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Wallonie, Europe, CETA soeur

Le refus par le parlement wallon du traité CETA a occupé l'espace médiatique. Les européistes nous ont expliqué que "c'était une faillite de l'Europe", confondant comme d'habitude Europe et Union Européenne. L'affaire a révélé bien des choses qui vont au-delà de cette sotte simplification selon laquelle "l'ultra minorité wallone" s'opposait à "l'immense majorité européenne". Mais en matière de propagande, la simplification est le b-a-ba de la rhétorique.

Le Parlement de Wallonie s'est finalement décidé à voter en faveur du CETA (image d'illustration).

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Tout d'abord, le refus de Paul Magentte, président du parlement Wallon, a démontré l'ineptie des réformes institutionnelles promues par les Flamands depuis trois décennies. Ils y voyaient le moyen de reprendre la main face à des Wallons dominants, voici que ceux-ci ont profité du nouvel équilibre institutionnel pour défendre leur point de vue. Tel est pris qui croyait prendre !

Au-delà, signalons que cela fait plus d'un an que la Wallonie signale ses réticences, demande des aménagements et n'obtient des institutions bruxelloises (les européennes, pas les belges, mais aussi les belges, enfin vous m'avez compris) qu'un silence méprisant. Oh ! surprise , des fonctionnaires européens pourraient ne pas considérer les Parlements avec souci ?

D'où l'argument, par exemple chanté par l'inénnarable A. Le Parmentier du Monde (vous savez, le tabloid français histérique), que 3 millions de Wallons n'allainet pas imposer leur loi à 500 millions d'Européens. Conception bizarre de la démocratie car elle suggère que les 497 autres sont tout à fait d'accoord avec le CETA. Or, il se trouve que celui-ci suscite bien des résistances à travers l'Europe, en Allemagne, au Danemark, en France même, en Roumanie, etc... De plus, nous suivons ici une "procédure mixte" qui signifie que le traité doit être validé par les 38 ou 40 parlements compétents. Pourquoi 40 : parce que suivant l'organisation institutionnelle de l'Europe mais aussi des Etats membres, les Parlements des Etats fédérés à l'intérieur des Etats membres ont aussi le droit de se prononcer, ce qui est le cas de la Wallonie.

Enfin, La Wallonie n'est que le premier des 38 ou 40 parlements à se prononcer : ballot, non, de dire que le premier est anti démocratique quand il en reste 39 à se prononcer ? Rien ne dit en effet qu'un ou plusieurs autres ne se prononceront pas contre.

Triomphalement toutefois, les institutions euroépennes, à force de négociations avec les Wallons, ont trouvé un moyen de sortir de ce blocage en accordant des exemptions. M. Tusk nous explique qu'il va donc pouvoir signer dimanche avec le CanadienTrudeau. Le seul problème, c'est que cette signature prend effet le temps que les 37 ou 39 parlements restants ratifient le traité, ce qui prend des années. Autrement dit, on applique dès maintenant, pour la ratification on verra plus tard.

Je pourrais continuer ce ton grinçant. La chose est toutefois un peu plus grave. D'une part, constatons que la procédure "mixte" suivie est le signe d'un changement d'époque. On ne délègue plus n'importe quoi à la Commission et aux négociateurs européens, ce qui signifie que les Parlements nationaux (et régionaux dans certains cas) contrôlent le travail. Cela affaiblit les institutions européennes (singulièrement le Parlement européen) mais est finalement conforme à l'état de l'opinion. D'autre part, cela révèle que l'idéologie globaliste a de plus en plus de peine à s'imposer. Voici au fond ce que signifie la "vague populiste" que beaucoup dénoncent comme krypto-fasciste, mais qui  signifie surtout que le grand moment idéologique "néo-libéral" débuté il y a trente-cinq ans touche à sa fin.

L'affaire wallone n'est que le révélateur de ce nouveau mouvement de fond. Les fonctionnaires bruxellois devront s'y faire.

O. Kempf

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