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OTAN au 21 : premiers retours

Le livre suscite de l'intérêt : cela a bien sûr à voir avec le prochain sommet de l'Otan qui amène le sujet dans le radar girouette de l'actualité : merci mon éditeur d'avoir pu presser le mouvement pour le sortir mi août : impeccable !

Vous trouverez ci-dessous les premières fiches de lecture et signalement sur le web, mais aussi les passages radio (RFI deux fois, LCI, Radio Canada) avec tous les liens et détails.

Pierre Bayle a publié une bonne fiche de lecture sur son blog, pensées sur la planète, intitulé "Décrypter l'otanien". J'en place le texte ci=dessous.

Quentin Michaud, dans Opérationnels, le blog de la revue SLD, signale le livre Il utilise les termes d'encyclopédie et de best-seller ! Mettons simplement que c'est un ouvrage de référence...

Je suis passé la semaine dernière sur RFI dans l'émission "Une semaine d'actualité", audible ici. Gros blanc quand on me demande de commenter la rentrée politico-économique (ce n'est pas mon registre), moment plus sympa quand à la fin, évoquant la "rentrée littéraire", je parle surtout des BD.

Vincent Roux rend compte du livre dans sa chronique de LCI qui passe samedi matin à 9h10, 10h10 et 11h10 : si un lecteur pouvait l'enregistrer et m'envoyer le fichier, je lui en serai reconnaissant.

Vous pouvez m'écouter à nouveau ce week-end sur RFI dans Géopolitiques, l'émission de MF CHatin, consacrée au sommet de l'OTan où j'interviens avec Camille Grand et Karim Pakzad. Cela sera diffusé samedi à 19h10 et dimanche à 20h10

Enfin, pour les lecteurs d'Amérique du nord, Québécois et autres francophones, je réponds à Radio Canada dans une émission diffusée dimanche matin de 10h à 12h00 (16h00 à 18h00 heure de Paris).

Sinon, vous devriez m'entendre cette semaine notamment les 3, 4 et 5 : je vous en reparlerai.

Tout ça pour dire que c'est un excellent livre et qu'il faut absolument que vous l'acquériez.

O. Kempf

Lecture de Pierre Bayle :

Vingt-cinq ans après la fin de la guerre froide, l’Alliance atlantique continue à s’interroger sur ses finalités, son périmètre, sa raison d’être. Méconnue du grand public, au-delà des clichés simplistes et anciens sur l’impérialisme américain, l’Alliance et son organisation politico-militaire méritent cette analyse en profondeur faite par un spécialiste non seulement de la stratégie mais du décryptage, Olivier Kempf : "L’OTAN au XXIe siècle, la transformation d’un héritage".

Spécialiste du langage "otanien" qu’il a appris à Bruxelles où il connaît bien l'Otan car il l’a pratiquée de l'intérieur, Olivier Kempf qui est docteur en sciences politiques, chercheur associé à l’IRIS et blogueur à ses heures perdues (devenues rares, il est vrai) publie une nouvelle version d’un premier ouvrage présenté en 2010 mais avec un regard critique sur les dernières évolutions et les nouveaux défis d’un monde multipolaire. L’OTAN « s’est par ailleurs saisie avec plus ou moins de succès », explique Camille Grand dans son introduction, « de nouveaux sujets comme la cybersécurité, la défense anti-missile ou la lutte contre le terrorisme ».

KempfEn 600 pages denses, mais parfaitement accessibles par un découpage clair, des cartes et des organigrammes bien utiles sur l’évolution des structures du commandement militaire, le livre suit un découpage chronologique sur la création et la montée en puissance de l’OTAN, le tournant de 1990 et le début de la "transformation", tout en revenant par des parties spécifiques sur les hésitations européennes (comme l’échec de la CED), sur l’exception française (1966-2004), sur l’émergence (relative) de l’Europe depuis 1990, ou sur la géométrie des partenariats.

Très clairement, la fin de la guerre froide, malgré un nouveau concept stratégique de l’alliance dès 1991, va voir apparaître des clivages entre alliés traditionnels, avec la guerre des Balkans et l’élargissement à l’Europe de l’est, avec les crises plus récentes, mais plus encore autour de la notion de partage du fardeau avec des budgets européens de défense en décroissance constante.

Le tournant stratégique du 11 septembre 2001 est évidemment un élément de ces évolutions divergentes, même si l’actualité la plus récente montre chaque jour que la menace est commune et que les réponses pourraient être communes. L’auteur pose les problématiques et suggère des évolutions possibles, mais se garde de trancher, du reste ce n’est pas son objet car il offre un ouvrage de référence pour comprendre la problématique, pas un essai critique ou politique.

Dans sa préface, le Général d’armée aérienne Jean-Paul Palomeros, commandant suprême allié pour la transformation, se félicite d’un ouvrage qui permette au public français de « se réapproprier » un sujet qui est le sien, puisque, rappelle-t-il, la France « constitue l’un des piliers fondateurs et l’une des principales nations contributrices tant en opérations qu’en termes financiers ». Et s’il n’y a plus à proprement parler « d’exception française », l’auteur affirme que « la France demeure un acteur à part », notamment du fait de son ambition à couvrir tous les dossiers.

Lord Ismay, premier secrétaire général (1952-57), avait ainsi défini l’objet de l’Alliance : « to keep the Americans in, the Soviets out and the Germans down ». La première proposition reste la plus importante, la plus actuelle : « c’est grâce à l’OTAN que les Américains sont en Europe ; l’oublier serait faire un contresens historique », écrit Kempf. Non seulement parce que « l’entrée des Etats-Unis dans une alliance est exceptionnelle dans l’histoire des relations extérieures américaines », mais parce que la tentation du « découplage » a été croissant, les tendances isolationnistes restant très fortes dans une Amérique qui se sent souvent trop peu soutenue par ses alliés lorsqu’elle s’engage à l’extérieur. Il est vrai que les Américains oublient aussi d’écouter leurs partenaires : « les Britanniques ont pu le constater en 2003, lors de l’affaire d’Irak ; leur désir d’influence s’est révélé vain ». Les Européens, conclut l’auteur, « échangent une garantie américaine contre une domination américaine ».

Il n’y a évidemment plus de problème allemand tel que le posait Lord Ismay, mais celui de la Russie reste entier : s’ils ne sont plus Soviétiques, les Russes restent en-dehors. Torts partagés, sans doute. Olivier Kempf présente les élargissements successifs de l’alliance après 1991 comme un « grignotage de l’empire russe », ce qui est bien le sentiment de la Russie et a créé une incompréhension suffisante pour que la Russie nouvelle refuse les mains tendues à plusieurs reprises par l’OTAN, notamment l’acte fondateur de 1997, le conseil OTAN Russie de 2002, la relance par Obama en 2009 et l’accord sur le transit des forces revenant d’Afghanistan. L’incompréhension a fini par devenir mésentente ouverte quand il s’est agi de la Géorgie et de l’Ukraine, et la crise ukrainienne redonne toute son actualité à cette étude, à quelques jours du prochain sommet de l’OTAN.

Dans les nouvelles frontières de l’alliance, l’auteur décrit enfin les discussions très complexes, notamment à cause des réactions de la Russie, sur le bouclier anti-missile, devenu défense antimissile balistique (DAMB). Une défense qui a été compromise non pas tant par les perspectives d’un rapprochement américano-iranien qui écarterait la menace iranienne, qui avait justifié la DAMB, mais… par la crise budgétaire, incompatible avec un programme trop complexe et trop ambitieux. Sur le terrorisme, dont la crise du 11 septembre avait justifié une réponse commune, l’absence de concept commun et une approche opérationnelle ont abouti à une forme de réponse militaire : « il ne s’agit plus simplement de ‘terrorisme’ mais d’adaptation aux formes irrégulières du combat ». Même constat sur la cyberdéfense, « parce qu’il est extrêmement difficile, aujourd’hui, d’isoler le cyber de son environnement : en fait la guerre de demain aura des aspects cyber, mais elle ne pourra pas être une cyberguerre ».

L’OTAN au XXIe siècle, la transformation d’un héritage, Olivier Kempf

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