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A propos de la "Doctrine Obama" de la guerre

Très tôt, les commentateurs on voulu discerner une « doctrine Obama » de la guerre constituée autour de trois piliers (Forces spéciales, drones et cyber), dite "stratégie furtive". Une telle présentation mérite toutefois quelques approfondissements.

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Tout d’abord, elle vient à la suite d’une décision très directe, celle du « surge » qui vit les troupes américaines en Afghanistan augmenter sensiblement, afin à l’époque d’obtenir un effet durable sur le terrain. Aussi, la stratégie « furtive » n’est-elle peut-être qu’un moment entre deux périodes d’interventions plus directes. Certes, l’Amérique connaît aujourd’hui une « fatigue de la guerre » mais il demeure possible que ce moindre engagement ne constitue qu’une parenthèse dans un dispositif plus large. De ce point de vue, la stratégie « furtive » serait un moyen, parmi d’autres, de continuer à marquer le terrain.

Constatons toutefois que B. Obama a été élu sur un programme général de retrait opérationnel : retrait d’Irak lors du premier mandat, retrait d’Afghanistan lors du second. Toutefois, face au complexe militaro-industriel et à une opinion publique qui est malgré tout beaucoup plus militarisée qu’en Europe, il lui fallait trouver des accommodements pour prouver que les objectifs demeuraient, seules les méthodes changeaient. Ainsi s’explique le triptyque décrit par J.-L. Gergorin : Forces spéciales, drones et cyberattaques.

Constatons toutefois qu’il faut peut-être relativiser ces « interventions ». Si les forces spéciales continuent effectivement d’être engagées (du raid contre Ben Laden jusqu’au déploiement, à l’automne 2014, de « conseillers » en Irak), l’emploi des drones doit être remis à sa juste place. Constatons d’abord que l’essentiel des la panoplie américaine est constituée de drones d’observation et non de drones de combat, ensuite que ces drones d’attaque sont principalement placés sous le « commandement de la CIA » et qu’ils appartiennent dès lors non aux Forces spéciales mais régulières, mais à des pôles « action » des services de renseignement. Enfin, s’agissant du cyber, le scandale Snowden a démontré que l’essentiel de l’activité consistait en espionnage, et que l’essentiel des moyens dépendait d’une agence de renseignement, non du Cybercommand : là encore, l’emploi n’est pas le fait d’une pratique de la guerre mais de services secrets.

Il y a de ce point de vue là un changement de portage réel qui passe par la moindre utilisation de l’outil militaire et un recours accru à des moyens qui peuvent être offensifs mais qui sont mis en œuvre par des organes certes souverains, mais en dehors de la chaîne de défense.

O. Kempf

Commentaires

1. Le lundi 12 janvier 2015, 18:57 par AF_Sobocinski

Bonjour.

D'ailleurs, votre billet m'amène à penser qu'il faudrait presque parler de complexe "renseigno-industriel" ou "renseigno-militaro-industriel" à la limite. Le Washington Post l'avait bien montré avec son enquête "Top secret America" : http://projects.washingtonpost.com/...

égéa : très intéressant, votre idée !

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