Deux billets apportent des visions contrastées du discours de Robert Gates, prononcé dans une allocution prononcée le 24 février dernier, lors du dernier séminaire de la commission Albright de préparation au concept stratégique de l'Otan. Intéressant, car on a une vue américaine sur l'Alliance, mais aussi les relations transatlantiques.

1/ Deux blogs en rendent compte :
celui-ci et celui-ci.
2/ Le second est assez classique : rédigé par le très bon Romain Mielcarek, qui anime le persévérant actudéfense que je j'ai déjà signalé, le billet expose les vues de Gates : en clair, une énième variation sur le burden sharing (partage du fardeau), les Américains reprochant à l'Europe de ne pas dépenser assez.
3/ Le premier billet m'a été signalé parle microblog twitter de scriptio : on y expose des classiques de la théorie économique des alliances (mes étudiants y reconnaitront le "seminal article by Olson & Zuckhauser") : il s'agit d'un bien collectif, qui encourage naturellement des comportements de passager clandestin. Et la sempiternelle plainte américaine, dont Gates nous octroie une version supplémentaire, n'impressionnera aucun décideur européen.
4/ Là où c'est plus drôle, c'est quand notre bloggueur américain, Stephen Walt,(MAJ grâce à MB) nous explique que les Etats-Unis doivent laisser l'Europe à son sort, et faire des économies là-dessus : il sombre dans l'autre tentation ritournelle : "on pourrait se passer de vous". Une sorte de kaganisme neo-con, qui ignore que l'alliance sert autant aux États-Unis qu'à l'Europe ; et que sans cet outil, la puissance américaine, déjà fortement en déclin, perdrait un de ses principaux points d'appui à sa politique "mondiale".
5/ Cela se conclura comme d'habitude par un "cause toujours" européen, et une résignation américaine. En revanche, l'absence de cohésion extérieure (la menace russe) et de projet intérieur (puisqu'on ne s'oriente pas vers un projet grand nordique, voir ici), conjugué à l'augmentation des contraintes (l'Afghanistan) et des forces centrifuges (l'élargissement) affaiblissent la solidité de l'alliance, qui peu à peu, périclitera....
O. Kempf