Beaucoup connaissent Hélie Denoix de Saint-Marc, au parcours hors normes. Beaucoup se souviennent de ces mots "Depuis mon âge d'homme, monsieur, le président, j'ai vécu pas mal d'épreuves : la Résistance, la Gestapo, Buchenwald, trois séjours en Indochine, la guerre d'Algérie, Suez, et puis encore la guerre d'Algérie". L'épreuve et des heures terribles de l'histoire de France (parmi combien d'autres pages sombres elles aussi pour qui connaît un peu son histoire). Un destin et une rectitude qui ne justifient pas une position politique (c'est une autre affaire) mais suscitent l'intérêt si l'on demeure à hauteur d'yeux, à hauteur humaine, loin des idéologies. La profondeur du personnage à frappé beaucoup plus que les utilisations politiques qui ont pu en être faites : c'est d'ailleurs parce qu'il s'en est toujours défié qu'il a conquis l'attention et le respect du public. Un moment d'authenticité qui ne ment pas, une rareté en cette fin de vingtième siècle.
C'est pourquoi cette bande dessinée a suscité l'intérêt : le "héros" était là, quel traitement en ferait-on ? A dire le vrai, les hagiographies en BD m'ont très rarement convaincu. Peut-être celle de Camus (est-ce un hasard ?), parue l'an dernier, constituait-elle un précédent.