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Le retour du choc

On oppose traditionnellement le choc au feu. Et si nous revenions à cette question du choc, qui semble avoir disparu, malgré les théories américaines du shock and awe ?

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J’avais déjà évoqué cette relation du choc et du feu. .

La guerre moderne aurait vu la montée en puissance du feu jusqu'à son paroxysme, l'arme nucléaire. Le choc aurait du coup été mis sous le boisseau, malgré l'importance temporaire du char de bataille. En fait, sauf exceptions localisées, le choc ne jouait plus de rôle sauf dans le cas d'affrontements limités. Avec la fin du choc venait la fin de la bataille.

Or, c'est omettre que le choc n'est que le résultat de la mobilité (multipliée par la masse) et que celle ci à elle aussi remarquablement cru depuis la fin du XIX° siècle.

Le feu à gelé la guerre quand la mobilité n'a cessé de croître.

Aussi observe-t_on un retour du choc. Mais alors que celui ci favorisait la concentration de l'effort en un point (l'énergie cinétique, un peu à la manière d'une charge creuse), voici qu'elle permet au contraire une déconcentration et un éparpillement des efforts.

Tel est le sens tactique des combats de harcèlement de la petite guerre contemporaine. L'attentat suicide est un retour du choc, dans sa version la plus primitive. Le choc vise alors non la rupture en un point mais le harcèlement en de nombreux points, non la rupture mais l'usure. Alors, l'intensité vibrionnante du nuage de moustiques forcerait l'ennemi à se retirer du terrain.

Dès lors, la multiplication de chocs tactiques provoquerait un effet stratégique, selon un processus jominien (la stratégie comme élévation de la tactique). Et l'ouest perdrait souvent car ayant peu de stratégie et des difficultés à répondre au défi tactique : l'exemple afghan est éclairant de ce point de vue là, même si des possibilités existent comme l'action au nord-Mali : dans ce dernier cas, on a accepté le combat direct et tactique que l'on a gagné grâce à une grande manœuvre opérative (intégration des appuis de toute sorte à grande distance).

La conclusion partielle serait alors : le choc demeure mais au niveau tactique alors que nos modèles d'armée ne sont pas bâtis face à cette configuration.

O. Kempf

Commentaires

1. Le jeudi 29 mai 2014, 16:49 par Immarigeon

Tu confonds le retour du choc et celui de la manœuvre. La réserve de cavalerie de l'Empereur fut utilisée, sauf rares exceptions (Eylau, Borodino) comme les panzers dixit Marc Bloch, pour taper dans du mou. Et puis le 18 juin 1815, ce ne sont pas nos 9.000 cavaliers qui ont fait le plus de dégâts, c'est notre artillerie portée amenée au bord du plateau derrière elle et qui a tiré à bout portant et à mitraille sur les carrés anglais entre deux charges, dont l'intérêt était précisément de bloquer toute manœuvre anglaise et de forcer Wellington à conserver ses carrés formés (enfin la moitié restante) pendant deux heures. Et comme chacun sait, une fois Wellington défoncé, il manqua de l'infanterie pour le balayer : celle de Grouchy qui était ailleurs, celle de Lobau qui protégeait notre arrière contre l'arrivée de Prussiens. Et la Garde n'était pas assez nombreuse. Mais ça s'est joué à un quart d'heure, et les Britanniques sont les premiers à le reconnaître.

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