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Poutine, l'itinéraire secret (V. Fedorovski)

Un lecteur fidèle (si, il commence à y en avoir) m'envoie cette fiche de lecture sur le Poutine de Fédorovski. Mille mercis à lui. ALC

Nos regards et jugements concernant Poutine découlent pour la plupart des commentaires médiatiques. Ces derniers mois, des événements en Ukraine aux J-O en passant par les festivités du centenaire de la Grande Guerre, nous avons pu observer bien des facettes du numéro un russe, V. Poutine. Or par son livre, VF nous offre justement de lever le voile sur cet énigmatique personnage.

Des photos certes savamment choisies, donneront une note un peu trop journalistique. Mais il fait bien appâter le lecteur. Pour ma part c'est grave à un interview de radio que j'ai découvert ce livre. Il y a donc bien autre chose entre les lignes. L'auteur établit une véritable biographie du président russe.

Un numéro un dans un pays qui insidieusement prend de plus en plus de vigueur et en toute tranquillité, Poutine sait souffler le chaud et le froid. De la Sibérie à la mer Caspienne, il semble que toutes les effluves russes circulent dans ses veines.

Homme de contrastes et de contradiction, caméléon s'il en est.

Rappelons-nous son coup médiatique à Caen : Poutine -Obama, sa décision de présence pour la célébration du débarquement signifie à tous : les deux forces du monde sont toujours les mêmes.

Regard d'acier, mâchoire contractée, le portrait du président russe révèle un fin géopolitologue, un fort habile analyste, un homme à l'auto-discipline de fer.

VF s'amuse à lui donner des velléités cachées de James Bond mais il nous révèle bien d'autres versants de celui qui est devenu, sans que personne ne le réalise vraiment encore, un grand homme politique, un très grand stratège. Certes l'auteur, en raison de ses origines, ne cache pas ses propres opinions et tente de nous les transmettre mais l'analyse est suffisamment fournie pour que nous permettre d'aller au delà des considérations personnelles de l'écrivain.

VF est avant tout un romancier mais ici comme avec son roman sur les espions du KGB, il franchit une nouvelle étape. Il ose parler du Maître de La Grande Russie et révéler ce qui fait de lui un être inquiétant pour chaque Russe et très certainement pour l'Europe.

Ainsi la lecture de ce livre ne laisse pas indemne. Elle est comme un glas qui nous avertirait de dangers potentiels. Poutine est tout sauf un pantin, il conduit son pays, ses conseillers ne sont que des marionnettes qui agitent les mains. Au delà des faits médiatiques, Poutine semble bien être un nouveau star. Reste à VF d'observer et d'écrire la fin du roman.

Vicmont

Poutine, l'itinéraire secret

  • Vladimir Fédorovski
  • Éditions du Rocher

Commentaires

1. Le jeudi 20 novembre 2014, 13:48 par le concombre masqué

Ah Poutine, quel sujet pour nos esprits libres et illuminés! Poutine, pas la Russie ou le "communisme" ou autre concept, Poutine, le peuple russe est innocenté en même temps que méprisé, ceux qui en parlent condescendront tout au plus à les traiter de moujiks égarés par la propagande soviétique (oups, mais non, ce lapsus finalement ne dénote aucunement...). Cet homme est l'ennemi public mondial, je suis surpris qu'on ne l'ai pas encore arrêté, en Normandie ou Australie... gageons que d'aucuns y songent, et puisqu'on va rouvrir Cayenne clac l'effet Papillon.

Ici, dans cet ouvrage, le sympathique et talentueux auteur (et vendeur) axe sur la profession du problème (parce que la Russie de Poutine est un problème). C'est vrai que le gars est un ancien espion et militaire. C'est pas chez nous que nous verrions des Généraux diriger France ou USA, ni des espions sortis du bush englué de pétrole prendre nos destinées en mains et nous entraîner dans des séries ininterrompues de "war on world".

Mais cet ouvrage n'est pas dans l'air du temps majoritaire: en général la non propagande d'ici, en tête Libération, ne fait pas dans le détail: Hitler direct (on croirait l'oukaze des dirigeants libres de nos pays libres qui ont osé sortir cet improbable parallèle, si l'on ne savait l'indépendance et le pluralisme absolus de nos journalistes audio, visuels et plumitifs), et Tsar pour les plus modérés (oui, je vous assure, cela se mesure...).

D'où "empire soviétique=empire russe=tsar=Poutine, tout seul". Bon ça coco, le peuple va aimer, C dans l'air et tout.

Foin de traiter le fond, juste une remarque de méthode ici pour éviter que cette presse fut taxée (en fait elle est largement subventionnée) de propagande, ce qui serait malvenu:
- le titre de tsar a été abandonné par Pierre 1er en 1721... au bénéfice de celui d'empereur, est-ce ce qui inspirera les empereurs des Français? Oncques ne sait.
- parlons-nous du dirigeant chinois ou japonais ou français en les qualifiant d'empereurs? Matteo est-il César (ou Auguste, le fameux clown)? Les dirigeants de l'OTAN sont-ils sujets des rois de Norvège ou Danemark (oups: oui...). Angèle est-elle "Kaiserin"? Cameron est-il le fidèle servant de la Reine du Royaume uni et des royaumes du Commonwealth? Oui, encore, zut.

Alors, rêvons que des gens de bonne volonté et compétents étudient de près la situation, et donnent des éléments d'analyse plutôt que leurs analyses réchauffées en forme de manipulation de masses. Rêvons que le Chardon ne soit pas isolé dans la prairie tondue ras des idées et dialogues.

Ou bien autre solution, laissons la place à des éléments plus scientifiques pour l'appréhension du réel: lisons les cartes de l'"impérialisme soviétorusse" depuis 1917: quels conquérants, ces ... américains! Et je ne dis point ceci en regardant la carte de l'Amérique du nord depuis 1776, mais bien celle du bastion qu'ils avancent, depuis cent ans, au détriment de la Russie, dans la foulée de cette guerre lancée en 1918 sur l'autre front de l'Est, par l'envoi de troupes des EMPIRES français* et britannique, et des soldats américains, tchèques et polonais pour combattre l'allié russe sur son territoire, malgré qu'il eut acheté la paix en cédant Pologne, Finlande, pays Baltes et ... Ukraine. Curieusement cette guerre pas froide du tout malgré les climats sibériens est totalement dissimulée, et pas seulement dans les manuels de nos intellectuels (faut dire que ça dissuaderait de vouloir remettre le couvert).

Mais voir l'histoire, c'est être partisan et vendu, à Moscou les cocos... Mac Carthy, un tendre, d'ailleurs il nous le dirait peut-être: même mort, un communiste n'est jamais bon. Alors pensez, un Russe! Hourra, nous sommes les gentils, en face, Satan.

* Oui car la "République" de 1875 n'hésitait pas à s'appeler "empire" et à comporter comme telle, comme la République de 1946 par la suite se voyait force d'union française et prétendait que le droit à disposer d'eux mêmes s'appliquait aux peuples qu'elle choisissait. Ceci dans la lignée des partis pivots de ces deux républiques qui, en 1918-1920 n'hésitaient pas à combattre une république ayant aboli un monarchisme fort absolu... SFIO et radicaux pas morts. Mous du genou, souvent, du Mollet jamais!

2. Le vendredi 21 novembre 2014, 11:56 par Thierry de RAvinel

Sur Poutine, d'accord sur les contradictions du personnage. Quelques idées en vrac.
- Ceux qui pourraient le remplacer sont probablement pires que lui.
- Il tente de gérer plus qu'il ne l'a provoqué l'instabilité des provinces Russophones de l'Ukraine.
Ici il est sans doute un peu Machiavel, mais il subit surtout des pressions très fortes du nationalisme russe, auxquelles il tente probablement de résister sans forcément le pouvoir.
L'histoire peut nous aider à démêler cet écheveau: Bismarck est un très bon référent, car il a vécu les mêmes dilemmes. Conscient de l'impasse que constitue le pangermanisme, il bascule finalement de ce coté, à causse de la faiblesse de ses adversaires, et peut être de sa propre faiblesse, vis à vis des extrémistes de son pays.
Notre responsabilité par rapport à Poutine est sans doute de lui donner de bonnes raisons de ne pas basculer du coté des Slavophiles au front étroit. Ce qui implique un mélange de fermeté et de responsabilité, voire de compréhension, dont ni l'OTAN ni l'UE ne paraissent donner l'exemple pour l'heure.
- La faiblesse (UE) ne peut que lui laisser croire que des gages donnés à ses extrémistes ne seront pas trop coûteux pour lui. Ici l'image de Bismarck prenant la décision de déclencher la guerre de 1870 lorsqu'il rencontre Napoléon III aux eaux de Plombière, celui ci étant réduit par la maladie de la pierre à l'état d'épave ne peut être que frappante...
-La stigmatisation parfois abusive (US+OTAN), le pousse à penser que tout dialogue est voué à l'échec du fait de l'incompréhension par la partie adverse de la réalité des enjeux, et des problèmes auxquels il doit faire face.
-Entre faiblesse et rigidité, l'attitude adéquate est sans doute difficile à ajuster, mais c'est la grandeur de la mission de nos politiques et de nos diplomates que de faire face à la crise que nous traversons...

ALC : bravo: belle hauteur de vue...

3. Le vendredi 21 novembre 2014, 22:38 par Vicmont

Tout en partageant votre analyse, permettez-moi d'en retenir ces lignes :
"Il tente de gérer plus qu'il ne l'a provoqué l'instabilité des provinces Russophones de l'Ukraine."
Cependant, à moi de redonner la parole à Fédorovski ...
On peut lire : "Comment Poutine s'est-il pris pour se rendre incontournable ? Lors de sa nomination comme Premier ministre, il avait eu , nous l'avons vu cette expression absolument extraordinaire et parfaitement calculée, bien que pouvant passer pour un dérapage : " On va butter les terroristes tchéchènes jusque dans les chiottes !" (P.125)
Une des facettes du personnage ...
Mais, effectivement une autre peut être envisagée et je conclurai volontiers pour soutenir votre point de vue par ces lignes de l'auteur.
Lorsque Poutine dirige , il reprends sans doute, tel Berezovsky " la maxime de Cocteau : Ces événements nous dépassent , feignons d'en être les organisateurs ..." (p129)
Ce livre est bien plus qu'un roman.

Vicmont

4. Le samedi 22 novembre 2014, 05:13 par Yves Cadiou

Merci à l'auteur de la fiche et aux commentateurs : très intéressant et clair, ça change de la télé.

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