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mardi 8 juin 2010

Nostalgie impériale

Curieusement, je me rends compte, à travers ce blog, de l'importance que revêt la défaite de 1940.

Cela me fait penser à la nostalgie du troisième empire colonial, si bien décrite par Zemmour : non pas le premier de Louis XIV ou Louis XV, non pas le deuxième de Napoléon en Europe, mais le troisième construit au XIX° siècle, et dont la perte laisse plus de traces que l'abandon des deux précédents....

On trouve des échos de cette affect appuyé donné à "l'Empire" dans le discours de De Gaulle, à partir de juin 1940, expliquant que la lutte peut être continuée outre-mer. Alors, l'Empire est le lieu de la liberté , de la lutte, de la résistance, de la survivance...

Et dans la nostalgie actuelle il y a, inconsciemment, la volonté de retrouver cet esprit de lutte et de domination d'un environnement ressenti comme défaitiste.

O. Kempf

samedi 17 avril 2010

Politique arabe de la France

La lecture de l'excellent ouvrage de Maurice Vaïsse, histrien spécialisé du sujet de la politique extérieure de la France, est extrêmement instructive. On y trouve notamment de très bons passages permettant de mettre en perspective la politique arabe de la France.

Morceaux choisis.

in M. Vaïsse, « La puissance ou l’influence », 2009, Fayard, p. 351.

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lundi 12 avril 2010

La France, la Russie et le revers

La vente du Mistral à la Russie rappelle furieusement l'amitié franco-russe d'i y a un siècle.

bpc-mistral-marine-nationale-toulon.jpg (photo tirée d'ici)

La France a souvent "joué" la Russie , et souvent comme alliance de revers. Cela mérite quelques commentaires.

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jeudi 4 mars 2010

Tabou français

« En 1939, la France était encore une grande puissance internationale. Mais ne l’espace de trous courtes décennies elle essuya une défaite écrasante, une occupation avilissante, deux retraites coloniales aussi sanglantes qu’embarrassantes et, en 1958, un changement de régime en forme de quasi-coup d’état. La Grande Nation avait accumulé tant de pertes et d’humiliation depuis 1914 que la propension compensatrice à ne jamais manquer une occasion d’affirmer l’honneur national était devenue profondément enracinée. Les épisodes peu glorieux –ou pires-, mieux valait les consigner dans un trou de mémoire » in « Après-guerre », Tony Judt, p. 948.

Voici la raison du tabou géopolitique de la France : elle a atteint son projet géopolitique en 1918, récupérant « ses » frontières avec l’image d’une grande puissance, et depuis, tout s’en est allé à vau-l’eau. Tout ça pour ça ? faut-il encore un projet géopolitique ? Au fond, le discours superbe de De Gaulle fut une thérapie de groupe, et l’apparent orgueil des Français, si exaspérant pour tous les autres, n’était que le moyen de taire les avanies traversées. Il se trouve qu’il y a, aujourd’hui, une normalisation et que les Français, comme bien d’autres Européens, sont devenus des « hommes neufs », d’une certaine façon oublieux du passé : peut-être peut-on leur parler à nouveau de géopolitique….

O. Kempf

lundi 22 février 2010

Discours d’adieu du CEMA

C’était probablement le dernier discours du général Georgelin, en tant que CEMA : il a été prononcé mercredi dernier 17 février, à l’école militaire, devant un parterre d’officiers de l’EMA, des trois armées, du CHEM et du CID. De l’avis de tous ceux que j’ai interrogés, c’était un beau discours, notamment son introduction et sa conclusion, qui ont marqué les esprits. L’émotion du général était palpable : à la fois témoignage, bilan, et affirmations des fondements de l’action, le projet était affirmé dans le titre : « les armées face aux réalités du monde ». Autrement dit : « pourquoi des armées aujourd’hui ? ».

Un des auditeurs a bien voulu me confier ses notes, sachant que le discours sera publié un des ces jours : c’est assurément un discours géopolitique, prononcé par un géopoliticien - un acteur de la géopolitique. ça vaut le détour.

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samedi 6 février 2010

Gendarmerie et Sécurité des espaces du territoire

La Gendarmerie nationale est passée dans le giron du MIOMCT. Elle garde pourtant son statut militaire.

Pourquoi ? probablement pour une raison d’organisation de la sécurité du territoire. Il s’agit pour l’Etat d’organiser dans l'espace français le monopole de la violence légitime : bref, une vraie question géopolitique.

Bref, plus qu'une curiosité, une nécessité, même si l'emploi de la force gendarmesque est confié à l'Intérieur.

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lundi 21 décembre 2009

Isthmes et centre

Notons deux caractéristiques de la géopolitique française :

Tout d’abord, la France est déterminée par la maîtrise spatiale du double isthme Méditerranée-Atlantique : celui qui lie l’Aude à la Garonne, celui qui rejoint la Saône à la Seine. D’ailleurs, c’est en partant de la maîtrise de celui du nord que la royauté a peu à peu descendu son autorité vers le sud, la barrière des Pyrénées lui permettant d’atteindre le seuil du sud sans concurrence. Plus qu’un hexagone, la France est le pays des deux isthmes. Elle est déterminée par ces deux mers, et par la barrière du sud : certes, les Pyrénées ne sont pas infranchissables : elles constituent toutefois une limite pratique et visible. Toute la question sera, dès lors, de fermer l’ouverture au nord-est, vers ce territoire d’openfield et de plaines et plateaux. Pas de frontières « naturelles » de ce côté-là : tout est politique, plus que jamais. De là viendront les hostilités contre le duché de Bourgogne, le SERG, l’Autriche, l’Allemagne, incarnations successives du concurrent du nord-est.

Ce double isthme entoure le Massif Central.

Carte de France par Foncin dans 1ère année de géographie, A. Colin, 1887

Il faut ici dire un mot de l’invention tardive du Massif central : cette expression, tellement évidente qu’on la croit immémoriale, n’a été inventée par les géologues qu’au XIX° siècle. Par suite, les géographes l’ont réutilisée, notamment dans les écoles qui servirent à la construction du sentiment national, à partir de 1875 (voir par exemple ce blog). La carte au mur (la Levasseur et Hausen de 1874) montre ce Massif central si « évident ». L’appropriation générale est immédiate. Le massif central est alors le donjon français, le lieu du repli (si nécessaire après la mutilation de 1870). Surtout, il représente l’autre centre, géographique et rural, qui vient équilibrer le premier centre, politique et urbain, qu’est « naturellement » Paris.

Réf : on relira ce billet sur un petit bouquin passionnant sur la "géographie de nos grand-mères"

O. Kempf

vendredi 4 décembre 2009

A propos des régions

En France, il y a plusieurs façons de comprendre les régions.

Il peut s'agir de l'objet géographique, inventé par Vidal de La Blache, ce que dénonçait Y. Lacoste (cette notion de "région naturelle" ne repose sur aucune justification sérieuse : il s'agit au fond de refuser l'importance du facteur humain).

Il peut s'agir de la région administrative, inventée en 1964 par regroupement de départements, construction au hasard qui peu à peu tente de s'inventer des identités (avez-vous remarqué à quel point les cartes des "régions" s'arrêtent net à leurs frontières, comme s'il n'y avait rien au-delà ?) Elle s'adaptent très vaguement aux anciens découpages d'ancien régime. Elle sont l'emblème de la nouvelle décentralisation (voir mon billet)

Il s'agit enfin du mot d'eurorégion clamé par certains comme si l'Europe était la garantie des régions contre les Etats, soutenant par là une proto indépendance (lecture allemande) : alors qu'en fiat, il s'agit (du moins en théorie) de régions transfrontalières, destinées à souder la cohésion européenne au-delà justement des cadres nationaux.

On le voit, ces régions sont bien controversées.

O. Kempf

vendredi 6 novembre 2009

A propos de la Réforme territoriale

Le débat actuellement en cours sur la réforme territoriale a, logiquement, de forts relents politiques. C'est en effet de politique qu'il s'agit, même si elle est aussi (d'aucuns trouveront "trop") politicienne. Que peut dire le géopolitologue là-dessus? quelques considérations générales.

(image tirée d'ici)

L’agencement territorial répond à des besoins :

  • · Légitimité démocratique (élections : circonscription)
  • · Assiette fiscale (revenu)
  • · Action publique (production de norme, mais aussi dépense et décision d’endettement)

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mardi 3 novembre 2009

GP française, suite

Juste une petite réflexion supplémentaire à mon billet de l'autre jour.

Une des raisons du silence français sur la géopolitique du pays tient également à l'épuisement, en 1918 une première fois, et en 1962 une deuxième, du "projet géopolitique" initial que constituait la construction achevée de l'Etat-Nation.

Il y a en fait une certaine gêne : "et maintenant ?". Comme on ne sait pas répondre, du moins dans le cadre "français", on se tait ou on parle d'autre chose. De réconciliation franco-allemande, par exemple.

Est-ce un hasard si cette date de 1962 coïncide avec le traité de l'Élysée (1963) ? Et si d'ailleurs on s'escrime à poursuivre, envers et contre tout, le "moteur franco-allemand"?

Sur la question d'une géopolitique alternative, on lira avec intérêt cette analyse.

O. Kempf

lundi 12 octobre 2009

Géopolitique française : d'Ariane à Adélie

Avez-vous remarqué qu'il n'existe pas d'ouvrage sur la géopolitique française ? comme s'il s'agissait du dernier tabou. Longtemps, on n'a pas eu de géopolitique de l'Europe, puis elles ont fleuri depuis quelques années. Mais s'agissant de la France, rien (sinon un vieil ouvrage, de la fin des années 80, produit par l'équipe d'Yves Lacoste, mais très régionalisé : il s'agissait en fait d'une GP des régions françaises).

carte_france.jpg

Pourquoi ?

Plusieurs raisons apparaissent :

1/ Vieil héritage de la défiance française envers la Geopolitik à l'allemande. La géopolitique est enfin admise, mais d'une certaine façon, pour les autres :ces barbares seuls peuvent être "expliqués" par la géopolitique.

2/ Difficulté à porter un regard sur soi-même

3/ Postulat, d'autant plus fort qu'il est tabou et inconscient, et qu'on considère qu'au fond, la géopolitique française est une géopolitique européenne : avec l'ambivalence profonde régnant en France sur la question européenne, masque soit d'un idéal kantien (disparition des Nations dans une paix universelle) soit d'un multiplicateur de puissance post/krypto gaulliste.

4/ Or, il y aurait tellement à dire.... sur la Terre et la mer, sur le nord et le sud, sur le centre et la périphérie, sur les représentations et la vision du monde, sur Montesquieu et Vauban, sur l'Europe ou le large, sur la Méditerranée ou l'Atlantique, sur les langues et les populations, sur les confettis d'empire et les French doctors, sur les routes et la bombe, sur Ariane et Adélie, sur la notion d'hexagone, ....

Je suis donc engagé dans une réflexion sur ce sujet, avec un horizon de 200.000 caractères : toutes vos suggestions sont bienvenues.

O. Kempf

mardi 22 septembre 2009

LPM et ordonnance de 1959

Je m'étonnais, il y a plus d'un an, de la nature du LIvre Blanc et de son insertion dans la hiérarchie des normes. Je notais au passage les difficultés de cohérence avec l'ordonnance de 1959.

L'affaire est désormais levée, puisque la Loi de Programmation Militaire (LPM), votée le 16 juillet dernier, lève du même coup les deux objections.

1/ En effet, il faut constater que juridiquement, le LB n'est rien. Sauf à accepter une valeur "coutumière", ce que j'admets d'ailleurs volontiers : il a force de "loi" parce que les gens croient à sa valeur impérative : et somme toute, cela suffit. Surtout s'il s'agit d'inspirer une politique générale. Là où le bât blesse, c'est dans la fixation des objectifs : au sens propre, le LB ne peut fixer des contrats. C'est pourquoi la LPM vient suppléer à ce vide juridique, puisqu'elle a, au sens propre, force de loi.

2/ Allons donc lire cette LPM : elle est constituée de deux parties : un certain nombre d'articles, puis un rapport annexé qui expose 1 La politique de défense dans la stratégie de sécurité nationale de la France dont 1.4 Objectifs et contrats opérationnels, puis 2 La programmation militaire 2009-2014 avec la déclinaison des cinq fonctions, suivi de 3 La transformation de la défense (qui parle de format, de RH, de restructurations)), de 4 L’industrie et la recherche, de 5 L’adhésion de la Nation, condition de l’efficacité de la stratégie de sécurité nationale, de 6 Les ressources, enfin de 7 Les suites du Livre blanc et le suivi de la loi avec notamment un 7.1 Le conseil de défense et de sécurité nationale et la réforme de l’ordonnance de 1959.

3/ Restons dans la première partie, qui modifie l'ordonnance de 59 telle qu'elle apparaît dans le code de la défense.

  • Ainsi, l'article 1111.1 : "La défense a pour objet d'assurer en tout temps, en toutes circonstances et contre toutes les formes d'agression, la sécurité et l'intégrité du territoire, ainsi que la vie de la population." devient :
  • "La stratégie de sécurité nationale a pour objet d’identifier l’ensemble des menaces et des risques susceptibles d’affecter la vie de la Nation, notamment en ce qui concerne la protection de la population, l’intégrité du territoire et la permanence des institutions de la République et de déterminer les réponses que les pouvoirs publics doivent y apporter. « L’ensemble des politiques publiques concourt à la sécurité nationale.« La politique de défense a pour objet d’assurer l’intégrité du territoire et la protection de la population contre les agressions armées. Elle contribue à la lutte contre les autres menaces susceptibles de mettre en cause la sécurité nationale."

4/ Surprenant ? Et,comment dire, un peu verbeux ? Toutefois, l'essentiel est bien là, et derrière l'effort de précision qui justifie ces développements, on constate :

  • que la "défense" devient la "politique de défense"
  • que le terme d' "intégrité nationale" demeure
  • que la "vie de la population " devient la "protection de la population"
  • qu'enfin, ou plus exactement in principio, disparaît la notion de "en tout temps, en toutes circonstances et contre toutes les formes d'agression".

5/ C'est au fond ce dernier point que je trouve le plus significatif. Un interlocuteur me répondait que la notion se maintenait dans le statut général des militaires : certes, mais on conviendra que ce statut a un rang moindre que cette LPM, elle-même moins solennelle que l'ordonnance ; que la valeur un peu sacrée du texte que tout militaire savait presque inconsciemment disparaît ; que c'est donc une particularité "militaire" qui s'estompe, sans y prendre forcément garde. Ce qui était dit en peu de mots, lapidaires et donc essentiels, se boursouffle de mots pas forcément utiles. Au-delà, les notions de permanence (tout temps) et de tous azimuts (toute circonstances) s'affaissent. C'est un coup de canif à la dissuasion, et à l'article 16. Pas grave, l'essentiel y est, me rétorquera-t-on... Sans doute ! mais pas très convaincant....

6/ le ministre de la défense : désormais, il est responsable "de la préparation et de la mise en œuvre de la politique de défense." quand, dans l'O59, il n'était chargé que de "l'exécution de la politique militaire". A noter qu'il est aussi responsable de "la mise en condition d’emploi", expression que l'on retrouvait déjà dans l'O 59 et qui ne me paraît pas précisément définie : or, cette imprécision pouvait être de peu d'importance en 1962, voire en 1982 : avec cette LPM, mais aussi les décrets de 2005 réformés par les décrets de 2009, ces mots prennent une subite importance : nul doute que les juristes vont s'atteler à nous expliquer ce que signifie la mise en condition...

7/ Le ministre de l'intérieur voit ses attributions évoluer : "responsable de la préparation et de l’exécution des politiques de sécurité intérieure et de sécurité civile qui concourent à la défense et à la sécurité nationale" quand il n'était que de "préparer en permanence et mettre en œuvre la défense civile" : le changement est notable, et n'étonnera personne.

8/ Dernière modification significative : l'O59 évoquait les autres ministres. La LPM désigne celui de la justice, de la santé et de l'environnement : leur apparition dans les affaires de défense n'est pas anodine, et apparaît heureuse.

Nous examinerons, dans un prochain billet, le rapport annexé.

O. Kempf

mercredi 8 juillet 2009

Du riffifi au Quai d'Orsay ?

L'observateur que je suis s'interroge.....

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1/ Ainsi donc, le quai d'Orsay, siège du Ministère des affaires étrangères (MAE dans le jargon), aurait des fonctionnaires qui fuiteraient en direction du Canard Enchaîné. Fuite, ce n'est pas un tuyau crevé qui fuit, c'est au contraire quelqu'un qui donne des tuyaux ... Bref, des informations confidentielles que les journalistes s'empressent de publier, surtout quand il s'agit d'extraits des télégrammes diplomatiques.

2/ On lira ainsi V. Jauvert signaler la question des fuites à propos de l'Iran, qui provoque l'ire des Etats-Unis, et donc la réaction du MAE qui porte plainte contre X (voir ce billet de Melina sur lepost, et celui de G. Malbrunot sur le Figaro).

Bon.

3/ Le 18 juin, un avocat faisait savoir que l'attentat de Karachi en 2002 n'était pas forcément attribuable à Al Qaida, comme on l'a longtemps prétendu, mais à des sombres histoires de rétro-commissions non payées (voir ici). Tiens...

4/ Le 6 juillet, on apprenait enfin, d'après une source bien placée, que ce serait l'armée algérienne qui aurait tué les moines de Tibéhirine; et surtout que la diplomatie française avait eu vent à l'époque de cette hypothèse (voir ici).

5/ Cela fait beaucoup d'embarras qui s'accumulent sur le Quai en une courte période de temps, toutes les trois semaines. Certes, un ancien haut responsable politique aimait à dire que "les merdes, ça arrive toujours en escadrille", mais cela fait quand même beaucoup de coïncidences, ne trouvez-vous pas?

O. Kempf

mercredi 6 mai 2009

Paris - Rouen - Le Havre

Les annonces par le président Sarkozy du modèle de Grand Paris ont été un peu médiatisées la semaine dernière. L'attention du grand public a surtout été attirée sur la question des réseaux de transports autour de l'agglomération (le grand huit).

1/ Chacun note bien sûr que l'accent est donné aux questions de communications, et qu'on a oublié au passage le dossier de la rénovation politique de cette agglomération. Pourtant, le débat avait été initié par la commission Balladur (voir site ici, les 20 propositions évoquées le 20 février dernier ici, et notamment la proposition 18 : créer, en 2014, une collectivité locale à statut particulier, dénommée « Grand Paris » sur le territoire de Paris et des départements de la Seine-Saint-Denis du Val-de-Marne et des Hauts-de-Seine. Cette création serait précédée d’une consultation associant les représentants des collectivités locales intéressées, des partenaires sociaux et des forces économiques) .

2/ Toutefois, il y a énormément de choses dans le projet annoncé. ON se reportera au dossier du moniteur (ici), ou les commentaires du très bon blog de JP Chapon sur Paris et sa banlieue en général. Quoi qu'on pense du projet, force est de reconnaître que c'est la première fois, depuis trois décennies, que l'on réfléchit à cette métropole.

3/ Toutefois, le plus important n'est pas là, mais dans une autre direction, qui tient au projet d'Antoine Grumbach. Selon cet architecte, il faut élargir Paris et l'étendre jusqu'au Havre.

paris_le_havre.jpg

« Paris, Rouen, Le Havre, une seule ville dont la Seine est la grande rue. » Jules Michelet, Histoire de France IV, p.33

« A son désavantage, la capitale française est continentale. » Fernand Braudel, L’Identité de la France, p.277

On se reportera avantageusement à son site.

4/ Oui, très bien, mais encore ? Eh! bien cette orientation (vous admirerez l'utilisation de ce terme géographique...) a plusieurs avantages :

  • - de ne pas réfléchir uniquement à Paris, mais autour de Paris. Ou encore, sortir de Paris "capitale de la France", au "cœur du réseau étoilé" pour passer à un Paris "ville de passage".
  • - d'équilibrer effectivement les polarités françaises : l'hexagone a trop longtemps privilégié sa frontière terrestre (pour d'excellentes raisons, d'ailleurs) et il est temps de donner le primat aux frontières maritimes... étant entendu que ces frontières sont en fait des moyens d'ouverture au monde. En ce sens, cela permettrait de trouver une alternative au seul projet européen. Ce que je dis là ne signifie pas que je suis hostile au projet européen ; mais qu'il n'est pas de mauvaise politique d'avoir une option de rechange....
  • - enfin, et d'une façon presque contradictoire avec le point que je viens d'exposer, cela permettrait de recentrer Paris dans la dynamique européenne. En effet, L'axe Paris-Le Havre n'est que la prolongation naturelle de l'axe PLM (Paris-Lyon-Marseille). Cela doublerait l'axe traditionnel de la "banane bleue" (Londres - Rhin - Lombardie) qui concentre actuellement l'essentiel de la vitalité européenne (voir "l'identité de l'Europe" dont j'ai rendu compte), et qui a tendance, par effet mécanique de l'élargissement, de verser à l'est.

Bref, des aspects "géopolitiques" à la fois parisiens, nationaux et européens.... De la vraie politique géographique.... (même si on peut regretter que l'afflux de réformes des cartes -judiciaire, militaire, hospitalière, universitaire, ...- n'ait pas été pensée dans sa globalité...).

O. Kempf

mercredi 28 janvier 2009

Réduction des engagements extérieurs : comme prévu

Selon ce qu'a affirmé le PM cet après-midi à l'AN, la France réduira son engagement à l'extérieur en 2009, principalement par une baisse de 2100 soldats en Côte d'Ivoire et au Tchad. On peut avoir le texte provisoire de la déclaration et des débats ici.

1/ Je l'avais affirmé le 5 décembre dernier (voir ici). C'est l'intérêt de la géopolitique : le raisonnement permet aussi d'anticiper les choses.

2/ Surtout, cette déclaration avait été suivie d'un vote, conformément à la révision constitutionnelle de cet été, ainsi que je l'avais expliqué le 9 janvier (ici) : cela met un terme au débat qui s'était ensuivi : il semble bien qu'il y aura vote tous les quatre mois, et non une fois pour toute. IL faudra toutefois surveiller les choses.

O. Kempf

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