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Espagne et Kossovo: des conséquences plus importantes qu'il n'y paraît (+ MAJ)

Ainsi donc, l'Espagne a annoncé qu'elle retirait ses troupes du Kossovo (voir ici et ici).

1/ les raisons de ce retrait

Tout d'abord, le fait que Madrid ne reconnaisse pas le Kosovo, car son indépendance n'a pas suivi les règles en la matière et les principes de souveraineté agréés par les puissances. Ce faisant, Madrid se prémunit contre des phénomènes similaires, d'autant qu'elle est confrontée au terrorisme basque.

Le pays basque, justement : en gagnant les élections provinciales, le PSOE perd l'alliance du parti autonomiste au niveau national. Alors que le parti au pouvoir est devenu très impopulaire, à cause de la violente récession à l'œuvre. Justement, le PS n'aurait-il pas pu en profiter en envoyant un signe aux autonomistes de tout bord, et notamment les Catalans ? politique à coute vue, car ç'aurait été trop visible et trop menaçant pour la cohésion nationale. Il y a des jeux qu'il n'est pas prudent de jouer. Du coup, M. Zapatero veut rejouer ce qui l'a porté au pouvoir : le retrait de ses troupes d'une mission "occidentale", sous couvert de réalisme politique : ce fut le retrait de la coalition américaine en Irak, c'est aujourd'hui le Kossovo dont l'indépendance n'est pas acceptée par l'opinion espagnole.

Le risque extérieur est faible pour l'Espagne, notamment envers l'Otan, avec laquelle elle a toujours eu des rapports compliqués : elle n'y est entrée qu'au cours des années 1980, et a quelque temps suivi le modèle français (participation au niveau politique, sans participation à l'organisation intégrée). Elle a rejoint l'organisation en 1986.

2 les conséquences pour l'alliance

Chacun attendait que l'Otan réduise son dispositif au Kossovo. Le sommet devait en dire un mot, ouvrant ainsi la voie à un processus technique (Periodic Mission Review) qui aurait recommandé, à l'été, le passage à une Posture dissuasive (Deterrent presence) et donc une réduction à l'hiver (de 15.000 à 9000 hommes) avant de passer ultérieurement la mission à l'UE (qui a déjà une mission EULEX dans la province). Les alliés étaient d'accord sur ce schéma.

La décision espagnole risque de bouleverser ces plans, et il est probable que ça soit à dessein : autrement dit, qu'il y ait eu aussi des motifs extérieurs. En clair, de répondre à Obama (et aux autres pays européens qui se sont dépêchés de reconnaître le Kossovo sans écouter les réticences espagnoles) : puisqu'on demande des troupes supplémentaires en Afghanistan, réduisons celles qu'on a sur des théâtres apaisés. Il n'est pas douteux que la Roumanie ou la Pologne approuvent en sous main.

3/ Voici qui pimente soudainement le sommet de Strasbourg. Car la question opérationnelle ne concerne plus seulement l'Afghanistan, comme on s'y attendait : mais qu'il va falloir examiner "toutes" les opérations de l'alliance, les grosses (FIAS et KFOR) comme les petites (OAE, Police de l'air, Bosnie, Irak, ....). Bref, de poser aussi la question du rôle opérationnel de l'Alliance, sur lequel un certain consensus existait.

Quand on vous dit que ce sommet sera important...

O. Kempf

NB : MAJ du 24/3 à 19.22 : on lira avec le plus grand intérêt le billet de Bénédicte Tratjnek sur le Kossovo où elle se trouve actuellement en mission d'étude.

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