci est irréalisable techniquement, ce qui est probablement une des raisons de PGS. Au fond, c'est de l'IRCBM conventionnel et ciblé. Le moyen de se passer du nucléaire. Mais quand tu es en face, le nucléaire possède un pouvoir égalisateur. C'est le pouvoir égalisateur de l'atome non seulement avec l'autre atome, mais avec la dissymétrie conventionnelle de l’adversaire (et dans ce cas, de PGS). Tout le monde va racontant des fadaises sur l'asymétrie, oubliant l'importance de la dissymétrie dans les calculs stratégiques.
Suite de mon billet sur l'Allemagne, et venant le confirmer : cet article où Berlin sabote allègrement l’Union Bancaire.
Livre reçu, acheté, paru ou lu (ou un peu de tout ça)
- De la guerre à la communauté universelle par Monique Chemillier Gendreau.
- Influence, de l'Algérie à l’Afghanistan (LCL B Gaillot) : une fiche de lecture
- Le n°67 de la revue Géoéconomie vient de paraitre ! Au sommaire : Gianmarco MONSELLATO | La parité dans l’entreprise; Jean-Marie BOCKEL | L’Afrique, notre horizon ; Jean-Jacques URVOAS | Contrôle et efficacité du renseignement français ; Michel GARDEL | La « Marque France » ; Gabriel COLLETIS | Pour un nouveau modèle de développement centré sur l’essor des activités productives ; Nicolas MAZZUCCHI | Le climat, enjeu de puissance internationale ; Jean-Joseph BOILLOT | L’Inde et sa projection comme puissance globale du XXIe siècle ; Georges ESTIEVENART | Enjeux de sécurité globale pour l’UE dans le Caucase Sud ; Nathalie FAU | Les enjeux économiques et géostratégiques du détroit de Malacca ; Arif Havas OEGROSENO | Indonésie, nouveau grand ; Emmanuel LINCOT | Réinventer les relations franco-chinoises ; S. BOURCIEU & J.GALLO | La France doit restaurer son avantage comparatif à l’international ; Sébastien ABIS & Thierry POUCH | Agriculture : un rendez-vous géoéconomique pour la France ; Hervé BOULLANGER | Les ISC à l’heure de la maîtrise des dépenses publiques ; Eugène BERG | Relations internationales, géopolitique et géoéconomie
- Guerre et histoire n° 16 est paru, avec notamment un dossier sur L’empire arabe, une conquête sans jihad (632-750). http://www.datapressepremium.com/rmdiff/2008080/diff_20146550668.pdf voir sommaire : http://www.datapressepremium.com/rmdiff/2008080/diff_20146559859.pdf
- Sécurité Globale 23 et 24 vient de paraître, avec un profond dossier sur le cyber, et toutes les signatures ou presque. Indispensable.
Culture
L'exposition à Bruxelles sur Roger Van der Weyden ayant été très malheureusement annulée (pour des raisons d'étanchéité du toit du musée des Beaux-Arts : espérons que ce n'est que partie remise), on se rabattra sur l'exposition consacrée à Poliakoff, au musée d'art moderne de la ville de Paris. Un abstrait français qui n'a pas dévoyé, malgré la propagande impérialiste de l'abstraction lyrique américaine. Du coup, Poliakoff est tombé dans l'oubli. Encore un peintre majeur qui n'est pas à la mode, et qu'il faut se dépêcher d'aller voir : prochaine expo dans quarante ans, c'est dire ! (voir article)
Articles ou liens ou sites
- vers une nouvelle Algérie
- A qui est le sarin ? Ceci permet de reconsidérer bien des choses...
- ADIZ, le nouvel acronyme qu'il faut connaître. Par exemple ici, avec une belle carte.
- Les pays que l'Angleterre n'a jamais envahis Bon, d'accord, une carte similaire avec les pays d'Europe avec lesquels la France n'a jamais été en guerre serait compliquée à dresser. La Finlande, peut-être ?
- Régulation du cyber
- Vers une nouvelle Algérie?
- La Russie relance un programme anti-satellite
- 7 réponses indispensables pour 7 questions dispensables lors des soutenances de thèse
- La Russie aurait posté des batteries de missiles aux frontières de l'UE
- Les pays politiquement instables gagnent en importance dans l'économie mondiale
Événements
A l’occasion de la parution du numéro 92 de La Revue internationale et stratégique, l’Institut de relations internationales et stratégiques a le plaisir de vous inviter à participer à la conférence-débat : DÉFIS RUSSES le Mardi 14 janvier 2014, 18h30-20h00 à l’IRIS. La conférence-débat sera organisée autour d’Arnaud DUBIEN, directeur de l’Observatoire franco-russe et chercheur associé à l’IRIS, de Philippe MIGAULT, directeur de recherche à l’IRIS et de Jean RADVANYI, professeur à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), et membre du conseil scientifique de l’Observatoire franco-russe. Inscription dans la limite des places disponibles
Le Chardon