Cet ouvrage, dirigé par Pierre Pascallon, reprend les actes d’un colloque organisé par le club Participation et progrès à l’Assemblée nationale, le 8 décembre 2014. Son questionnement paraît visionnaire tant les choses ont paru empirer depuis, tant le thème de la guerre est revenu dans le débat public, tant le monde paraît aujourd’hui au milieu d’une crise extrêmement profonde, systémique diraient certains. Certes, rappelle Philippe Moreau Desfarges en avant propos, chaque époque « aime à se croire proche de l’apocalypse ». Il faudrait donc raison garder. C’est l’objet finalement de ce livre : utiliser la raison pour observer les bouleversements en cours et leur donner des clefs de compréhension, nécessaires à toute action politique.
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22/16 Raqqa et Vietnam, pétrole et géoblocage
Offensive contre Faloujah et Raqqa. Au cas où vous n'auriez pas suivi, deux offensives sont menées contre l'EI. Une à Falloujah, selon un mécanisme compliqué joignant "troupes gouvernementales", milices chiites, conseillers américains. La progression est lente, on est loin des progressions foudroyantes (l'EI a réinventé la notion de blitzkrieg en 2014) des adversaires. Dans le même temps, les Kurdes descendent vers le sud pour aborder Rakka en Syrie. Là encore, on sent un appui américain mais pas un grand enthousiasme kurde. Des deux offensives, on retire la "combinaison" des efforts comme dans les plus classiques plans de manœuvre. L'idée consiste à faire pression en deux endroits différents, de façon à entraver la bascule d'efforts des réserves. On verra dans la durée mais cela ne semble pas avoir beaucoup ému l'EI, qui a profité de ces attaques pour lancer lui-même une contre-offensive au nord d'Alep contre les positions acquises par les "rebelles" (fortement appuyés par la Turquie) le long de la frontière avec la Turquie. Et là, l'EI progresse. Du coup, les Kurdes du coin (ceux d'Afrin) en profitent pour progresser aussi en direction de Marea, là aussi aux dépens des rebelles. Faut-il rappeler que l'EI a bâti sa stratégie militaire sur une très grande décentralisation ?
Quel est l'impact des technologies biométriques sur notre vie privée ? (P. Tran Huu)
Voici un très intéressant article qui nous est proposé par Pascal Tran Huu. Mille merci à lui. OK.
La biométrie a, selon le dictionnaire médical de l’Académie de Médecine, trois définitions :
1) Science qui étudie, à l’aide des mathématiques (statistiques, probabilités), les variations biologiques à l’intérieur d’un groupe déterminé
2) L’anthropométrie est la biométrie appliquée à l’Homme
3) En assurance vie, calcul, à l’aide de tables de références, de la durée probable de vie d’un individu donné.
A la suite des attentats du 11 septembre 2001, l’utilisation des données biométriques s’est généralisée au point qu’une nouvelle définition a vu le jour. Partant du constat qu’il y a trois moyens de prouver son identité[i] et que sur les trois, un seul est, pour le moment, fiable, les spécialistes ont proposé que la biométrie soit définie comme la technique qui permet « l'identification ou l’authentification d'une personne sur la base de données reconnaissables et vérifiables qui lui sont propres. »
21/16 Belgique et BRICS, art 16 et SA18
La Belgique en faillite politique. C’est du moins ce qui ressort des récents développements. Ainsi, un des premiers magistrats du pays a récemment déclaré que la baisse des crédits envers la justice, la première fonction d’un État de droit, faisait que celui-ci était désormais un État voyou. La polémique a bondi, d’autant que les gardiens de prison sont en grève depuis trois semaines et que du coup, on a été obligé d’envoyer des militaires dans les prisons pour assurer le service minimum (!). Tout ceci après les graves défaillances révélées par la succession d’attentats terroristes en France et en Belgique, ou encore des infrastructures qui se délitent comme en témoignent les nombreux tunnels fermés à Bruxelles qui provoquent des embouteillages monstres. Disons les choses : une des raisons profondes tient à l’enchevêtrement institutionnel et à l’indépendantisme flamand. La NVA, parti flamand, est au gouvernement et sous couvert d’une politique de réforme libérale, fait tout pour amoindrir l’État. La Belgique fout le camp et éclatera bientôt…
20/16 Soubelet et Velez-Malaga, Obama et Erdogan
Liberté d'expression : l'affaire Piquemal, anecdotique, puis l'affaire Soubelet, plus sérieuse, ont remis au devant de la scène la question de la l'expression des militaires. Disons ici que nous appuyons la tribune de Desportes. Constatons surtout le conservatisme ambiant, à droite (Juppé) comme à gauche (qui n'a finalement rien fait). Alors que beaucoup se font des vapeurs à propos des lanceurs d'alerte (Snowden ou le journaliste qui a dénoncé Junker au Luxembourg), remarquons pour conclure que les pouvoirs, où qu'ils soient, sont aujourd'hui dans une volonté de restriction de la parole. Est-il besoin de dire que c'est à contre-courant de l'évolution globale de la société et que si nous avions des gens avec un peu d'imagination, ils porteraient une réforme qui est désormais nécessaire ? Enfin, j'attends encore les voix des éternels "combattants de la liberté d'expression", extrêmement silencieux, tout comme la "représentation nationale", qui ne prend pas la peine de défendre une des personnes qu'elle a voulu entendre : le laisser à son sort signifie que désormais, quiconque ira à l'AN devra savoir qu'il ne doit pas dire toute la vérité...
Politique chinoise de la France
Une étudiante chinoise, en fac à Lyon, rédige son mémoire de master sur la politique chinoise de la France durant la présidence de Sarkozy. Elle me dit : "j'ai lu votre livre Géopolitique de la France entre déclin et renaissance, dans lequel vous avez parlez de la relation franco-chinoise, je voudrais donc vous poser quelques question là-dessus". Voici ci-dessous ses trois questions et mes réponses. Car du coup, j'ai relu les quelques paragrpahes que j'avais écrits sur le sujet dans GP de la France, et me suis aperçu qu'il y avait évidemment encore plein de choses à dire.
Quelle destruction créatrice de l'UE ?
Pas un jour sans qu'un article, un édito, une tribune ou un essai ne constate la panne de l'Europe. Le diagnostic est assez connu pour qu'il ne soit pas besoin d'y revenir. Là où les choses se compliquent, c'est lorqu'on passe au stade des propositions. Car tout le monde a l'air désormais de passer par pertes et profits l'actuel système européen (les "institutions"). Fort bien, mais comment "passer à autre chose" ?
19/16 Turquie et TTIP, Trump et Davutoglu
La lutte s’intensifie entre l’EI et la Turquie. D’une part, L’EI frappé en Syrie depuis la Turquie, 63 morts. D’autre part, l’EI organise de plus en plus d’attentats en Syrie même et n’hésite plus à riposter avec des mortiers tirant vers le sol turc. Mais on n’en est pas encore à un retournement total, Ankara conservant ses accusations principalement contre les Kurdes.
Faut-il penser l'EI au passé ?
Après une année 2014 marquée par la surprise devant l’émergence de l’État Islamique, une année 2015 inquiète devant sa résistance, ce début d’année 2016 semble marqué par un regain d’optimisme envers l’organisation. Ainsi, les instituts anglo-saxons dressent le décompte exact des pertes de territoire de l’organisation. Selon une étude de Janes parue en décembre dernier, elle aurait perdu 14 % de son territoire en 2015. Une autre étude de fin mars 2016 évoque le chiffre de 25 %. Ceci concerne l’Irak et la Syrie. On pourrait de même évoquer les revers subis par l’EI en Libye, dont la récente perte de Derna en Cyrénaïque. (Texte de l’intervention prononcée le 30 avril dernier au Forum International de Réalités, à Hammamet, en Tunisie, que je vous avais annoncée ici) (billet publié initialement sur La Vigie)
Ghost Money (Smolderen & Bertail)
Voici une des BD les plus intelligentes (et prenantes) que j'ai récemment lues. Il est temps de la signaler puisque le cinquième (et dernier) tome de la série vient de paraître.
18/16 Trump et Obama, Maroc et Syrie, sous-marins et élections
Nous nous étions interrogés ici sur l'initiative bizarre de Ban Kii Moon qui avait pris partie en faveur de l'Algérie à propos du Sahara occidental, dans une posture contre le Maroc. Les choses se sont poursuivies avec le vote aux NU de la résolution 2285. On lira une analyse ici d'un think tank pro marocain qui donne bien des clefs de lecture. Cela explique aussi le très curieux article à charge paru dans le Monde en ligne contre Mohammed VI, accusé d'un tournant anti-occidental. Les choses paraissent désormais assez claires. Les Américains ont opté pour l'Algérie ce qui explique qu'ils aient soutenu, en aval, l'initiative de Ban Kii Moon qui ne l'aurait jamais prise autrement. la première mouture de la résolution était truffée de pièges, à l'initiative américaine. La France s'y est opposée et a réussi à bloquer la plupart des pièges. il semble que la direction américaine se soit finalement résolu à rejoindre cette position traditionnelle. Il n'est pas impossible ici de penser que l'initiative ait été le fait de cercles washingtoniens qui ont circonvenu la présidence, et que celle-ci, devant l'ampleur du retournement, y ait mis le holà. On sait en effet à quel point il y a plusieurs politiques étrangères à Washington et combien certains cercles prennent des initiatives à l'encontre de la Maison Blanche. Ceci n'est bien sûr qu'une hypothèse.