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Sécession ukrainienne

La sécession fut un mouvement artistique dans la Vienne du début du siècle. De l'autre siècle. En ce début de nouveau siècle, la sécession est un mode de résolution des problèmes : Yougoslavie, Kossovie, Érythrée, Soudan du sud pour ne prendre que les exemples les plus récents et visibles, en attendant que la Thaïlande ou la Centrafrique rejoignent le club. Pour l'instant, c'est surtout d'Ukraine qu'il s'agit. Quelques commentaires "à chaud" (même si j'ai attendu quelques jours pour ne pas réagir comme tout le monde aux "événements" de Kiev.

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L'autre semaine, les médias signalaient sans s'émouvoir que la ville de Lviv avait déclaré son indépendance. Alors, il s'agissait des'émanciper de la tutelle de Yanoukovitch. Dix jours plus tard, on entend des cris d'orfraie lorsque des Criméens déclarent vouloir tenir un référendum d'auto-quelque chose. Ce n'est pas que je sois pro-russe, mais je suis un peu fatigué de la presse officielle. Soyons tout à fait exacts : je suis fatigué qu'elle célèbre ici les vertus de l'autosaisine du pouvoir par des populations en lutte et qu'elle balance la grosse artillerie de la propagande pour me faire passer des messages manichéens.

Certes, on entend certains spécialistes comme B. Tertrais expliquer que cette histoire d’affrontement est-ouest ne tient pas la route, malgré les réflexes pavloviens de tout un tas de gens qui se prétendent analystes et qui en sont que des agents. Ainsi, le soi-disant silence de Poutine ne servait qu'à préparer la phase suivante.

Poutine n'a pas changé d'objectif. L'Ukraine est très importante pour lui et lui est prêt à payer. En dollars et en sang. C'est peut-être pas bien, c'est peut-être condamnable, c'est peut-être primitif, mais il raisonne comme ça. Face à ce qu'il a interprété comme un passage en force;il répond lui aussi par un passage en force. Son objectif demeure l'Ukraine, toute l'Ukraine. A défaut, il peut se passer des aires polonohiles du nord ouest. Il fera tout pour garder Kiev, même si la ville est un isolat dans des zones qui lui sont peu favorables. Il voudra à tout le moins conserver les zones russophones, et la Crimée avant toute chose.

La Crimée n'est pas un grand risque pour lui. La population y est russe. Les troupes qu'il y a envoyé ne sont là que pour tenir le gage minimal. Mais il ne s'agit que d'une base de départ, ou plus exactement une base de négociation. Il sécurise ce qu'il considère comme son arrière-cour. Il ne s'agit pas de lancer une offensive militaire vers le reste de l'Ukraine, juste d'exercer la pression de force suffisante pour jouer les autres cartes.

Celles-ci sont nombreuses. Les populations russophones de l'est. La désunion politique du gouvernement intérimaire. La base légale douteuse du nouveau régime. L'arme du gaz. Surtout, la dramatique situation économique et financière. En face, personne n'est prêt à payer les 50 milliards d'euros : le FMI est déjà débiteur envers l'Ukraine, les États-Unis n’annoncent qu'un milliard de dollars (soit moins d'un milliard d'euros) et les Européens n'ont pas d'argent et aucune envie d'avoir de nouvelles importations de travailleurs à vil prix. Autrement dit, le soutien occidental ne pourra jouer qu'en sous-mains. Or, les possibilités de rebond du pays semblent faible : il a été effectivement pillé par l'ensemble des élites (tous partis confondus, sans parler des oligarques). On risque d'assister à un blocage économique du pays très violent conduisant au chaos.

Poutine avait gagné une première partie en décembre à Vilnius. Il vient de perdre la revanche à Kiev. Nous voici au prochain tour et nul ne peut dire qui gagnera.

Rien ne va plus et les enjeux ne cessent de monter. Ce casino commence à jouer gros jeu. Ce n'est pas très rassurant.

Le Chardon

Commentaires

1. Le samedi 1 mars 2014, 00:32 par le concombre masqué

Somme toute vous pensez que ce sera une question de chèque aux slovaques?

La partition en musique est effectivement à géométrie variable, comme les grands principes.

A noter: "république autonome" qu'es aco? La France en a une petite expérience, il y a une cinquantaine d'années elle en créait à tour de bras, afin de les décoloniser et leur donner l'indépendance (parce que l'autonomie hein c'est déjà ça, je connais des Corses qui aimeraient)... l'indépendance de l'appeler pour les diriger. Leurs noms? Exemple Centrafrique, Madagascar, Dahomey, Tchad, Sénégal, Mali, Haute Volta, Niger, notre Congo, Mauritanie, Soudan, Gabon, Côte d'y voir etc. Bon mais là c'est pas pareil, la France est chez elle en Afrique. On peut pas comparer. Nous c'est seulement en Calédonie qu'on peut pas intervenir; parce qu'elle est pas encore indépendante?
Demain il fera jour, nous verrons quand la Chine s'éveillera ce qu'à Obama dira.

2. Le dimanche 2 mars 2014, 13:43 par céphalopode masqué

Je veux faire observer à “concombre masqué”, qui évoque l'expérience française, qu'une énorme différence existe entre ''indépendance'' et ''autonomie'' : nous Français, nous connaissons bien cette différence parce que nos prétendus ''indépendantistes'' des DOM-COM sont en fait seulement ''autonomistes''. L'étiquette ''indépendantiste'' est seulement destinée à tromper ceux qui veulent se laisser tromper.
L'autonomie consiste à conserver le Drapeau français et de ce fait à percevoir de l'argent public français pour le transformer en argent privé sans subir les contrôles et contraintes agaçants et tatillons de l'administration française. L'indépendance au contraire diminue vos recettes parce que l'aide au Tiers-Monde, gérée par le ministère de la Coopération, est moins grasse que les subventions aux collectivités territoriales d'outre-mer, gérées par le ministère de l'Intérieur. L'indépendance est moins confortable parce qu'elle vous oblige, faute d'argent, à quémander partout des subsides sous tous les prétextes (par exemple au titre du réchauffement climatique en arguant que les pays riches sont responsables) ou à vendre au plus offrant vos votes à l'ONU.
Bref : vous parlez de la Corse et c'est un argument que je reprends volontiers en citant les DOM-COM qui nous coûtent pourtant beaucoup moins cher que la Corse. On peut le voir en cherchant un peu sur la Toile. Vous dites que quelques Corses aimeraient certainement l'autonomie. Du moins ils font mine d'y croire. Mais aucun ne revendique vraiment l'indépendance.

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