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mardi 1 septembre 2009

des conséquences GP de l'inflation à venir

Alors qu'on s'apprête à fêter le premier anniversaire du 9/15, il est temps de faire le point.

1/ Les experts s'affrontent sur le sens des indices en cours : amorce de reprise/ rétablissement, ou faux-semblant qui ne cache pas les tendances profondes ? Nous nous trouvons en fait devant une alternative assez simple :

  • Soit un nouvel éclatement à venir, puisque le mégasystème financier reprend ses activités "comme avant", n'ayant tiré comme seule leçon de la crise que celle-ci : les États sauveront, en tout état de cause, les quelques gros établissements financiers qui ont traversé la tempête et se sont, du coup, renforcés ;
  • soit une stabilisation lente qui se paiera, à terme, par de l'inflation entre conséquente et forte.

2/ L'inflation? Elle a été officiellement maîtrisée dans les années 1980, à cause d'un double phénomène :

  • la mondialisation : des échanges, qui entraîne une égalisation des facteurs de production, et la maîtrise de l'inflation dans les pays développés échangée contre de la croissance (en fait, une inflation de croissance) dans les Tigres (qui se satisfont de 10 % de croissance annuelle, sans que cela ne choque personne...) ;
  • la globalisation : financière, qui profitant de l'accélération de NTIC, développe une hyperinflation financière, et donc des bulles à répétition.

3/ Logiquement, un développement de l'inflation sera dû au retour des États, qui se sont massivement endettés pour "sauver" le système. Pour se décharger de ce poids, ils développeront l'inflation. Cela aura par voie de conséquence une limitation de la globalisation et de la mondialisation : en clair, sans être directement "protectionnistes", ces politiques inflationnistes auront les mêmes effets.

4/ Toutefois, ce prisme inflationniste sera peut-être à la source de nouveaux clivages :

  • transatlantique, avec d'un côté US-GB ouvertement inflationnistes, et une zone euro qui ne le sera pas (ou moins)
  • au sein de la zone euro, entre l'Allemagne anti-inflationniste, et les autres. Ainsi, la stabilité transatlantique et intra-européenne subira des pressions fortes et dissolvantes.

Références

O. Kempf

mercredi 22 juillet 2009

La prochaine bulle qui vient : la Chine

J'ai souvent évoqué le risque de fabrication d'une nouvelle bulle, qui viendrait se substituer à celle des subprimes : la bulle de l'endettement des Etats. (voir ici). Toutefois, je conseille de lire l'éditorial économique de Ian CAmpbell, de Breakingviews.com, paru dans le Monde du 21, et accessible ici.

En effet,

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jeudi 14 mai 2009

Facteurs de production : découvrir la terre

N'importe quel étudiant de sciences économiques vous le dira : la revenu est constitué par deux facteurs de production, le capital et le travail. Les plus affutés, qui se seront renseignés auprès des modernes, ajouteront même doctement qu'on s'interroge sur le rôle du manager : n'est-il pas un troisième facteur de production (ce qui justifierait, au passage, les revenus records qu'on lui attribue) ?

Or, on oublie qu'autrefois, dans les limbes de la pensée économique, les auteurs classiques évoquaient trois facteurs de production : la capital, le travail, et la terre.... ça sentait sa physiocratie, tout ça ! Au fur et à mesure de l'évolution économique, on a négligé la terre, car elle devenait marginale dans la richesse nationale. Pourtant, le basculement du primaire vers le secondaire n'eut totalement lieu qu'au cours du XX° siècle.... mais on ne parlait que de K et de L (Kapital, Labour).

Cela étant, ainsi que nous le rappelle l'excellent article de MM. Lovins et Bony, toutes ces conceptions avaient lieu dans un contexte où l'homme était plus rare que la nature.

Mais dorénavant, c'est l'inverse qui a lieu : aujourd'hui, la nature est plus rare que l'homme.

Ainsi, il y aurait un fondement à la théorie économique qui permettrait, facilement, de réintroduire la biosphère dans les équations. Le produit serait le résultat de K, de L et de E (Earth), E pouvant être négatif si on consomme trop de biosphère pour produire le produit. Les équilibres mathématiques en seraient forcément compliqués, puisqu'on sortirait d'une logique binaire ("toutes choses égales par ailleurs") pour aborder une logique ternaire, ce qui accompagnerait tout à fait la recherche la plus fondamentale.

O. Kempf

Références :

sur le capitalisme naturel : ici

sur les physiocrates : ici

mardi 7 avril 2009

Un G 20 pas si historique

Le sommet de Londres a donc rassemblé les vingt plus importantes puissances économiques du monde. Plusieurs remarques s'imposent, de deux ordres : géopolitiques, et économiques.

1/ Géopolitiques

11/ Il faut tout d'abord noter que la notion de puissances relatives entre dans la réalité. On ne parle plus de monde unipolaire, ni même multipolaire. Évoquer des puissances relatives, c'est rendre à l'Etat un rôle que les théoriciens de la mondialisation lui avaient dénié. C'est aussi sortir de la toute puissance américaine. Nous sommes enfin sortis du XXème siècle. A cause du retrait américain, rendu visible par le discours de M. Obama.

12/ D'ailleurs, cette discrétion américaine a été sensible. Plusieurs explications sont possibles, pas forcément exclusives : tout d'abord, la moindre influence US, à cause de la crise dont chacun voit l'origine en Amérique ; ensuite, la posture obamienne, faite d'écoute et d'ouverture, selon cette attitude discrète qui contraste si fortement avec le discours de son prédécesseur ; enfin, l'amorce d'un certain néo-isolationnisme, l'Amérique se concentrant sur ses seuls problèmes et délaissant au monde les affaires du monde, refusant d'y porter un fardeau prédominant : cette dernière explication est bien évidemment la plus contestable, mais elle est plausible.

13/ Ensuite, on remarque le retour du politique, prenant le pas sur l'économique. Là encore, on est sorti de l'idéologie de la mondialisation, qui prétendait que l'économie était la seule source de vérité. Avez-vous d'ailleurs remarqué qu'on parle beaucoup moins de géoéconomie, qui avait prétendu en son temps remplacer la géopolitique ? Toutefois, il n'y a pas de quoi se rouler par terre, ainsi qu'on le verra en deuxième partie.

14/ Enfin, il faut bien sûr apercevoir le bruit de la Chine : non pas son rôle, puisque chacun a pu remarquer l'importance de ce dernier depuis cinq ou six ans ; mais le fait qu'elle sorte du bois et accepte enfin de s'exprimer publiquement : les journalistes ont ainsi noté que M. Hu s'exprimait sans ses notes, et que Pékin avait publiquement mis en cause l'hégémonie du dollar avant le sommet : cela eut été impensable il y a deux ans. La Chine ne fait pas que profiter de l'évolution du monde : elle s'affirme, ce qui est contraire à ses traditions isolationnistes. On peut le ressentir de façon positive ou négative : soit qu'elle accepte une responsabilité mondiale, soit qu'elle cherche à devenir une super puissance, au risque de provoquer l'ire de ses voisins et une coalition des craintifs.

2/ Economique

21/ Que n'a-t-on pas entendu : sommet historique, etc. Derrière ces déclarations flamboyantes, on discerne tout d'abord que le capitalisme cherche à se sauver; et qu'il a peur d'y passer pour se laisser aller à de telles orchestrations médiatiques. Derrière l'enflure et l'emphase, il faut garder raison.

22/ C'est un sommet qui n'est pas inutile, car il a permis certaines avancées qu'on aurait jugées impensables il y a deux ans. L'idée d'une certaine régulation est ainsi entré dans le discours, alors que ce n'était pas gagné. Toutefois, j'ai l'impression que c'est insuffisant.

23/ En effet, un certain scepticisme me gagne. Sur les paradis fiscaux, la fameuse liste existait déjà il y a dix ans, et rien ne permet de croire qu'elle sera plus efficace, surtout si on sort de la crise comme les optimistes cherchent à nous en convaincre. Pour le reste, tout repose sur une certaine collaboration des pays visés, qui ne coopéreront que si les pays requérants font part d'indices suggérant une fraude fiscale. Je ne crois donc pas que ce sera efficace.

24/ S'agissant de la relance, M. Brown arrive à un total de 1000 Mds$, additionnant visiblement et si j'ai bien compris des choux et des serviettes. Quant aux 500 M$ attribués au FMI, il faut bien voir que c'est une ouverture de crédit, en clair de la planche à billet.

25/ Dès lors, si la crise est aussi profonde qu'on l'a cru, ce sommet ne sert à pas grand chose. Si elle est en voie de résorption, cela suffira comme sparadrap, qui ne change rien d'essentiel. Or, l'essentiel n'est pas là.

26/ En effet, ce sommet est d'abord un sommet de la confiance. J'ai suffisamment dit par ailleurs que cette crise était d'abord une crise de la confiance pour devoir juger le G20 à cette aune là. Ceci explique les tonnes d'optimisme des déclarations des participants à l'issue, des premières statistiques favorables qui sortent simultanément, des cours de bourse qui remontent, tout cela comme par hasard : on a le sentiment d'une grande opération de propagande pour inciter à reprendre confiance. Après tout, pourquoi pas ? Mais on n'a touché ni aux actifs toxiques, ni aux monnaies.

Toutefois, pouvait-on espérer plus ? Certes, une action coordonnée, qui n'est pas contracyclique, c'est bien le moins. Mais de là à estimer que c'est un sommet qui entrera dans l'histoire, il y a un pas que je ne franchirai pas. Tout juste y voit-on l'esquisse d'un nouveau cours.

Au fond, c'est cela : non une perspective, ni même une eau forte, à peine une ébauche....

Olivier Kempf

NB : désolé, en bas débit, impossible de mettre des photos, c'est trop long.

mercredi 18 février 2009

Mort de la main invisible et concurrence imparfaite

Un honorable correspondant répond à mon billet d'hier par l'existence d'une théorie économique de la concurrence imparfaite.

Objection non valable, votre honneur : me citer la concurrence imparfaite est une fausse objection, à laquelle je réponds implicitement dans le corps du billet. En effet, c'est très exactement ce que signifie la proposition suivante : "la théorie économique partait d'un marché pur et parfait, pour desserrer peu à peu les hypothèses".

Le desserrement des hypothèses est justement l'objet de la concurrence imparfaite, aussi appelée en théorie économique, cher Zeus Irae, "économie industrielle" : justement pour signifier qu'elle est plus proche de la réalité. Donc on regarde s'il n'y a pas multiplicité d'acheteurs, ou de vendeurs, ou si les produits ne sont pas strictement équivalents, ou si l'information n'est pas connue de tous les acteurs, ou ... bref, que des choses qu'on voit dans la vraie vie.

Le défaut de cette analyse n'était pas son manque de réalisme, au contraire : chacun voyait bien qu'elle décrivait plus exactement la réalité. Mais personne ne s'aventurait dans les répercussions que ces accrocs à la concurrence pure et parfaite pouvaient faire à l'équilibre général : d'une part parce que c'était difficile à modéliser, d'autre part parce que l'équilibre général était un acte de foi. On considérait donc qu'il s'agissait d'exceptions, que ces exceptions s'équilibraient, et que ces accrocs n'entravaient pas l'équilibre général de se réaliser. Or, l'équilibre général, c'est la loi fondamentale de la théorie libérale. Rappelons en passant que Keynes situe son analyse dans cette perspective d'équilibre général, temporairement affecté et qu'il s'agit de rétablir par des mesures appropriées. John Maynard n'est donc pas aussi dissonant qu'on le dit parfois du côté de Chicago.

Or, ce qui se passe, c'est que nous voyons, que nous expérimentons que cet équilibre général est un leurre, ou plus exactement un acte de foi. Cela ne signifie pas que l'économie de marché ne fonctionne pas en soi, ni qu'il ne peut y avoir par endroits équilibre de l'offre et de la demande. Cela signifie juste que ces équilibres sont locaux au milieu d'un déséquilibre général. En cela, la crise en cours appelle à une profonde remise en cause théorique (Claudio Pirronne, nous attendons vos lumières).

Cette révolution des fondements est radicale : en clair, on passe d'une théorie fixiste, newtonienne, à une théorie relativiste, quantique.

Ce n'est pas rien.

O. Kempf

mardi 17 février 2009

Dépenses militaires : hausse ou baisse ?

L'économie s'effondre (regardez ici l'effondrement du Japon : j'en profite au passage pour battre ma coulpe, car j'avais cru, en son temps, que le Japon pourrait s'en tirer, voir ici).

États-Unis, Chine, Russie ne sont pas au mieux....

D'où une question ouverte : le niveau de dépenses militaires va-t-il baisser du fait de la crise (moins de ressources disponibles pour des besoins sociaux plus exigeants) ?

ou augmenter (grâce aux plans de relance sur des industries nationales, pour les pays qui en ont et qui vont vouloir que les dépenses étatiques se portent d'abord au pays) ?

O. Kempf

dimanche 8 février 2009

Mouvements dans l'énergie nucléaire

Personne n'en a jamais douté : l'énergie nucléaire n'est pas comme les autres, et elle a forcément des relents géopolitiques. Disons qu'elle est encore plus duale que les autres sources d'énergie : non seulement à cause de l'indépendance des approvisionnements, mais aussi à cause du passage possible à l'arme nucléaire.

C'est pourquoi il faut suivre avec attention ce qui est en train de se passer.

1/ La France (le président Sarkozy, dit-on) refuse l'an dernier la montée de Siemens au capital d'Areva. On ne parle même pas de la proposition du président Poutine de faire entrer Gazprom au capital du même Areva.

2/ Du coup, SIemens annonce cette semaine son intention de se retirer d'Areva, où elle détenait une trentaine de %. Simultanément, elle prépare un accord stratégique avec Atomenergoprom (voir ici).

3/ Chacun pense bien sûr à la grande alliance germano-russe qui se noue par ailleurs dans l'énergie : tout tourne d'abord autour de a coopération gazière avec Gazprom, et de la construction future du gazoduc baltique "Northstream". A l'occasion de la crise gazière en Ukraine, chacun a eu l'opportunité de se renseigner (voir ici).

4/ En revanche, personne ne remarque les dessous de la coopération russo-iranienne. En effet, pendant des mois, les Russes ont refusé de faire redémarrer la centrale nucléaire de Bouchehr. Officiellement pour des motifs financiers. La raison principale était d'envoyer un message aux Occidentaux dans leur bras de fer avec l'Iran : Moscou ne soutenait pas officiellement l'embargo, mais l'appliquait dans la réalité.

5/ La relance de Bouchehr a donc une première signification : elle participe peut-être à la grande négociation qui a cours en sous-main entre Occidentaux et Iran : façon de réintégrer la Russie et d'envoyer un message d'apaisement à Téhéran. Mais cette interprétation, possible, reste sujette à caution.

Une autre interprétation est possible. La centrale de Bouchehr avait été au départ construite par les Allemands de Siemens. Et les Russes avaient semble-t-il des difficultés à faire tourner le moteur en place (voir ici). L'accord avec Siemens coïncide exactement avec la relance de Bouchehr : qui croira que c'est anodin ?

O. Kempf

samedi 24 janvier 2009

Crise : zone monétaire optimale, euro, déflation et hyperinflation....

La crise qui s'annonce est bien plus sérieuse et radicale qu'on ne le pensait au mitan de 2008. Depuis, les pessimistes ont toujours eu raison. On voit mal comment il pourrait en être autrement, du moins pendant un certain temps. On se reportera à quelques billets du vieil Egea :

sur l'année 2009 : ici

sur la nouvelle bulle : ici

sur le risque keynésien : ici

et surtout, sur la confiance à l'envers : ici

un des plus anciens (30 septembre), sur la crise financière : ici

Ajoutons quelques considérations.

1/ Le bouclier de l'euro vacille. Souvenez-vous des débats d'il y a dix ans qui s'interrogeaient : l'UE est-elle une zone monétaire optimale ? (ZMO). Les analystes américains expliquaient que c'était impossible, quand les politiques disaient "ça ne se fera pas, et si ça se fait, ça ne marchera pas". Or, ça c'est fait, ça a marché, et on a curieusement oublié le débat sur la ZMO. Comme si le débat théorique ne servait plus à rien, puisqu'il était contré par la réalité. Or, une des hypothèses du débat était celle d'un choc asymétrique sur un des pays de la zone.

La crise des derniers mois est, l'avez-vous remarqué, aussi monétaire. Logique, puisque la monnaie, c'est du crédit et de la dette. Quand les banques prêtent, elles créent de la monnaie qu'elles refinancent auprès de la monnaie banque centrale, banque de dernier ressort. Par conséquent, une crise du crédit et de la dette a, mécaniquement, des répercussions sur les monnaies. Soit à coup de dévaluations rampantes (la livre), soit à coup de faillites (l'Islande), sans même parler des sous-évaluations structurelles qui ont porté le miracle chinois, lui aussi manipulé (tout comme les phénomènes de titrisation et de financiarisation de l'économie ont constitué des manipulations : mais on n'est qu'au début de la faillite du 'modèle' chinois).

Oui, mais l'euro ?

Eh bien il va mal, l'euro.

Car la cohésion monétaire implose sous les différentiels de taux entre les pays, validant 'ex post' (comme disent les économistes) les prédictions critiques des opposants de la première heure. A ceci près qu'à l'époque, ces mêmes opposants raisonnaient comme si le reste du système monétaire international demeurait stable, ce qui n'est assurément pas le cas. L'euro vacille parce que tout le monde vacille (livre, dollar, yen, yuan, ...).

Conclusion partielle :

  • 1/ L'euro nous a appris que la volonté politique peut corriger des 'règles' économiques qui s'appliqueraient dans le cas d'un marché parfait. Or, comme chacun sait, le marché n'est pas parfait : cela laisse la place à l'action politique.
  • 2/ Il existe toutefois des cas où la politique ne suffit plus; ou du moins, où les règles usuelles de la politique ne suffisent plus. Pour relancer l'action politique, il faut donc comprendre les nouvelles conditions.

2/ Dette publique, dette privée. Nous avons vu que la crise est d'abord une crise de confiance. Un petit rappel : les billets de banque sont désignés par le terme de monnaie fiduciaire - à laquelle on fait foi-. Pour que le système marche, il faut avoir la foi et croire au système, ou à défaut à son voisin. La crise actuelle est une crise de foi. Une crise de foi économique.

Tout vient donc d'abord de la microéconomie : les acteurs, entre eux, ne se font plus confiance. Le maire d'une petite ville que je croisai cet après-midi me confiait que la moitié des permis de construire déposés étaient annulés, parce que les banques ne prêtaient plus. La contraction du crédit des banques affecte le fonctionnement normal de l'économie. Or, les banques ne prêtent plus à cause d'une augmentation radicale de leur ratios prudentiels (d'allergie au risque). Cela entraine mécaniquement une baisse générale de l'activité, qui peut déboucher au mieux sur une dépression, au pire sur une déflation (baisse continue des prix). Des économistes nous ont dit récemment qu'ils n'y croyaient pas. Fort bien, mais les économistes se sont assez largement trompés ces dernières années pour qu'on puisse douter de leurs oracles (ou du moins, en discuter les motifs) ; or,on a vu une crise du même genre perdurer pendant dix ans, au Japon des années 1990, dont l'effondrement du système bancaire a provoqué une langueur déflatée tout au long de la décennie.

Dès lors, pour apurer les comptes des banques et soutenir l'activité économique, les États dépensent des sommes folles. On passe d'une dette privée, malade, à une dette publique, qui ne l'est pas moins. elle est malade et porteuse de risque pour deux raisons : parce que les prêteurs ont moins d'argent à prêter, puisqu'eux-mêmes pâtissent du ralentissement général ; et parce que la signature des États commence à faire peur (Islande, Hongrie, Grèce, Espagne, États baltes, ...). C'est le risque de faillite massive d'emprunteurs publics qui se fait jour, comme je l'ai signalé déjà. On remarquera au passage que c'est cette question de la signature qui introduit des différences au sein de la zone euro, qui se lézarde, quoiqu'on en dise.

3/ Vers l'hyperinflation ?

Comment en sortir ? Tout d'abord, en acceptant que la purge aille à son terme, ce qui entrainera d'ailleurs des troubles : le syndrome grec risque de s'étendre (voir le cas actuellement en Islande, États baltes, Bulgarie, ...). Ce n'est, malheureusement, qu'un début. A terme, les émeutes sont souvent contenues. Mais après cette période de purge (qui consistera en fait à payer, d'une façon ou d'une autre, les excès de consommation effectués pendant vingt ans), le problème financier demeurera. La seule façon d'en sortir sera, pour les États qui ne trouvent plus à emprunter, de faire marcher la planche à billet. La création monétaire artificielle (c'est-à-dire non gagée par des crédits privés) risque alors de faire passer brutalement d'un épisode de déflation (ou de stagnation continue des prix) à un épisode de radicale hyperinflation.

4/ Repasser d'une économie de patrimoine à une économie de travail En fait, tous ces processus permettront de rééquilibrer le partage des revenus entre le travail et le capital. Bref, on appauvrira artificiellement les patrimoines. Pour une raison simple : ils avaient été artificiellement augmenté. Et on reviendra à un rapport équilibré entre capital et travail.

5/ Pour s'amuser, risquons nous à quelques conseils patrimoniaux : restez éloignés de la bourse, puisque dès qu'elle passera la barre des 3300 (pour le CAC), les gens prendront leurs bénéfices. Faites le gros dos, et endettez vous d'ici deux ans, au début du processus d'hyperinflation. Encore faudra-t-il trouver un établissement qui veuille bien vous prêter pour dix ans....

O. Kempf

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