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La géopolitique par Alexandre Defay

La géopolitique par Alexandre Defay, PUF, Que sais-je ?, Paris, 2006, 124 pages

Faut-il rédiger des fiches de lecture pour des Que-sais-je ? L’ambition de cette collection consiste justement à présenter de manière simple un domaine donné, sans entrer dans les détails ou les raffinements intellectuels. Un document court et ramassé, donc, qui n’amène normalement pas à commentaires.

Et pourtant : nombre de QSJ sont décevants, plats. Surtout quand on connait un peu le sujet ! Eh ! bien pour une fois, ce ne fut pas le cas : tout d’abord parce qu’à l’inverse de beaucoup de manuels de géopolitique, on ne s’attarde pas trop sur les origines (le cycle Kjellen-Ratzel-Mc Kinder- Haushoffer – Mahan – Spykman). En effet, A. Defay explique tout d’abord que la géopolitique fut d’abord une pratique avant d’être une théorie ; ensuite, tirant partie de la divulgation du mot, il ne se sent pas obligé de justifier l’utilisation du terme et de le démarquer de ses fourvoiements historiques. Jusqu’à présent, les livres sur le sujet se sentaient obligés à une double démarche : à la fois de justification scientifique (ce n’est pas du journalisme) et politique (les compromissions passées appartiennent au passé) : il s’agissait en fait de s’éloigner de l’illusion déterministe du départ qu’elle soit darwiniste (vision allemande) ou géographique (vision anglo-saxonne). Ainsi, une assez longue part est donnée à la géopolitique contemporaine, d’inspiration française (représentations, dominations, cartographies) : on regrettera juste, ici, la non-présentation de la géopolitique américaine…

La deuxième partie du livre s’éloigne un peu des ces considérations théoriques, pour montrer comment la réalité est appréhendée par l’analyse géopolitique : décolonisation, mondialisation, fragmentation, voici autant de thèmes illustrés par nombre d’exemples. L’utilité de la GP est ainsi démontrée.

Au final, un livre lu très rapidement, bien écrit, avec des aperçus éclairants, et des remarques qui amènent à réflexion et méditation. On voit toutefois que l’auteur s’inscrit dans l’école française de GP, animée par Y. Lacoste et M. Foucher : disons simplement qu’il s’agit d’une vision très conforme à la « géographie politique », négligeant donc, d’une certaine façon, deux autres aspects de la GP contemporaine : celui issu du courant réaliste des relations internationales (la géopolitique comme « politique internationale ») et celui issu de l’approche stratégique (la géopolitique comme « affrontement de puissances »). Mais peut-on reprocher que le QSJ fasse état d’autres perspectives que la théorie dominante ?

Cela n’en empêche pas l’intérêt et constitue une excellente introduction à la géopolitique. Très bien pour commencer, mais aussi pour continuer.

O. Kempf

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