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Alliance atlantique, OTAN

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samedi 8 août 2009

Nouveau concept statégique de l'Otan

Certains s'interrogent à longueur de colonne sur l'utilité de l'Otan. Bien peu s'interrogent sur l'utilité de l'Union Européenne. Or, l'alliance a une démarche (peut-être de la dernière chance....) constructive et, pour une fois, assez ouverte, de remise en cause de ses fondations : ainsi, on sait que le prochain sommet de Lisbonne adoptera un nouveau "concept stratégique", après ceux de 1991 et 1999.

La méthode employée n'est pas sans rappeler celle du Livre Blanc : un comité d'expert, plutôt qu'un document venant des seuls organes alliés ou de chancelleries. Il est placé sous la houlette du nouveau Secrétaire Général, qui dispose ainsi, d'entrée de jeu, d'une capacité d'influence plus importante que ses prédécesseurs.

Autre nouveauté, le caractère semi public de la démarche : une page est ainsi ouverte ici pour suivre les travaux. Un séminaire a été lancé au début de l'été.

La chose mérite notre intérêt (j'attends d'ailleurs un travail similaire de la part de l'UE et d'une prochaine stratégie de sécurité....). Opérations, cyberguerre, guerre irrégulière, nucléaire, pôle Nord, Afrique, action maritime, partenariats, ... il y a beaucoup de choses à dire.

A suivre, donc

O. Kempf

Réf : on lira un billet de mars dernier qui donne d'utiles précisions.

jeudi 30 juillet 2009

Un questionnaire sur l'Otan

Exploring geopolitics, excellent blog hollandais (mais écrit en anglais et en français), m'envoie un questionnaire sur l'Otan. Exceptionnellement, ce billet paraîtra donc en anglais. Je ne donne ici que les questions, et vous trouverez les réponses sur ce site.

J'en profite pour vous demander : serez vous irréductiblement opposés à des billets en anglais ? en toléreriez-vous quelques uns (deux ou trois par mois) ? ou plus fréquemment (au moins un par semaine) ? Me dire (par mail ou par commentaire). Merci.

1 French views on the NATO

1. What were the main considerations of President De Gaulle to leave NATO’s military command in 1966?

2. Why did President Sarkozy decide to re-join NATO’s military command in 2009?

3. How much support did president Sarkozy enjoy across the French political spectrum for his decision?

2 NATO’s future

4. Does NATO’s recent expansion pose a threat to NATO’s internal coherence ?

5. Which countries would be the most likely candidates for a further NATO expansion?

6. What are the most likely scenarios for the relationship between NATO and Russia?

7. How will NATO’s role evolve during the 21st century?

O. Kempf

vendredi 24 juillet 2009

C-17 de l'Otan

Le 27 juillet, la base de Papa (Hongrie) accueillera le premier C-17 Globemaster acheté par certains pays de l'alliance. La NATO Airlift Management Agency (NAMA) en acquèrera trois en tout, au titre de la Strategic Airlift Capability initiative (SAC) décidée au sommet de Riga.

c17_ice_runway.jpg

12 nations font partie de la NAMA : 10 Nations Otan (Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lituanie, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Roumanie, Slovénie, Etats-Unis) et2 Partenaires (Finlande ,Suède)

La Heavy Airlift Wing (HAW) – qui mettra en œuvre la flotte des C17, sur le modèle du NAEWFC – sera activée à la même occasion.

Cette acquisition, controversée (ni Allemagne, ni Italie, ni surtout Grande-Bretagne) concurrence bien sûr le contrat Salis. Surtout, cette agence Otan met en relief les difficultés du A 400 M. Chacun comprend l'importance, pour une organisation de défense, de posséder des moyens de transport stratégiques par les temps qui courent....

Enfin, les C 17 deviendront très rapidement des "moyens de l'Otan", au même titre que les AWACS (et c'est à peu près tout, hors quelques systèmes SIC).

Qui a dit que l'Otan dépérissait ?

O. Kempf

jeudi 4 juin 2009

A propos de l'avenir de l'Otan (vidéo de l'intervention au colloque de juin 2008)

Pour ceux qui veulent tout savoir sur ce que je disais l'an dernier au colloque de la fondation G. Peri (voir texte simplifié ici), voici la vidéo de l'intervention proprement dite, avec plus de densité. Un an après, ça reste valable.....

Je n'arrive pas à la poster; il faut donc simplement cliquer sur ce lien, et vous aurez la vidéo.

Bonne vision....

O. Kempf

jeudi 16 avril 2009

Récapitulatif des billets sur les sommet d'avril 2009 (G 20, Otan, US/UE, ...)

Il m'a semblé utile, pour le lecteur, de récapituler ce que j'avais écrit à propos de ce sommet de Strasbourg, mais aussi de ses à-côtés (G 20, Obama).

Tout d'abord, un premier article d'éclairage comparant Otan et UE : ici

Puis un billet sur le G 20, "pas si historique" : ici

Un premier billet général d'appréciation du sommet de l'Alliance Atlantique, "finalement bien terne" : ici

Et une série de billet l'analysant, sous tous les angles : Afghanistan, opérations, diplomatie publique, élargissement, partenariats, transformation, nucléaire, autres points.

Enfin, un dernier billet évoque le voyage européen de M. Obama.

On attendait donc beaucoup. Finalement, on a assisté à peu de bouleversements, alors qu'on en espérait de plus manifestes, à cause des profondes évolutions de 2008 : affaire géorgienne, crise économique, élection de M. Obama. La crise systémique est, comme son nom l'indique, structurelle. ON a l'impression que les réponses proposées utilisent toujours la même grammaire.

O. Kempf

samedi 28 mars 2009

Du prochain concept stratégique

Alain de Nève publie un remarquable billet sur le prochain concept stratégique de l'alliance. J'incite vivement le lecteur à le lire avant de poursuivre ces quelques lignes.

pesd_otan_02.jpg

Quelques précisions à ce remarquable billet :

1/ Il ne faut pas oublier l'adoption en catastrophe d'un "concept contre le terrorisme" adopté dans l'urgence en 2002 pour pallier le vide sidéral de celui de 1999 qui ne faisait que recopier, mot pour mot, ce qui était affirmé sur le sujet dans le premier concept de 1991 !

2/ Le rapport Harmel de 1967 a effectivement une portée symbolique incroyable dans l'alliance puisqu'il n'est pas une crise où un esprit éclairé n'appelle à un nouveau rapport Harmel : crise des euromissiles, négociations de désarmement, etc. Il ne faut pas oublier que cela fait soixante ans que l'alliance est en crise, alors qu'on la croit qq chose de monolithique. Ajoutons enfin que le rapport Harmel survint après la rupture française de 1966, qui causa un vrai choc à l'alliance. Et qu'il prônait à la fois un renforcement des capacités militaires et une ouverture politique : c'est ce dernier aspect qui le rendit si populaire à l'époque, puisqu'il donnait une dimension diplomatique à l'alliance, matrice de sa tentation de sortir d'un simple rôle militaire. On retrouve ce besoin dans la relation ambiguë avec la CEE puis l'UE, ou avec les projets américains d'alliance globale.

3/ La DPG (je crois qu'il faut la mettre au singulier) a été adoptée au sommet de Riga en 2007. Quand on regarde ce qu'elle propose, on s'aperçoit qu'elle est relativement cantonnée à un domaine technique, et non dans le domaine politique que revêt normalement un concept. Mais il est vrai qu'elle a des soubassements très politiques....

4/ Attention aux sommets de Rome (2002) et de Bruxelles (2005) qui n'ont été que des sommets de circonstance, et non des sommets pléniers comme celui de Strasbourg (ou de Bucarest). Rome n'a servi qu'à signer la création du COR. Bruxelles a servi à accueillir G. Bush qui est venu rendre visite au QG de l'alliance pour se rapattacher avec les Européens après la crise irakienne. Ils avaient donc une portée très limitée et la déclaration publiée à chaque fois était logiquement réduite. Enfin, il est est exact que la déclaration de Bucarest ne mentionne pas le concept.

5/ Je crois enfin que Strasbourg va lancer le débat, et que l'année 2009 sera intense pour la sécurité européenne : FCE et BAM, bien sûr, Transnistrie peut-être, et enfin START en décembre. Pour le coup, l'adoption du prochain concept au sommet de Lisbonne, en novembre 2010, tiendra compte des évolutions de cette année : bref, on a finalement eu raison d'attendre.

O. Kempf

mercredi 25 mars 2009

A propos d'Ivo Daalder, nouvel ambassadeur US à l'Alliance atlantique

Alors qu'AGS nous propose un portrait du nouveau SACEUR (voir ici), il paraît opportun d'évoquer l'autre personnalité nommée par B. Obama, à savoir Ivo Daalder.

1/ Celui-ci est tout d'abord un universitaire. Il est passé par Oxford, le MIT, Harvard, et il est membre du CFR et de l'IISS. Il enseignait à la Brookings. On peut obtenir plus de détails ici, ici et ici.

daalderi_portrait.jpg

2/ C'est aussi un démocrate, qui a conseillé B. Obama tout au long de sa campagne : voir ici ou ici. Il avait auparavant appartenu à l'équipe du NSC en 1995-1996, durant la présidence Clinton. Qu'on se souvienne : au sommet de Bruxelles de 1994, les alliés avaient évoqué pieusement l'élargissement. Puis B. Clinton était parti à Prague où il avait affirmé, péremptoirement, "la question n'est pas si il y aura élargissement, mais quand et comment". I. Daalder a donc travaillé sur cet élargissement.

3/ Car il ne faut pas s'y tromper : c'est un des universitaires américains qui est vraiment spécialiste de l'Alliance (avec R. Asmus, qui lui aussi a travaillé pour la présidence Clinton, de 97 à 2000). Et comme Asmus, démocrate, il est un des partisans de toujours de l'élargissement : qu'on se reporte par exemple à son article "Global Nato" dans Foreign Affairs d'octobre 2006.

4/ Tout ceci pour affirmer qu'il ne faut pas s'attendre, de la part de l'administration Obama, à une position moins "expansionniste" que celle de G. Bush, comme on avait pu le croire. Je pensais ainsi que cette volonté d'élargissement était une manière pour les Républicains de retrouver une utilité à l'Alliance et de raccommoder les choses après la crise irakienne. D'ailleurs, cela n'avait pas marché car après avoir imposé le sommet de Bucarest, le président Bush s'était heurté à l'opposition franco-allemande à propos de l'entrée de l'Ukraine et de la Géorgie (voir mes articles dans DNSC).

5/ Or, ainsi que je l'ai fait remarqué, arrivé au pouvoir, le nouveau président Obama a envoyé une lettre au SG de l'Otan où il évoquait deux choses : l'Afghanistan et l'élargissement (voir mon billet ici). Cela m'avait surpris à l'époque. Mais il semble bien que le nouveau gouvernement persiste dans cette vision. Cela sera fâcheux.

6/ En effet, c'est ne pas comprendre les Russes qui ne supportent plus cet expansion. Qu'on le déplore ou pas, ils sont actuellement plutôt en position de force dans la grande négociation européenne. De plus, les Français et les Allemands ne veulent toujours pas entendre parler de la poursuite de l'élargissement (hors les pays balkaniques, bien entendu). Dès lors, il faudra observer ce point avec grande attention lors du prochain sommet : je pensais que cela serait mis sous le boisseau, et ce n'est pas sûr.

7/ A moins qu'il ne s'agisse de monter les enchères dans la grande négociation qui s'annonce avec les Russes. Ceux-ci n'ont ils pas annoncé qu'ils allaient moderniser leur équipement car ils se sentaient provoqués ? Le maintien d'un discours 'pro-élargissement" de la part des États-Unis seraient la réponse du berger à la bergère, une façon de faire monter les enchères sur des sujets auxquels on ne tient pas vraiment, afin de pouvoir les abandonner en faisant semblant de sacrifier quelque chose de gros.

Il reste qu'on est loin de Victoria Nulland, farouche neo-cons (voir mon billet ici). Il est très intéressant de comparer les deux profils politiques.

O. Kempf

mardi 24 février 2009

Débat sur l'Otan

Le débat sur le retour de l'Otan prend du volume. Outre les déclarations publiques des politiques (L. Gautier, A. Juppé, D de Villepin), de spécialistes (L. Michel, D. Moïsi & K. Kaiser) ou des généralistes qui ont un avis sur tout (A. Duhamel, A. Grard-Slama), les journalistes font leur travail.

L. Zecchini montre ainsi que la stratégie américaine ne sera connue que fin mars, trop tard pour le sommet de Strasbourg (ce qu'expliquait, dès juin dernier, l'amiral Dufourcq du CEREM) : cela explique pourquoi de nombreux pays attendent avant de se dévoiler. Même si la mission européenne (EUPOL) est bien frileuse aussi (250 policiers sur les 400 autorisés) et que l'aide financière n'arrive qu'à petit flot.

De même, N. Nougayrède explique qu'en attendant, les Européens s'organisent et envisagent un groupe de contact. Elle commet juste une erreur factuelle : Cela n'a pas été refusé à Riga, mais proposé par J. Chirac lors de ce sommet d'il y a deux ans et demi. Et effectivement, dans le bushisme triomphant d'alors, on avait laissé ça de côté, alors qu'on commençait seulement à se rendre compte, mezzo voce, que l'Afghanistan ne serait pas une si simple affaire que ça. (voir mon article de l'époque)

Pour le reste, et pour ceux que le débat franco-français intéressent, le débat à l'AN sur la réintégration de l'Otan (qui n'est pas la même chose que l'alliance, faut-il le répéter) aura lieu le 23 mars au Palais Bourbon. On aura encore des envolées lyriques, bien évidemment à côté du sujet.

Pendant ce temps là, le dispositif de sécurité à Strasbourg s'alourdit : Obama sera là, donc "yes we can": we can assurer la sécurité !

O. Kempf

mardi 17 février 2009

Agacement

Tous les soirs, dans "On refait le monde" sur RTL, Nicolas Poincaré termine son émission en demandant à ses invités : "coup de cœur ou coup de g...?" Je ne suis pas un intervenant, donc je ne pourrai pas pousser de coup de g.... Mais, pour parler poliment comme la tenue de ce blog l'exige, je souhaiterais manifester un certain agacement.

Dans une tribune publiée cette semaine dans un quotidien national, je suis surpris de voir l'auteur (homme politique de première importance) confondre Alliance atlantique et OTAN.

Cette erreur, commune dans l'opinion publique, ne devrait pas l'être chez des hommes politiques de portée nationale. A cause de cette erreur, au lieu d'éclairer le débat, on l'obscurcit. Dommage pour la pédagogie.

Qu'il soit donc rappelé :

- que la France n'a jamais quitté l'alliance atlantique, c'est-à-dire l'alliance politique

- qu'elle a quitté l'organisation militaire, intégrée, qu'on appelle communément "OTAN". Même si, pour des spécialistes comme moi, on pourrait raffiner pour savoir exactement les contours de l'organisation intégrée et les quelques différences qui la séparent, éventuellement, de l'OTAN : mais cela intéresse mes étudiants, non le grand public.

Pour celui-ci, tenons nous en à quelque chose de simple :

Alliance = Politique

OTAN = militaire = intégré.

Après, chacun jugera.

O. Kempf

jeudi 12 février 2009

Discours de J. de Hoop Scheffer à l'Assemblée Nationale

Le secrétaire général de l'Otan, JHS, a prononcé aujourd'hui un discours à l'AN (ici, car pas encore en ligne sur le site de l'AN)). Si, bien sûr, il a évoqué le retour de la France dans l'organisation intégrée (débat en France, mais pas débat à l'OTAN), il a évoqué quelques autres points qui méritent d'être relevés.

1/ Le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive, les trafics transnationaux, la piraterie, les cyberattaques sont autant de nouvelles menaces pour les membres de l'OTAN.

La question des menaces ne cesse d'agiter l'alliance, car c'est à partir de celles-ci qu'elle trouve sa justification. SI le terrorisme et la prolifération sont des grands classiques de puis 8 ans pour le premier, et 1989 pour le second, on notera l l'apparition de nouvelles menaces : trafics, piraterie et cyberattaques. SI pour ces deux derniers, l'alliance a fait des choses (une mission maritime et un centre de cyberguerre), on voit mal son action contre les trafics. Enfin, on note l'absence de la question de la sécurité énergétique, qui était THE menace les deux dernières années.

2/ l'OTAN a une conscience aiguë de la nécessité de s'intégrer dans un ensemble plus vaste d'organisations internationales et régionales, dans une « approche globale ». D'où l'exemple afghan : la mission de l'ONU, de l'UE, du gouvernement afghan lui-même, de la Banque mondiale, des ONG.

Approche globale : c'est bien sûr au niveau politique, comme ici (préoccupation logique du leader politique qu'est JHS) mais cela a des conséquences militaires également, qui agitent les travaux de l'EMI et du SHAPE : comment intégrer sur le terrain le travail inter-agence ?

3/ Un rappel : Les forces intégrées n'existent plus: les forces sont mises à disposition de l'OTAN pour une mission donnée par les nations (seules quelques forces dédiées demeurent, pour des raisons pratiques de cohérence, comme en matière de défense aérienne).

4/ Un dossier technique, mais ambitieux : Ainsi, je proposerai aux 26 ministres de la Défense dès la semaine prochaine, à Cracovie, un nouvel ensemble de réformes du fonctionnement du siège de l'OTAN et du Secrétariat international.

En fait, il s'agit de savoir si on va vers une fusion du Secrétariat International (aux mains du SG, politique) et de l'EMI (à la disposition du Comité Militaire) sous couvert d'une réforme technique : et donc, si on s'engage dans une civilation de la structure. Bref, il faudra suivre cela avec attention.

5/ A propos du retour de la France et de la question européenne : Une Europe de la défense est dans l'intérêt de l'OTAN. Je dirais même que pour l'OTAN, l'enjeu, ce n'est pas moins d'Europe, comme certains pouvaient le croire il y a dix ans, au contraire, c'est plus d'Europe, en particulier en ce qui concerne les capacités militaires. N'allez pas croire qu'il s'agit d'une simple position de principe : il s'agit de la réalité et l'Otan a vraiment besoin des capacités civiles de l'UE. Aujourd'hui, malgré les apparences et compte-tenu des crises en cours, l'Europe paraît avoir plus de moyens adaptés que l'Otan. Ce qui justifie la promotion d'un "Berlin + à l'envers", permettant à l'Otan d'utiliser les moyens civils de l'UE. On lira avec intérêt mon dernier article (voir ici). Pour l'Otan, c'est la seule question du retour de la France, c'est la seule chose qui intéresse les alliés : favoriser l'accès aux moyens européens.

6/ A propos de la Russie, on est assez loin des déclarations outrées de l'été : La sécurité et la stabilité de la zone euro-atlantique sont directement liées à une coopération saine et équilibrée entre l'OTAN et la Russie.

7/ Point sensible, et message important adressé publiquement, la question de la planification de défense, qui était, concrètement, le lien d'intégration autrefois utilisé par l'OTAN au temps de la guerre froide, et refusé par De Gaulle à partir de 1966. Les amateurs croient que la seule question de la sortie de la structure intégrée tient à la non participation au comité des plans de défense et comité nucléaire : erreur : ces comités ne servent pas à grand chose. Le vrai moyen d'intégration, outre les forces affectées (qui n'existent plus depuis les années 1990), c'est la planification de défense.

Voila ce que dit JHS : Si je prends le domaine de la planification de défense, par exemple, la France participerait complètement à la définition du niveau d’ambition de l’Alliance, c'est‑à‑dire le nombre et le type de missions que l’Alliance doit être en mesure de conduire. Ce faisant, elle pourrait assurer une concordance entre les niveaux d’engagement de l’UE et de l’OTAN. Elle pourrait aussi contribuer à la définition des besoins capacitaires des Alliés à moyen et à long terme, ainsi qu’à celle des capacités dont l’Alliance a besoin collectivement

8/ Allusion à la place future et à la probable place de SACT accordée à un général français : La présence des experts français à tous les échelons des structures militaires permettrait à la France d’être concrètement impliqué tant dans la préparation de l’avenir (ce sont les travaux d’ACT), que dans la rédaction des scénarios de gestion de crise, la préparation des plans d’opérations et la conduite de l’opération sur le terrain (c’est le rôle d’ACO et des commandements subordonnées).

9/ Enfin, en conclusion, le but officiel du sommet de Strasbourg-Kehl : Ce sommet ne sera cependant pas que l’occasion de fêter un anniversaire, et d’accueillir au sein de la communauté transatlantique un nouveau président des Etats-Unis. Ce sera aussi l’occasion pour l’Alliance d’exprimer des choix pour son avenir, pour le XXIe siècle. Les Chefs d’Etat et de gouvernement adopteront une Déclaration sur la sécurité de l’Alliance, qui devrait manifester cette vision. Ils devraient aussi, je l’espère, lancer les travaux pour l’élaboration d’un nouveau concept stratégique de l’OTAN – l’actuel remonte à 1999.. Le nouveau concept sera adopté donc au sommet de 2010 (puisqu'il semble établi qu'il y aura un sommet dès l'an prochain, cette répétition posant évidemment un problème de fond : mais on y reviendra dans un autre billet)

Bref, ce discours est très intéressant car on y comprend les vraies préoccupations alliées, qui sont bien éloignées du débat sur le retour de la France : celui-ci, ainsi que je l'ai déjà écrit à de nombreuses reprises, est un faux débat, tourné vers le passé, qui ne prend en compte ni la situation actuelle, ni les questions futures.

O. Kempf

mercredi 4 février 2009

Actes du Colloque sur l'Otan

Il y a quelques mois, j'avais participé à un colloque de la fondation G. Péri sur l'Otan (voir ici) et je vous en avais rendu compte (voir ici).

Les Actes du colloque viennent de paraître: acte_colloque_G_Peri.jpg

Je vous renvoie au détail des contributions. J'ai apprécié la diversité des intervenants. Bref, il y a eu là plein de choses intéressantes. Et comme ce n'est pas cher, ça vaut le coup de s'y risquer.

O. Kempf

lundi 26 janvier 2009

OTAN : un nouveau Secrétaire Général

Signalé par Ice Zebra Station, cet article de l'Economist qui évoque les candidatures à la succession de Jaap de Hoop Scheffet comme SG de l'OTAN. Pas beaucoup de candidats connus, hein.... La candidature française ne semble pas tenir la corde (voir mon billet ici). Et ça confirme ce que je disais (ici) : l'Allemagne devient le nouveau "bad guy".

Mais ce qu'on en retient, c'est que ce sera un des enjeux de Strasbourg. Et qu'on neutralise un pays quand son représentant est désigné comme SG.

Olivier Kempf

Obama écrit à l'Otan

C'est, je crois, une première. Le président Obama a écrit au secrétaire général de l'Otan, pour le remercier de ses félicitations (voir ici la lettre en français).

1/ J'ai vérifié : ni Bush en 2001 et en 2005, ni Clinton en 1997 ne l'avaient fait. Avant, je n'ai pas trouvé de données en ligne sur le site de l'Otan....

Donc (quindi), B. Obama envoie dès le premier jour de sa présidence une lettre à l'Alliance. On est très loin des bouderies du 2ème Clinton (où l'opération du Kossovo avait provoqué la campagne de dénigrement envers l'Otan), sans même parler de la négligence bushienne (la déclaration de Rumsfeld énonçant "la mission fait la coalition" date d'octobre 2001, soit immédiatement après le 11 septembre).

Signe de très grande attention, signe politique très appuyé, cela replace l'alliance au cœur de la politique transatlantique américaine. Au-delà, cela peut signifier également la volonté de réinstaller l'Occident (en acceptant le théorème que l'Alliance est l'expression de cet Occident) au centre des affaires internationales. C'est ce que suggère la phrase "Nos nations partagent plus qu’un attachement à leur sécurité commune : elles partagent aussi un ensemble de valeurs démocratiques.". Certes, le discours sur les valeurs partagées est un classique du discours américain au sujet de l'alliance. Mais il est repris alors qu'il avait été délaissé. Et cela marque plus en Europe que la doctrine du choc des civilisations.

Si on passe les politesses d'usage, qu'en retenir au fond ?

2/ "L'OTAN peut être fière de ce qu’elle a déjà fait, mais il lui reste beaucoup à accomplir, depuis l’aide qu'elle doit apporter au peuple afghan en vue de l’édification d’un avenir meilleur..."

Les choses sont claires : La nouvelle présidence revient vers l'Alliance, mais donne le niveau de ses enchères. En clair, les Européens vont devoir augmenter leur engagement en Afghanistan. Et pour B. Obama, qui accepte l'envoi de 20 à 30 000 hommes cette année (alors que l'an dernier, il n'évoquait que deux ou trois brigades), cet engagement, ce sont des troupes. La guerre, il faut des soldats pour la faire.

Cela ne surprend guère, cela dit, car chacun s'y attendait, et les différents états-majors étudient les choses (voir par exemple ici).

3/ ".... à l’aide qu'elle doit apporter aux peuples du sud et de l'est de l'Europe dans leur processus d'intégration complète à l’Europe démocratique.".

Intégration ! c'est vraiment surprenant, car cela laisse à penser qu'Obama confirme la position bushienne en faveur de la poursuite de l'élargissement, alors qu'on s'attendait, sur ce point, à une rupture. S'agit-il vraiment de poursuivre l'élargissement (et donc, de continuer à soutenir la candidature de l'Ukraine et de la Géorgie? alors que ces deux pays sont en déconfiture politique, l'un à cause de la guerre de cet été, l'autre à cause de la guerre du gaz qui met en relief la division politique intérieure ?

On reste très surpris de cela, car politiquement, tous les observateurs s'accordent à prédire un enterrement de ces velléités? Peut-être s'agit-il alors de mettre quelque chose en parallèle à l'Afghanistan, de façon à pouvoir le retirer... Une position de négociation que l'on sait ingagnable mais que l'on pose pour l'échanger....

Il faudra en tout cas suivre avec la plus grande attention le discours américain à la Wehrkunde de Munich dans dix jours (du 6 au 8 février, voir ici)

4/ On fait grand cas, ces derniers temps, du 'smart power', nouvelle invention du Dr Nye et mélange de puissance douce et puissance dure. Revenir à l'Otan, serait-ce la première manifestation de ce smart power ? Ou encore, en matière transatlantique, Obama = Clinton (H) + Jones ?

Tout ceci est donc diablement intéressant et mérite d'être suivi attentivement, pour prédire les grandes lignes du sommet de Strasbourg-Kehl.

O. Kempf

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