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17/16 Otan et Russie, Obama et l'Europe, îlots divers et Ukraine, affiches et liberté d'expression

Conseil OTAN-Russie. Ce n'était qu'une réunion sans grand objet mais l'important n'était pas là, mais dans sa tenue. Le titre du Monde était excellent (vous noterez que je ne dis pas toujours du mal du Monde) : "un dégel glacial". Les uns et les autres se sont dit leurs quatre vérités, l’important étant qu'ils puissent se le dire. Ce n'est pas un retour à la normalité ou à la coopération (il est encore trop tôt pour cela) mais un petit signe, supplémentaire, du retour de la Russie dans le dialogue international. On s'éloigne encore, s'il était besoin de le signaler, de "l'isolement" de la Russie. Enfin, on notera que la diplomatie française, par la voix de M. Ayraut, a demandé une nouvelle réunion du COR "avant le sommet" (qui est prévu début juillet). Autrement dit, la France pousse les feux pour cette normalisation. Il faut dire qu'elle est membre du format Normandie qui préside aux accords de Minsk et qu'elle voit l'utilité de la Russie en Syrie, tout en se sentant bien moins préoccupée par le réarmement russe que ne peuvent l'être les PECO. Cette petite initiative, qui n'aura pas été remarquée par la plupart, confirme en tout cas le changement de ton depuis le départ de M. Fabius.

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Pensées fugaces

Allez! mon petit quart d'heure révolutionnaire. L'affiche de la CGT brocardant les CRS n'est pas du meilleur goût mai enfin, souvenez-vous : il y a un an, que n'a-t-on entendu après Charlie sur le "droit à blasphémer" et ce genre de choses ? Les mêmes, un an plus tard, s'époumonent et s'indignent : "de quoi, dire du mal des policiers" ? Cherchez la contradiction. Il est loin le temps où l'on trouvait "super" le slogan de mai 68 "CRS - SS". Le plus drôle et que ce soit un gouvernement de gauche qui clame le plus son indignation. Mais il n'est pas à une contradiction près. Où sont les "Je suis Charlie" ?

Tant qu'on y est, l'observateur appréciera les revirements de notre ministère de l’intérieur qui, il y a quatre mois, ne cessait de louer la qualité des services d'intervention ("Circulez, il n'y a rien à voir") alors que chacun notait les mirifiques succès du Raid ou de la BRI qui intervenaient tard, avaient du mal à faire sauter des explosifs le long d'une porte et défouraillaient à tout va contre un terroriste armé au mieux d'un pistolet (5000 cartouches, puis finalement 1500, pour arriver à une démolition d'immeuble). Ailleurs, dans un monde normal, le patron de l'unité en question aurait été rapidement débarqué. Et puis voici que cette semaine on apprend qu'il est nécessaire de procéder à une réarticulation desdits services, comme ça, l'air de rien, toujours sur l'air de la normalité assumée ("Il y a quelque chose à voir ?"). Ça ne trompe personne sauf peut-être Emilie qui regarde placidement la télé. Je dois certainement faire du mauvais esprit et voir le mal où il n'est pas.

Angela Merkel vient de se prononcer en faveur de l'établissement de zones de sécurité en Syrie pour que les réfugiés y trouvent un abri. Elle rejoint ainsi la position ancienne de la Turquie sur la question, marquant par là un alignement allemand sur la ligne turque. Cela constitue un nouveau pas de la profonde réorientation allemande, en réponse à la crise des réfugiés. Mme Merkel a ainsi passé une alliance profonde avec la Turquie et la Grèce pour contenir le flot de réfugiés qui venait d'Anatolie et au-delà, du Moyen-Orient. Elle échange un soutien financier à Athènes contre la retenue des migrants. Accessoirement, constatons que le "front du blocage" orchestré par l'Autriche contribue, sans le dire, à cette stratégie. Vous avez dit "realpolitik" ?

Avec la Turquie, l'alignement est plus frappant encore. L'Allemagne dit oui à toutes les revendications turques (libéralisation des visas, transferts monétaires, etc.) et les fait avaliser sans réelle opposition par les "institutions" européennes. La déclaration de samedi n'est qu'une étape supplémentaire dans cette politique. La Turquie a bien raison de constater que "l'UE a plus besoin de nous que nous n'avons besoin de l'UE".

Puisqu'on parle de l'Autriche, les élections de ce soir donnent l'extrême droite à 36 % , les partis traditionnels éliminés, une candidate indépendante ou un Vert historique qualifié pour le deuxième tour. Pourtant, le gouvernement autrichien n'avait pas cessé de durcir le ton, menaçant de bloquer aussi la frontière avec l'Italie, y compris sur le Brenner, au risque de bloquer tout le trafic transalpin. On a d'ailleurs eu une manifestation italienne ce jour sur ledit Brenner, stoppée par la police autrichienne (même si quelques manifestants sont entrés en force sur le territoire autrichien). Tout ceci se passe en Europe aujourd'hui. Ce n'est plus le début de la fin, mais la fin du début.

Obama et le Brexit : le président Obama est donc venu prononcer à Londres un discours opposé au Brexit. On ne s'étonnera pas de l'éventuelle ingérence dans les affaires de politique intérieure d'un pays, tant ce principe appartient désormais au passé. Accessoirement, cette question de politique intérieure se porte sur une posture essentielle de politique extérieure, il est donc assez "normal" que les puissances extérieures s'expriment aussi. Obama appuie là où cela fait mal : une GB dégagée de l'UE n'aurait pas forcément de meilleures options stratégiques, notamment avec le grand allié. Cela tient du constat, si l'on se place du strict point de vue britannique. L'important ne me semble pas là : simplement, cette prise de position témoigne à quel point l'UE appartient à la sphère américaine et est devenue un agent essentiel de l'atlantisme. Ceci devrait sonner comme un signal de rappel à tous ceux qui voient dans la construction européenne le moyen d'une plus grande indépendance, sans même parler de ceux qui se désolent du manque de géopolitique de l'UE. Enfin, elle témoigne de la profonde inquiétude de l'ensemble de cet établissement transatlantique envers l'affaiblissement européen en général, qui serait irrémédiablement renforcé avec un départ britannique. Là aussi, on est dans le constat.

Le même Obama qui va ensuite dire en Allemagne que Merkel a raison sur toute la la ligne. Décidément, il est loin son début de mandat où il pensait que l'Europe n'est ni le problème, ni la solution. Aujourd’hui, elle est clairement un problème, pas seulement pour elle, mais aussi pour le grand allié.

En parlant d’Israël et d’annexions, on avait plutôt à l’esprit les colonies implantées en Cisjordanie, sur le territoire du futur et très hypothétique Etat palestinien. Aussi, la déclaration de B. Netanyahou change-t-elle de « front » : il déclare que l’occupation du Golan n’est pas négociable, autrement dit que ce plateau, nommément syrien, fait désormais partie du territoire israélien. Autrement dit, il s’agit d’une annexion, qui ne suscite pas plus de réactions que cela. Il reste que cela confirme un mouvement de fond qui est en train de se dérouler au Proche-Orient (et ailleurs) : celui des modifications de frontières, le plus souvent par la force. Il s’est agi bien sûr des projets de l’État Islamique qui avait abattu le mur de sable séparant la Syrie et l’Irak ; ou encore de l’échange subreptice de quelques îles de la mer Rouge, passées d’Égypte en Arabie.

Ces phénomènes sont inquiétants. D’une part parce qu’ils interviennent dans une région qui connaît déjà la violence armée à grande échelle, où les Etats sont faibles et où personne n’aurait à gagner à une gigantesque révision. Au-delà du Proche Orient, ces signes manifestent surtout des atteintes répétées au dogme de l’intangibilité des frontières, ce qu’on a déjà observé en Crimée ou en mer de Chine du sud. Ce qui est pour le coup très inquiétant, puisque cela ouvre la voie à toutes sortes d’actions armées afin de se saisir de tel ou tel bout de territoire, que l’on présentera bien sûr faire « historiquement partie du pays » (voir mot bobo ci-dessous).

Au passage, constatons que le transfert des îles égyptiennes à l’Arabie n’a pu se faire sans l’approbation d’Israël, qui a été mis dans la confidence des négociations. Pour mémoire, le traité de paix israélo-égyptien qui règle la question du Sinaï interdisait toute modification de frontière. Tel-Aviv s’est longtemps opposé à cet échange : voici qu’il l’approuve. Signe du bel alignement de vue stratégique entre les trois pays, ce que remarque Al Monitor. Qui explique deux choses : d’une part, l’alliance entre sunnites et israéliens contre les deux empires de la région, l’Iran et la Turquie (cela, tout le monde l’avait remarqué) ; d’autre part, la possibilité de futurs échanges de territoires entre Israël et l’Égypte (voire la Jordanie) pour résoudre la question palestinienne. Fichtre ! On n’en est pas là mais ces îlots ne sont pas anodins.

Puisqu’on parle d’îlots : la Chine continue donc son aménagement des îles, îlots et récifs de la mer de Chine méridionale, au grand dam des pays riverains mais aussi des Américains. Ainsi, des avions de ligne ont atterri sur un des îlots nouvellement aménagés, signe des capacités de la piste. Toutefois, la priorité semble donnée au nord de la zone, principalement autour de l’archipel des Paracels. En effet, cette zone se trouve juste au sud de l’ile de Hainan où sont stationnés les sous-marins nucléaires chinois. La vraie raison est là : donner une profondeur stratégique à cet outil essentiel de la dissuasion chinoise, en grande voie de modernisation. Cela explique la brutalité chinoise qui pratique à grande échelle le fait accompli.

Ukraine : ainsi, le PM Yatsenouk a démissionné, carbonisé dans les luttes picrocholines de la « scène politique ukrainienne », qui fait passer le théâtre d’avant-garde pour des bluettes émoustillant les rosières du XIXème siècle. Un nouveau PM est appelé à régner. A régner ? Plutôt à équilibrer entre les différentes tendances à l’œuvre, tout en étant l’homme lige de Porochenko. Il n’a pas beaucoup de marges de manœuvre, le pauvre, encore moins de marges de réformes. Son seul mérite : éviter de nouvelles élections parlementaires et donner un interlocuteur vaguement présentable lors des négociations avec les bailleurs internationaux. Au fond, dans ce théâtre d’ombres, tout le monde doit faire semblant que la « jeune démocratie ukrainienne, se débattant dans des difficultés difficiles, poursuit néanmoins son chemin vers le progrès ». D’accord on ne mettrait aujourd’hui pas le mot « progrès » dans cette langue de bois puisque progrès, c’est un peu passé de mode chez les communicants. Mais peu importe : le prétexte sera là pour, en fronçant les sourcils, continuer à perfuser le pays failli et payer par là une « stabilité minimale » qui consiste surtout à éviter de nouveaux troubles sociaux qui feraient la une des journaux et forceraient à faire semblant de s’occuper de l’Ukraine. En fait, l’Ouest paye pour qu’on le laisse tranquille. La corruption continuera comme devant et le peuple sera insatisfait.

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Nous sommes allés voir (avec Mme Le Chardon) "Médecin de campagne". Je craignais un de ces films un peu franchouillards qui dressent le tableau d'une France disparue, où pâturage et labourage sont les mamelles etc. J'ai été agréablement surpris de voir une France rurale qui n'est pas simplement agricole mais péri-urbaine, où la proximité de la grande ville et du monde moderne est évidente, mais où les gens simples qui habitent dans ces territoires étendus ont des difficultés liées à un relatif éloignement et à l'espace. Car voilà au fond l'enjeu de ce "monde rural" : celui de l'occupation des territoires, ces zones "vides" entre grandes métropoles où désormais "tout" se fait. De ce point de vue, le film est très bien ficelé, sobre, évitant tout pathos larmoyant, suggérant énormément de choses, tout de sentiments contenus. Très bon jeu d'acteurs. Une belle surprise d'intelligence.

Événements

28 avril ANAJ IHEDN. Influence et la protection de la gastronomie française. Michel DURRIEU Directeur de la Sous-Direction du Tourisme Direction des entreprises, de l’économie internationale et de la promotion du tourisme Ministère des Affaires étrangères et du Développement international Claude DUCHEMIN Chef de bureau – Qualité et valorisation des denrées alimentaires Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes Fabien ROUILLARD Ex-chef pâtissier de Fauchon Laetitia GOUTTENOIRE Fondation Paul Bocuse Modérateur : Ali LAIDI Journaliste chez France 24 Chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) Jeudi 28 avril 2016 19h30 à 21h30 Ecole militaire Amphithéâtre Des Vallières. Inscritions

23 mai Dans le cadre des "Lundi de l'IE", organisés par le Cercle d'Intelligence Economique du MEDEF ILE-DE-FRANCE, : Le phénomène blockchain quels enjeux, quels usages ? Lundi 23 mai de 18h00 à 20h00 (Accueil à partir de 17h30). Intervenants : • Introduction par Henri d'Agrain, Directeur général du Centre du CHECy; • Blockchain et cryptomonnaies par un auditeur du comité 1 ; • Blockchain et "contrats intelligents" par un auditeur du comité 2 ; • Blockchain et "organisations autonomes distribuées" par un auditeur du comité 3. Lieu : MEDEF IDF - Salle Pradeau (niveau -1) 10 rue du Débarcadère, 75017 Paris Participation gratuite - Inscription obligatoire b.laurent@medefhautsdeseine.org

25 mai Cesdip & Université de Montréal. Colloque « Cybercriminalité » Le 25 mai 2016 de 9h00 à 16h00 Lieu : Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH), 190-196, Avenue de France, 75013, Paris. Salle 638, 6° étage. Programme Inscription obligatoire par mail à daniel.ventre(a)cesdip.fr

A. Le Chardon

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