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Chronique mars 2012 (J Pellistrandi)

Voici notre chronique mensuelle, signée par l'ami Jérôme. Je ne dirai jamais assez la dette que nous lui devons. Mille mercis encore une fois, l'ami. OK

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L’annonce par l’Inde de la sélection de l’avion Rafale pour son programme d’avion de combat marque enfin un tournant important notamment pour l’avenir de l’avion et pour l’industrie de défense française. Certes, le contrat d’acquisition n’est pas encore validé et signé. Néanmoins, c’est un premier succès majeur d’autant plus que New Delhi avait engagé un processus très rigoureux pour cette compétition lancé dès 2001. Ce choix est aussi un véritable partenariat stratégique entre notre pays et l’Inde, qui s’efforce d’accroître son potentiel dissuasif au cœur d’une région en plein bouleversement stratégique. Il reste cependant à réussir cette phase délicate des négociations et transformer l’essai. 2012 pourrait ainsi être l’année du Rafale.

Ce début d’année reste marqué par la confrontation croissante dans la région du Golfe persique entre l’Iran et Israël, alors même que la situation en Syrie ne cesse de s’aggraver. Le Printemps arabe est loin d’être terminé et il reste très difficile d’interpréter tous les signaux stratégiques émis au Moyen-Orient. La victoire des conservateurs iraniens soutenus par le Grand Ayatollah Khamenei contre les partisans du président actuel Ahmadinejad est-elle un signe positif et une possible sortie de crise ? De toute façon, le nationalisme persan et donc le patriotisme iranien sont une réalité à prendre en compte. De plus, les Etats-Unis sont entrés en campagne électorale et ce n’est donc guère le moment de se lancer dans une nouvelle aventure militaire alors que l’opinion publique américaine attend le retour de ses soldats d’Afghanistan. Washington est concentré sur sa politique intérieure et notamment économique. Cela peut être tentant pour d’autres pays de prendre un risque stratégique et mettre leurs partenaires devant le fait accompli !

Analyse par zones :

1/ Etats-Unis

L’annonce de la réduction de l’effort de défense va se traduire par une diminution de la présence américaine en Europe, qui n’est plus une priorité directe. Le PC du 5° Corps (EUR-HQ) actuellement à Wiesbaden serait réduit à 700 personnels. 2 brigades de l’US Army vont être rapatriées et seront remplacées par des unités tournantes. Actuellement, il y a 3 brigades en Allemagne et une en Italie. Deux sites pourraient fermer en Allemagne : Baumholder et Graffenwöhr. L’US Army passerait ainsi de 565 000 à 490 000 hommes. Les lignes de production des chars M1 Abrams et des véhicules de combat de l’infanterie M2 Bradley pourraient également être arrêtées entre 2014 et 2016, pour générer des économies.

L’US Navy maintiendra cependant son format avec 11 porte-avions. Cependant, après le retrait de l’USS Enterprise, à la fin de cette année, après 51 années de service, il faudra attendre 2015 pour revenir à 11 porte-avions disponibles lorsque le futur USS Gerald Ford sera livré. Le quatrième navire de surveillance du littoral (LCS), l’USS Coronado, a été livré. Ce trimaran de forme très original mesure 127 m de long. Il peut atteindre la vitesse de 50 nœuds, soit près de 90 km/h et peut mettre en œuvre 2 hélicoptères. 11 LCS ont été commandés et 55 sont prévus.

Le futur programme de bombardier stratégique (Long Range Strike Bomber, LRS-B) doit viser une cible de 200 appareils pour remplacer les B 52 et les B1 à l’horizon 2025. Les B2, au prix exorbitant d’environ un milliard de dollars par appareil, seraient maintenus en service en raison de leur furtivité.

Le dernier exemplaire du chasseur F 22 Raptor est sorti d’assemblage en décembre pour une livraison en avril. 195 appareils auront donc été construits pour un programme qui ne correspond plus aux besoins opérationnels actuels et futurs. La cible initiale prévoyait 750 F 22.

Le recyclage des armements est une pratique courante et permet de développer à un coût moindre de nouvelles capacités militaires : ainsi, 126 avions F 16 vont être convertis en cibles aériennes QF 16 pour un montant de 70 millions de dollars. Ces avions télécommandés serviront de cibles soit pour l’entraînement des pilotes de chasse, soit pour les unités de défense sol-air. Jusqu’à présent, les cibles étaient depuis 1997, d’anciens F 4 Phantom.

Le constructeur aéronautique Lockheed Martin a livré le 2400° exemplaire de son C 130 Hercules. Le C 130 a effectué son premier vol en 1953 et doit être produit au moins jusqu’en 2020.

2/ BRIC

Même si ce concept semble très théorique, on assiste cependant à une convergence d’intérêt accru entre Moscou et Pékin à la faveur de la crise syrienne. Les deux puissances ne cessent de s’opposer à toute ingérence internationale contre le régime de Damas, retrouvant ainsi les vieux réflexes de la Guerre froide.

Brésil

L’assemblage du premier sous-marin du type Scorpène, commandé à la France, se poursuit à Cherbourg. La jonction des tronçons du bâtiment a débuté à la mi-décembre. Ce premier sous-marin sera transféré au Brésil à l’automne 2012 et sera livré en 2017. Ce programme est majeur pour la marine brésilienne qui souhaite accroître le contrôle de ses espaces maritimes. Les 3 autres sous-marins seront livrés en 2018, en 2020 puis en 2021. L’étape suivante est le développement d’un SNA avec l’appui de la France. Le porte-avions Sao Paulo (ex-Foch) a subi en février un incendie à bord vite maîtrisé, mais qui a coûté la vie à un matelot. Le navire qui va fêter ses cinquante ans de vie opérationnelle, doit cependant encore durer une décennie, en attendant le développement et la construction d’un nouveau porte-avions.

Russie

La réélection de Wladimir Poutine, après son intermède comme premier ministre, a l’avantage de signifier la continuité dans la politique étrangère de Moscou. Renouveau du nationalisme russe, réarmement, mais aussi volonté d’être à nouveau un acteur global mondial. Il n’est pas une semaine désormais sans annonce de nouveaux programmes d’armements. Ainsi, début janvier, la modernisation de 60 intercepteurs MIG 31 a été engagée pour être effective d’ici 2020. Le MIG 31 est entré en service en 1982 et dérive du célèbre MIG 25.

Les premiers avions Su-34 dédiés au bombardement tactiques ont enfin été livrés alors que le prototype avait volé dès 1990. 120 appareils devraient être commandés d’ici peu. Les bombardiers supersoniques TU 22M –très ressemblants au B1 américain- vont eux-aussi être modernisés d’ici 2020.

Chine

Pékin a procédé en 2011 à 19 lancements spatiaux, devenant ainsi la seconde puissance spatiale du monde, selon ce critère. En 2012, une vingtaine de tirs est prévue dont 2 vaisseaux habités Shenzhou. L’objectif désormais clairement affiché est la mise sur pied d’un programme lunaire avec un alunissage durant la période 2022-2027. Taïwan relance son projet d’achat de 8 sous-marins. Ce programme avait été initié en avril 2001 avec le soutien du président américain Georges W. Bush, mais Pékin avait su dissuader les éventuels pays fournisseurs de sous-marins.

Inde

New Delhi a décidé d’acquérir 500 missiles MICA fabriqués par MBDA afin d’équiper les 51 Mirage 2000H qui vont être rénovés par Thales. Cet achat atteint 1,18 milliards de dollars et complète ainsi le programme des Mirage, qui lui, atteint 2,2 milliards de dollars. Les premiers avions rénovés seront livrés à partir de 2014. Avec l’annonce de la sélection du Rafale, l’Inde devient le premier client de l’industrie aéronautique française. Le contrat Rafale, pas encore signé, portera sur 126 appareils dont 18 construits en France. Le montant pourrait atteindre 12 milliards de dollars.

Le porte-avions d’origine russe devrait être livré en décembre de cette année. Ce retard a un impact d’autant plus fort que le porte-avions chinois, proche sur le plan du design, a déjà effectué deux campagnes d’essais à la mer.

3/ Afrique

La Mauritanie, confrontée à la menace terroriste islamiste d’Al Qaeda au Maghreb Islamique, souhaite renforcer sa capacité aérienne de lutte contre-insurrectionnelle, avec un éventuel achat d’avions brésiliens Super Tucano.

Le Bénin doit recevoir 3 patrouilleurs construits par le chantier français Océa implanté aux Sables d’Olonne. Ces vedettes de 32 m, équipées d’un canon de 30 mm et 100 tonnes permettront de sécuriser les approches littorales béninoises.

Le Nigéria a également fait appel à Océa pour 3 navires de 24 m. La marine nigériane recevra également 3 patrouilleurs fournis par Israël, dans le cadre d’une nouvelle politique de développement destiné à contrecarrer la piraterie et les trafics dans le Golfe de Guinée.

L’Algérie va recevoir 3 remorqueurs de haute mer dérivés de l’Abeille Bourbon. Cette commande avait été passée en juillet 2010 et conférera à la marine algérienne une capacité de sauvetage sans équivalent en Méditerranée.

Parallèlement, le Maroc a reçu sa première frégate du type Sigma construite aux Pays-Bas. La deuxième sera livrée au printemps, en attendant l’arrivée en 2014 de la frégate du type FREMM actuellement en construction à Lorient. Cette montée en puissance de la marine marocaine répond à l’accroissement des dépenses militaires du voisin algérien.

Le coût de la piraterie au large de la Somalie est estimé à 5,2 milliards de dollars en 2011, dont 2 milliards pour les opérations militaires de protection du trafic maritime. 80 % de cette facture est au final pris en charge par l’industrie maritime et les armateurs.

4/ Défense dans le monde

L’Australie, face à la montée en puissance de la Chine, vient de lancer un programme majeur pour renouveler sa flotte de sous-marins. L’objectif est de disposer à l’horizon 2025 de 12 nouveaux bâtiments. 27 milliards de dollars vont être consacrés à ce projet pour lequel une « Request for information (RFI) » a été lancé auprès de DCNS, de NAVANTIA, le constructeur espagnol, et enfin l’allemand HDW/TKMS. Navantia est déjà un fournisseur important de la marine australienne avec des frégates et deux bâtiments de projection amphibie. DCNS propose son modèle Scorpène déjà vendu à 14 exemplaires dans le monde.

Le Japon a annoncé à la mi-décembre son choix de l’avion de combat F 35 pour remplacer ses 110 vieux Phantom F4. La première tranche porterait sur 42 appareils, avec la commande de 4 avions dès cette année. Le contrat total atteindrait 4,7 milliards de dollars.

La Russie a annoncé le début de la livraison des six sous-marins commandés par le Vietnam à partir de 2013. Le rythme sera d’un bâtiment par an d’ici 2018. Cet objectif semble très optimiste, mais Hanoï estime nécessaire de contrer l’expansion chinoise le long de ses côtes. Moscou est également un gros fournisseur d’armement pour l’Indonésie avec la fourniture prochaine de 6 avions de combat SU 30 MK2, venant compléter les 10 chasseurs déjà existants.

La Malaisie souhaite acquérir 18 nouveaux avions de combat, pour lequel le Rafale est candidat. De même Kuala Lumpur regarde avec intérêt l’hélicoptère de combat Tigre avec un premier lot de 12 engins.

L’Arabie saoudite négocie avec l’Allemagne l’achat de 270 chars de combat Léopard 2A7+ pour un montant de 3 milliards d’euros. Ryad a également engagé la modernisation de 70 avions de combat F 15 auprès des Etats-Unis. La remise à niveau débutera à partir de 2014. De plus, un énorme contrat portant sur 84 F 15 neufs a été signé fin décembre, renforçant de facto le partenariat stratégique avec Washington.

L’Iran a procédé début février au lancement de son troisième satellite, d’un poids de 50 kg. Le prochain objectif est la mise en service d’un nouveau lanceur, le Simorgh, capable de mettre en orbite une centaine de kilos. Cette capacité spatiale reste donc limitée et sans comparaison avec les programmes spatiaux des nouveaux grands comme la Chine et l’Inde.

Le Chili a pris possession à Toulon du TCD Foudre ainsi que d’un chaland de débarquement, le CDIC Rapière et deux CTM. Le Foudre avait été admis au service actif en 1990 et dispose donc encore d’un bon potentiel. A l’occasion de ce transfert, le nouveau navire chilien a ramené un avion Jaguar cédé par la France et qui sera exposé dans un musée aéronautique.

L’Ukraine annonce une augmentation de 30% de son budget pour la défense, dans un contexte de forte poussée nationaliste et d’un rapprochement idéologique avec Moscou.

5/ Défense en France

La mise en orbite du satellite d’écoute électronique Ceres serait repoussée de 2016 à 2017.

Le ministre de la défense, Gérard Longuet, a annoncé une prochaine commande de 34 NH 90 pour l’ALAT. Cela porterait le total à 68 appareils pour l’armée de terre, sans compter les 27 NFH 90 de la marine.

Le développement du programme du futur SNLE-3G pour la dissuasion nucléaire se poursuit avec l’augmentation des études amont. La mise en service de cette nouvelle génération de sous-marins aura lieu à l’horizon 2030.

Armée de terre

Le renouvellement des moyens de transport logistique entre dans une phase active avec l’industrialisation des premiers Porteur Polyvalent Terrestre (PPT). Le PPT succédera notamment aux VTL mis en œuvre par les unités du train. Les livraisons devraient débuter à la fin 2013. La cible est de 1200 véhicules polyvalents, 450 dédiés à la manutention et 150 pour le dépannage.

La lutte contre les IED reste une priorité sur le théâtre afghan. La DGA a donc commandé 29 petits robots télécommandés Cobra MK2 qui seront disponibles au cours de ce semestre. Le Cobra pesant 5 kg sera mis en œuvre par les unités du génie pour l’ouverture des itinéraires et la reconnaissance d’objets suspects. Le premier hélicoptère NH 90 a été livré au GAMSTAT de Valence en fin d’année. 3 appareils doivent être mis en œuvre au Luc au cours de cette année, tandis que la mise en service opérationnelle est envisagée à la mi-2014 au sein du 1° RHC de Phalsbourg. Le début de la formation des « primo formateurs » est engagé.

Marine

Le TCD Foudre a quitté la flotte française, transféré à la marine chilienne. Ce transfert a été rendu possible par l’admission au service actif du troisième BPC, le Dixmude. Un quatrième BPC pourrait être acquis d’ici 2020.

Le premier Engin de Débarquement Amphibie Rapide (EDA-R) a été admis au service actif et a participé à des essais d’interopérabilité avec le Marine Corps au large des Etats-Unis. Le deuxième EDA-R a débuté ses essais à Toulon à la mi-janvier et sera livré cet été. Deux autres EDA-R doivent rejoindre d’ici la fin de l’année.

L’hélicoptère NH 90 Caïman a été admis en service opérationnel dans sa version marine. Le premier appareil avait été réceptionné par la DGA en avril 2010. Les premiers exemplaires sont stationnés sur la base aéronavale de Lanvéoc Poulmic et ont déjà été engagés dans des opérations de secours en mer. 27 NFH ont été commandés dont 13 en version « soutien » pour remplacer les Super Frelon et 14 en version « combat » pour équiper les nouvelles frégates FREMM. Le programme NH 90 a quand même environ cinq ans de retard.

Ce programme progresse régulièrement : en janvier, des essais ont validé l’embarquement des missiles de croisière Scalp naval qui équiperont les FREMM à hauteur de 16 munitions par navire. En février, les premiers tests d’appontage d’un hélicoptère ont eu lieu et début mars, l’hélicoptère NH 90 s’est posé pour la première fois sur l’Aquitaine, tête de série. A ce jour, 5 FREMM sont en construction, dont le Mohammed V destiné à la marine marocaine. La dernière frégate, dans sa version antiaérienne FREDA, sera livrée en 2022.

Le rétrofit des dix premiers Rafale F1 a commencé. Ces appareils avaient été mis en service il y a plus de dix ans, mais étaient sous cocon depuis 2008, en raison de l’obsolescence de leur système d’arme. Ils vont être transformés en Rafale F3 pour le porte-avions. La livraison de ces appareils reconstruits s’étalera de 2014 à 2017. Les Equipes de Protection Embarquées (EPE) à bord de navires sous pavillon français ont déjoué 21 attaques de pirates depuis leur mise en place en 2009. Le coût journalier payé par les armateurs est de 2000 euros.

La couverture radar du littoral français va être rénovée avec la mise à niveau des radars de 54 sémaphores (sur 59). Ce programme doit s’étendre jusqu’en 2013 et s’inscrit dans une démarche européenne.

Armée de l’air

Pour pallier au retard du programme de l’avion de transport A 400M et au retrait progressif des Transall, les premiers CN 235 commandés en 2010 ont été livrés en décembre. 8 appareils doivent rejoindre les unités de transport, d’ici 2013. A ce jour, l’armée de l’air dispose de 19 CN 235, capables de transporter 6 tonnes de fret ou 40 passagers. Cet avion a entamé sa carrière en France en 1993. La flotte de transport tactique dispose de 52 C 160 Transall et de 14 C 130, en attendant l’arrivée du premier A 400M en 2013. Les avions ravitailleurs KC 135 vont subir une nouvelle rénovation de leur avionique pour les adapter aux règles de navigation mondiales, en attendant leur éventuel remplacement qui doit impérativement figurer dans la prochaine loi de programmation, pour une première livraison dès 2017.

L’armée de l’air s’intéresse également au futur avion Skylander dont l’assemblage va débuter en Lorraine, sur l’ancienne base de Chambley. Ce petit appareil rustique dédié au transport pourrait servir notamment aux opérations spéciales.

Gendarmerie

Les hélicoptères EC 145 vont recevoir de nouveaux équipements optroniques d’ici à l’automne. Ces boules optroniques seront en fait prises sur les appareils EC 135 en maintenance. A ce jour, la gendarmerie dispose de 56 aéronefs.

Les Brigades nautiques côtières commencent à recevoir leurs nouvelles embarcations, les UFC 11, ayant une longueur de 11 m. Ces vedettes disposent d’une cabine fermée et peuvent atteindre la vitesse de 33 nœuds. La première unité est déployée à Lézardrieux, dans les Côtes d’Armor. 11 UFC 11 ont ainsi été commandées. Les réserves opérationnelles de la gendarmerie atteignent aujourd’hui 25000 gendarmes réservistes avec 600000 jours d’activité effectués en 2011. L’objectif est de monter à 40000 personnels.

Le renouvellement des casernements reste une priorité. Outre l’inauguration du nouveau siège de la DGGN au fort d’Issy-les-Moulineaux, d’autres casernes plus anciennes sont régulièrement remplacées. Ainsi, le début de l’année a vu l’ouverture de la caserne de la Chatre (36) qui a remplacé les anciens bâtiments datant de 1870.

Service de Santé des Armées

Le SSA a signé une convention avec la Fédération Française de Rugby pour l’accueil d’un médecin militaire en formation au Centre National de Rugby de Marcoussis, dans l’Essonne. Rapprochant les hôpitaux militaires de l’environnement de soins civils, l’HIA Legouest implanté au cœur de Metz accueille depuis février le cabinet de garde de la ville. Cette installation a été choisie en raison du transfert du CHR en périphérie et permet ainsi de maintenir une présence médicale en centre-ville, en s’appuyant sur l’hôpital militaire.

Sécurité

La police nationale lance une réserve civile. La tranche d’âge ira de 18 à 65 ans, avec au maximum 90 jours d’activité par an. Le contrat de réserviste aura une durée de 5 ans. La formation initiale doit durer 10 jours. La première promotion de policiers réservistes est sortie à la fin de l’année dernière avec 24 volontaires. Jusqu’à présent, la réserve de la police était basée sur des policiers retraités.

La Sécurité civile a pris possession de deux drones aériens pour assurer la sécurisation des grands événements et la lutte anti-terroriste. Ce renforcement traduit de facto une évolution des missions de la Sécurité civile qui dépend du ministère de l’intérieur.

La Douane vient de déployer 3 intercepteurs rapides aux Antilles. Ces vedettes de 14 m peuvent atteindre 40 nœuds et ainsi lutter contre les go-fast des narcotrafiquants. Il est également envisagé la construction d’un patrouilleur de haute mer de 70 m environ qui serait déployé en Méditerranée. L’entrée en service de ce PHM est prévue avant fin 2014.

Industries de défense

En décembre, Thales a accru sa participation au capital de DCNS en prenant 35%, contre 25% précédemment. De futurs regroupements industriels sont à prévoir à l’issue de l’élection présidentielle et pourraient également concerner NEXTER. Ce dernier propose le VBCI au Canada pour un programme de 108 véhicules de combat. La décision définitive sera annoncée à la fin de ce semestre.

Le véhicule 4x4 ARAVIS, déjà acheté à 15 exemplaires pour les besoins opérationnels du théâtre afghan, aurait été acheté par l’Arabie saoudite. 73 engins auraient été commandés, marquant un beau succès pour NEXTER.

NEXTER a également signé un contrat de coopération avec l’Inde pour la construction d’un canon tracté de 155 mm.

DCNS a remporté un beau succès à l’exportation avec le choix par la Malaisie de la corvette du type Gowind pour équiper sa marine. 6 navires seraient construits sur place avec un transfert de technologie pour un montant de 2,1 milliards d’euros. Ces corvettes seraient plus grandes que le démonstrateur Adroit et auraient une longueur de 107 m pour un déplacement de 2400 tonnes. DCNS a déjà exporté 2 sous-marins du type Scorpène et est très intéressé par le projet malaisien d’achat d’un porte-hélicoptères d’assaut. Paul Boyé Technologies, fournisseur de tenues de combat, a remporté un contrat de 129 millions de dollars avec le Pentagone pour la fourniture de tenues NBC d’ici janvier 2017, confirmant la validité de la réorientation de l’industriel français vers des tissus de haute technologie.

6/ Europe

Royaume-Uni

Le programme des 2 porte-avions (CVF) se poursuit avec cependant des incertitudes pas encore levées. La livraison du 2° CVF est prévue en 2019 mais l’installation de catapultes n’est pas acquise, dans la mesure où le choix de l’avion embarqué n’est toujours pas tranché : JSF F 35 à décollage court, ou catapultable ? La décision est fixée à 2015. La cible initiale est de 135 F 35 en y incluant ceux de la RAF.

Un huitième avion de transport stratégique C 17 sera commandé chez Boeing. Avec le C 17, la RAF dispose d’une capacité sans équivalent en Europe et qui sera encore renforcé avec la mise en œuvre des futurs A 400M.

Allemagne

L’industrie de défense a exporté en 2010 pour 2,2 milliards d’euros d’équipements, ce qui représente environ 80000 emplois directs. 24 avions Eurofighter vont être déployés sur la base américaine d’Holloman pour assurer l’entraînement des pilotes, dans la mesure où l’espace aérien disponible y est plus vaste qu’en Europe.

Défense européenne et OTAN

Malgré la réduction des investissements, l’Espagne a décidé de moderniser ses 7 hélicoptères Agusta Bell 212 achetés en 1974 et mis en œuvre par l’aéronavale. L’objectif est de prolonger de 15 ans l’emploi de ces engins pour un coût limité de 21 millions d’euros.

La mise au point des sous-marins S 80 espagnols semble laborieuse pour des raisons industrielles. Le premier S 80, l’Isaac Peral, mis sur cale en 2007, serait lancé en mai 2013, pour une admission au service actif en mars 2015. Le deuxième suivrait 20 mois après. Le système de simulation doit accueillir les premiers stagiaires à partir de ce mois de mai. Le S 80 est proposée à l’exportation par Navantia. Cependant, tant qu’il n’a pas été mis en service, sa commercialisation n’est pas acquise.

La Turquie envisage l’acquisition d’un bâtiment de projection amphibie qui pourrait être dérivé du BPE Juan Carlos développé pour la marine espagnole. Ce serait un saut capacitaire très important pour la marine turque. Ankara a également confirmé sa participation au programme du JSF F 35 avec l’achat des deux premiers appareils, dont la livraison est théoriquement prévue en 2015. La cible annoncée est de 100 avions. De fait, l’armée de l’air turque serait après l’US Air force, le plus gros utilisateur du F 35 au sein de l’OTAN.

L’Italie, confrontée à la crise budgétaire, va réorganiser et réduire ses armées. Le format étudié serait de 130000 personnels, signifiant la suppression de 40 à 45000 postes. En 2000, les armées disposaient de 190000 postes. Cette diminution du format passerait par un reclassement de militaires vers les autres administrations publiques.

La Pologne envisage de se doter d’un sous-marin, qui sera financé grâce à l’abandon de la construction inachevée d’une frégate. La Belgique a annoncé de nouveaux investissements après la constitution d’un nouveau gouvernement. Parmi les projets, il y a la poursuite des participations aux programmes européens de satellites espions, le renouvellement des blindés et des missiles Milan, ainsi que la rénovation des avions de combat F 16, dont le retrait de service débutera en 2023, ce qui laisse encore du temps pour les choix futurs.

En janvier, le centième exemplaire de l’hélicoptère NH 90 a été livré à l’Italie. C’est en 2006 que les premiers appareils avaient rejoint la Bundeswehr, lançant ainsi l’emploi opérationnel de l’aéronef. 529 appareils ont déjà été commandés. Le cinquième et dernier prototype de l’A 400 M a effectué son premier vol fin décembre, montrant ainsi le bon déroulement du programme d’essais.

Le démonstrateur de drone de combat furtif Neuron a été présenté à Istres. Le premier vol est prévu fin juin. Le Neuron, dont le maître d’œuvre est Dassault, réunit plusieurs partenaires industriels européens venant de Suède, Italie, Grèce, Espagne et Suisse.

Le premier lancement de la fusée Vega a eu lieu le 13 février depuis Kourou. Ce nouveau lanceur léger vient compléter l’offre européenne de fusées, récemment renforcée avec le lanceur Soyouz. Plus que jamais, le site spatial guyanais devient stratégique non seulement pour la France, mais également pour l’Europe.

Conclusion

Ce printemps sera d’abord marqué très directement par les élections françaises, du moins pour notre pays. Les choix faits auront un impact certain sur l’outil de défense, avec cependant plusieurs certitudes partagées :

  • - l’environnement stratégique mondial est incertain et fragile ;
  • - l’Europe désarme à grande vitesse, sous la contrainte de la crise ;
  • - le reste du monde se réarme, à commencer par la Chine ;
  • - le monde a basculé et l’Europe se marginalise politiquement ;
  • - les Etats-Unis se préoccupent de l’Asie, mais surtout de leurs problèmes économiques ;
  • - le Printemps arabe est loin d’être achevé,…

La politique de défense de notre pays devra prendre en compte tous ces facteurs et relancer une vision européenne commune plus ambitieuse, au risque de se confronter aux intérêts égoïstes des nations.

Les choix seront donc complexes et difficiles, mais indispensables.

A titre personnel, je souhaite rendre hommage au Professeur Hervé Coutau-Begarie qui nous a quitté au terme d’une lutte acharnée et exemplaire contre la maladie. Il a formé des générations d’officiers en leur inculquant l’intérêt central de la réflexion stratégique. Il a été mon directeur de thèse et cette chronique conduite depuis de nombreuses années s’est appuyée sur l’enseignement que j’ai reçu de lui. Au temps médiatique qui nous entoure, il est essentiel de réfléchir davantage au temps stratégique, seul capable de nous faire mesurer les enjeux de demain.

Jérôme Pellistrandi

Sources

  • Air et Cosmos
  • Le Marin
  • Cols Bleus
  • Mer et Marine
  • Portail des sous-marins
  • Janes

Commentaires

1. Le samedi 17 mars 2012, 19:50 par yves cadiou

Mon cher JP. Une phrase dans votre intro me laisse perplexe : « Je ne dirai jamais assez la dette que nous lui devons. » juste après que vous ayez parlé du changement d’attitude du gouvernement américain. Voulez-vous dire (c’est du moins ce que je comprends) que l’interventionnisme américain de ces dernières décennies a découragé d’avance certains pays de prendre un risque stratégique, empêchant ainsi des crises régionales d’éclater ? Si c’est ce qu’il faut comprendre vous avez peut-être raison. Cela signifierait alors que l’isolationnisme américain (« Washington est concentré sur sa politique intérieure et notamment économique ») crée un risque. Est-ce bien ainsi qu’il faut interpréter cette « dette » dont vous parlez ?

égéa : oups, c'est une erreur de ma part : cette phrase appartient à mon intro, pas à celle de Jérôme. Je corrige...

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